AG interprofessionnelle de Saint-Denis (93) : convergence et auto-organisation

Jeudi 28 avril, 6 heures du matin : une foule beaucoup plus nombreuse que d’habitude s’est massée sur les quais du métro Mairie de Saint-Ouen. En effet, plus de 200 personnes se sont réunies ici à l’appel de la commission action de l’assemblée générale interprofessionnelle de Saint-Denis. Trente minutes plus tard, après quelques consignes passées par les responsables, les 200 grévistes étaient au Port de Gennevilliers.

L’objectif était de paralyser pendant quelques heures l’activité de ce centre économique de la région parisienne. Rapidement, les CRS se sont déployés. Les manifestants sont restés une heure environ, puis se sont dirigés à nouveau vers le métro, pour reprendre la direction de Saint-Denis. Arrivés à Porte de Paris, ils ont été pris dans une nasse, les CRS ont gazé et matraqué, une centaine de manifestants ont été interpellés, deux ont été mis en garde à vue et sont passés en comparution immédiate le lendemain… Aussitôt, la solidarité s’est organisée : un rassemblement a été convoqué devant le TGI le lendemain, qui a réuni environ 200 personnes et obtenu la libération sous contrôle judiciaire des deux camarades.

Si le pouvoir s’est autant attaché à réprimer cette action, c’est sans doute parce que l’AG interpro de Saint-Denis, bien qu'encore trop fragile et limitée, est un exemple à suivre pour poursuivre et étendre le mouvement contre la loi El Khomri. La première AG interpro s’est réunie le 31 mars, à l’appel des unions locales CGT, FO et Solidaires. L’AG interpro prend racine dans une longue tradition de luttes de la ville : en 2010, déjà, une interpro s’était réunie régulièrement ; depuis 2013, plusieurs mouvements avaient eu lieu dans l’éducation à Saint-Denis, avec à chaque fois la convocation d’AG de villes réunissant les différents établissements.

Un outil pour la lutte 

Cette première AG interpro du 31 mars avait été un succès, puisqu’elle avait rassemblé 150 personnes : surtout des agents de la fonction publique ou des étudiants, mais tous déterminés à lutter pour le retrait de la loi. Les AG suivantes, à l’image du mouvement national, ont réuni un peu moins de monde, mais tout de même 80 personnes le 5 avril, et l’AG a continué à se tenir pendant les vacances, permettant l’organisation d’actions comme celle du 28 avril. La force de cette AG est qu’elle a toujours tenté de faire le lien entre les différentes luttes locales existantes et le mouvement national contre la loi El Khomri. Ainsi, lorsque les salariés/es de la maison de retraite « Les lauriers nobles » se sont mis en grève, l’interpro a tout de suite organisé le soutien en faisant tourner une caisse de solidarité, en appelant à aller soutenir les salariés devant le piquet de grève… De même, Saint-Denis concentrant un nombre important d’entreprises, des diffusions de tracts ont été effectuées en direction des travailleuuses et travailleurs de ces entreprises, avec toujours la volonté de chercher à faire simple, à se faire comprendre, en expliquant comment il était possible de se mettre en grève…

La volonté est vraiment d’associer les différents secteurs en lutte pour les faire converger grâce au mouvement en cours contre la loi Travail. Ainsi a eu lieu à Saint-Denis, le matin du 1er mai, une manifestation pour fédérer à nouveau les différents secteurs en lutte.

Aurélien Perenna

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