Santé : la colère gronde, mais les directions syndicales démobilisent les travailleurs


Les politiques de coupes budgétaires touchent tous les services publics, y compris celui de la santé. Les salariés de ce secteur ont souvent courbé l’échine, en raison notamment d’une certaine pression idéologique propre à leurs métiers, qui a tendance à culpabiliser les personnels de santé. Cependant, à force de prendre sur eux-mêmes, plusieurs collègues qui subissaient tout particulièrement les conséquences de l’exploitation ont mis fin à leurs jours. 

Les nouvelles politiques managériales entrées en vigueur dans la santé ont conduit à une situation où les salariés perdent totalement le sens de leur travail, dans un domaine où l’on ne gère pas des produits ni des machines, mais de l’humain. Cette aliénation du travail est vécue comme une aberration par des femmes et des hommes qui ont choisi de faire ce métier avec l’engagement fort de prendre soin des autres. 

Si l’on en croit les projets du PS ou de LR, le pire est encore à venir. Le gouvernement prévoit la suppression de 22 000 postes dans la santé d’ici 2017. Cette politique s’accompagne de réformes structurelles, qui visent à réaliser des économies d’échelle et des réorganisations d’établissements par la mise en place des groupements hospitaliers de territoires (GHT). L’avènement des GHT correspondra à la création de grands pôles de santé chapeautés par un établissement majeur. Sous prétexte de mutualiser les moyens, cela permettra en fait de fermer des services ou des spécialités à l’échelle d’un territoire. Et tant pis pour la proximité des soins !

Les Républicains ne sont pas en reste avec leur candidat Fillon, qui poursuit l’objectif de 20 milliards d’économies dans la santé par la restriction de la prise en charge de l’assurance maladie aux seules affections graves et de longue durée ; les assurances santé privées se concentreraient sur le reste, ce qui entraînerait alors une flambée de leurs tarifs. Fillon menace également de faire passer le temps de travail de 35 à 39 heures à l’hôpital, ainsi que de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires dont une bonne partie appartiennent à la fonction publique hospitalière. À l’heure d’une médecine à deux vitesses, ce ne sont pas les riches qui patientent aux urgences des heures durant… 

Du 8 novembre… 

Dans ce contexte, la journée de grève du 8 novembre était attendue par de nombreux soignants en colère ; elle a été une réussite, avec plusieurs dizaines de milliers de collègues qui y ont participé dans toute la France. Cette mobilisation avait été défendue à la fois par l’intersyndicale CGT-FO-SUD et par un collectif de 18 organisations d’infirmières et infirmiers salariés, libéraux et étudiants. 

Malgré l’éclatement corporatiste, les autres dates de mobilisation en novembre ont exprimé une volonté des « blouses blanches » de continuer. Le 17 novembre, les infirmières scolaires défilaient contre un risque d’externalisation de leur service. Et le 24, les IADE (infirmières anesthésistes) manifestaient pour une meilleure reconnaissance de leur spécialité. 

… au 7 mars ?

Suite à ces journées d’action, l’intersyndicale réunie le 15 décembre a appelé à une mobilisation d’ampleur le... 7 mars 2017. Personne ne peut sérieusement croire qu’une journée de mobilisation tous les six mois, ce sera suffisant pour faire renoncer à ses mauvais coups le gouvernement actuel ou le suivant. 

Si les nombreuses batailles isolées – qu’elles soient par service ou par établissement – sont parfois victorieuses, il faudra autre chose pour faire reculer les capitalistes : une véritable « marée blanche ». La politique des directions syndicales étant loin d’être à la hauteur des enjeux – c’est le moins qu’on puisse dire –, les travailleurs de la santé devront construire des cadres démocratiques d’organisation, qui dépassent les organisations syndicales. Et si par certains aspects, le 8 novembre a pu rappeler le mouvement de grève des infirmières de 1988, il faut reprendre les ingrédients qui avaient conduit celui-ci à la victoire : une mobilisation massive durant 7 mois, des assemblées générales dans chaque établissement mandatant des déléguées en coordination nationale, pour un mouvement qui aille jusqu’au bout ! 

Hugo Perlutti

DU 1er AU 15 JANVIER 2017 : 
78 HÔPITAUX, CLINIQUES, EHPAD, ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ... EN LUTTE, GRÉVE, DÉBRAYAGE, DROIT D'ALERTE, MANIFESTATION, PÉTITION... 
Dont au moins 11 sont en grève depuis un mois ou plus 

CHRU Besançon Gériatrie
CHRU Bordeaux Centre de régulation Samu
CHU Angers Urgences
CHRU Clermont Ferrand Service paramédical Urgences. 80 jours de grève
CHU Le Mans
CHRU Toulouse Orthoptistes
CHRU Rennes Urgences.
CHU Tours Gynécologie
CHRU Lille Bureau des entrées
Hôpital de Dax
Hôpital de Morlaix
Hopital Béclère à Clamart. Plus d'un mois de grève
Hôpital Lens
Hôpital Aurillac
Hôpital de Rodez. 3 mois de grève
Hôpital Avicenne Bobigny en grève depuis 2 mois
Hôpital Jean Verdier Bondy en grève depuis plus de 5 semaines
Hôpital René Muret Sevran en grève depuis presqu'un mois
Hôpital Le Mans
Hôpitaux Saint Maurice
Hôpital St Benoit Menni St Brieuc
Hôpital Dreux
Hôpital Chartres en grève depuis 14 jours
Hôpital Chinon
Hôpital Pontoise
Hôpital Clermont Oise
Hôpital Henry Gabrielle Hôpital Bourges (Gironde)
Hôpital Psyhiatrique Auch
Hôpital Hôtel Dieu
Hôpitaux Lannemezan
Hôpital Pessac Haut leveque
Hôpital Villeneuve de Berg en grève depuis 6 semaines
Hôpital Villedieu les Poeles Manche
Hôpital Roanne. Bloc opératoire
Hôpital Châlons
Hôpital Falaise
Hôpital Juvisy
Hôpital St Jean de Dieu Dinan
Hôpital Castellucio
Hôpital du Blanc Indre
Hôpital Pithiviers
Hôpital Clocheville Neonatologie Un mois de grève
Hôpital Maternité St Jean d'Angély
Maternite St Affrique
Maternité Milla
Maternité Decazeville
Maternité Tenon 1 mois et demi de grève
Maternité Bluets Paris
Clinique l'Ormeau Tarbes Fin de la grève après 64 jours
Clinique Augustines
Clinique Saint Joseph La Réunion
Clinique de la Paix Saint Benoit 1 mois de grève
Clinique de la Sagesse Rennes
Ehpad Wattrelos 1 mois de lutte
Ehpad Belle de mai
Ehpad la Vigne
Ehpad Hôpital Roubaix
Ehpad Bohars
Ehpad Jeanne d'Arc St Quai Portrieux
Ehpad les Parents
Ehpad St Jean du Bois
Ehpad Plouescat
Ehpad Segonzac
Ehpad Oisseau
Ehpad Albizzias
Ehpad Jardins du Mazet Fos sur Mer
Ehpad Amitiés d'Armor
IME les Genêts d'Or
Centre hélio marin St Vincent
Maison Saint Michel Liffre
Centre Saint Vincent Lannouchen
Don Bosco Landerneau
Centre 4 Vaulx les Mouettes St Cast le Guildo
Maison d'accueil spécialisée de Chavannes
Centre de ré-éducation St Hellier
Rennes Etudiants dentistes dans 8 facultés Médecins généralistes
Charente en grève des gardes de nuit depuis 9 mois

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