Retour sur la mobilisation pour la régularisation de Marie, étudiante au Mans : elle vit ici, elle étudie ici, elle reste ici !

Après une mobilisation importante avec notamment deux manifestations rassemblant des centaines de personnes, le mouvement de solidarité avec Marie a enregistré une première victoire le 6 novembre : le tribunal administratif de Nantes a décidé de casser la décision de la préfecture qui avait délivrée une obligation de quitter le territoire français (OQTF) à l'étudiante. La mobilisation doit bien sûr continuer pour la régularisation de Marie, et au-delà pour celle de toutes et tous les sans-papiers.  Nous publions l'intervention de nos camarades Laura (lycéenne) et Yaya (étudiante) au meeting du NPA qui avait lieu le 23 octobre dernier au Mans.

On voudrait revenir sur la mobilisation qui a lieu en ce moment pour la régularisation de Marie au Mans. Marie est une étudiante guinéenne qui a quitté son pays pour maltraitance et pour échapper à une situation sociale difficile. 

Arrivée en France en 2011, elle étudie en sciences à l'université du Mans et c'est même investi syndicalement avec l'UNEF pour défendre les droits des étudiants. Elle est également élue dans les instances de l'université pour les représenter. 

Alors que Marie demande des papiers depuis quatre ans, cet été la préfecture en a décidé autrement, en lui adressant une OQTF : une obligation de quitter le territoire français. Ainsi Marie est contrainte par la préfecture, comme de nombreux autres étudiants étrangers d'arrêter ses études, de quitter ses amis et de laisser sa vie ici pour être renvoyé en Guinée.

L'une des raisons qui a poussé Marie à quitter son pays est également le fait qu'elle y a subi une excision. Elle compte ainsi pouvoir effectuer une chirurgie réparatrice en France. Opération médicale qui ne se pratique pas en Guinée. L'état Français qui se targue souvent d'être le pays des droits de l'Homme, d'être un modèle pour les droits des femmes, aurait pu prendre en compte ses raisons pour laisser Marie étudier ici et pouvoir bénéficier d'une chirurgie réparatrice. Or, il n'en est rien. La préfecture a décrété que sa vie n'était pas en danger, que cette opération n'était donc pas obligatoire, ni même une raison valable pour rester ici, niant ainsi tous les traumatismes que peut engendrer ce genre de mutilation. 

Construction de la mobilisation

Lorsque nous avons appris que la préfecture voulait expulser Marie, avec les camarades du NPA et de l'UNEF le syndicat étudiant, nous avons engagé un mouvement de solidarité. Pour nous, il n'y a pas de fatalité. De la pétition aux manifestations, C'est par la construction du rapport de force et de la mobilisation qu'on peut défendre nos droits et lutter contre les décisions arbitraire de la préfecture. C'est pourquoi nous avons cherché à rassembler toutes les organisations progressistes et toutes les personnes qui étaient prêtes à se mobiliser pour défendre le droit de Marie à continuer sa vie ici. En effet lors de nos actions sur les lycées et la fac, indignation et solidarité ce sont exprimées face à la situation de Marie.

Ainsi, en mobilisant les étudiants, les lycéens et toutes les personnes qui se sentaient solidaires, nous étions 300 en manifestation la semaine dernière dans les rues du Mans pour demander des papiers pour Marie. Vendredi dernier avait lieu le recours au tribunal administratif qui peut casser la décision de la préfecture. Le verdict sera rendu le 6 novembre et nous sommes prêts à continuer la mobilisation s'il le faut pour permettre à Marie de continuer à vivre et étudier ici. 

Le PS fait au pouvoir fait pire que la droite sur la question des sans papier !

Mais pour le NPA, défendre au cas par cas les personnes qui se retrouvent sans papiers n'est pas suffisant. La politique que mène Hollande envers les réfugiés, fermeture des frontières, chasses au sans papiers... est plus répressive que celle sous Sarkozy. Valls se vante même d'être plus efficace que la droite dans ce domaine. Et les chiffres parlent d'eux même : c'est davantage d'expulsion et de reconduite à la frontière qui ont lieu chaque année depuis que le PS est au pouvoir. 

Cela nous montre une fois de plus que les politiciens professionnels qu'ils soient de droite ou socialistes, mène la même politique. Une politique qui n'a de cesse de revenir sur nos acquis sociaux et une politique raciste, une politique pour nous diviser, en désignant des boucs émissaires qui profiteraient du système. Mais qui profite du système aujourd'hui : ceux qui fuient la guerre ou la misère ou les grands groupes capitalistes qui font toujours plus de profit ? 

On voudrait nous faire croire que les réfugiés sont responsables de la crise, qu'il volerait le travail que pourtant personne ne veut faire ici. Mais les réfugiés ne volent le travail de personne. S'il y a du chômage aujourd'hui c'est parce que les grands patrons des multinationales comme à Air France en ce moment licencient à tour de bras et détruisent la vie des milliers de travailleur.

Alors c'est ensemble que nous devons lutter, regrouper nos forces, à l'image de la lutte victorieuse des travailleurs sans papiers qui en 2009 ont mené une grève exemplaire en région parisienne. Durant presque un an c'est 6 000 sans papiers travaillant dans les secteurs les plus exploités tel que la restauration, le secteur du bâtiment, du nettoyage, qui ce sont regroupés pour obtenir leur régularisation et ainsi défendre leurs conditions de travail. Leur lutte est celle de l'ensemble des travailleurs. En effet, pour les capitalistes, une main d’œuvre sans papiers et donc sans droit est corvéable à merci et permet de tirer l'ensemble des salaires et des conditions de travail vers le bas. Alors avec ou sans papiers la force des travailleurs c'est la grève. 

Le reflet d'une politique impérialiste

Si aujourd'hui, tant de gens fuient la guerre et la misère c'est bien souvent le produit du colonialisme des pays du nord. Et l’État Français de François Hollande n'en fait pas moins que lorsque Sarkozy était au pouvoir. Intervention militaire au Mali, en Centrafrique, en Syrie, sous prétexte d'aider les populations mais en réalité toujours pour défendre les intérêts de l’État français (et de ses multinationale). De même, les convictions féministes du gouvernement sont bien loin quand il vend des armes au Qatar ou en Arabie saoudite. C'est toujours les intérêts financiers qui priment sur nos vies !

En conclusion

Pour le NPA, parce que les être humains ont toujours été des migrants afin de vivre dans des conditions meilleures, nous sommes pour l'ouverture des frontières et la liberté de circulation.

Parce que nous sommes féministes et que nous défendons le droit des femmes à disposer de leur propre corps, nous demandons l'accueil des femmes persécutées en particulier pour celles qui ont subi des mutilations comme Marie et le droit à pouvoir bénéficier gratuitement d'une chirurgie réparatrice.

Parce que pour nous il n'y a pas de division possible entre les réfugiés qui fuient la guerre ou ceux qui fuient la misère dont nos pays impérialistes sont les premiers responsables et parce que le dérèglement climatique va provoquer de nouvelles migrations nous demandons la régularisation de tous les sans papiers.

Parce que les jeunes et travailleurs de tous les pays ont plus d'intérêts communs entre eux qu'avec leurs patrons, parce que les frontières sont l'arme des capitalistes pour mieux nous diviser, pour Marie et tous les autres, mobilisons nous !  

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