Enfants d’ouvriers et d’immigrés en lutte pour le droit d’étudier

Depuis la rentrée 2018, avec l’instauration de Parcoursup, la sélection à l’entrée de l’université s’applique de la Licence au Master, laissant sur le carreau des centaines d’étudiants recalés de l’enseignement supérieur. De la même façon que nous nous sommes battus contre cette réforme, il est aujourd’hui indispensable de nous battre contre les conséquences concrètes de son application. Cette année, les camarades d’Anticapitalisme & Révolution prennent part aux campagnes syndicales et aux mobilisations pour l’inscription des « sans-facs » dans les universités de Nanterre, Lyon, Grenoble, Lille et du Mans. 

Se battre pour le droit aux études ! 

Depuis les résultats du baccalauréat, des campagnes syndicales se déclinent dans plusieurs universités pour réussir à inscrire les laissés-pour-compte de la sélection. Partant d’objectifs concrets, ces campagnes mettent en lumière le lien qui existe, d’une part, entre la restructuration de l’enseignement supérieur et de la recherche, et d’autre part, la sélection, la hausse des frais d’inscriptions et le manque de moyens. 

La majorité des étudiants « sans-facs » sont des jeunes de milieux défavorisés, des quartiers populaires, filles et fils d’ouvriers et d’employés, ou des étudiants étrangers. Ce sont eux que la bourgeoisie ne veut plus voir sur les bancs de l’université. Alors se sont de véritables bras de fer qui s’engagent avec les présidents de fac pour obtenir un droit élémentaire, celui de pouvoir étudier ! Des assemblées générales de « sans-facs » et de leurs soutiens se sont mises en place afin d’organiser la lutte collectivement. Les présidents, notamment à Grenoble, se retranchent derrière l’argument de l’application de la loi pour refuser toute négociation. 

Depuis la rentrée de septembre, de nombreuses actions d’interpellations, d’envahissements et de blocages ont été menées. Ces actions ont permis de mettre une pression sur les présidences pour obtenir de vrais rendez-vous de négociations et des inscriptions. 

À Lyon, des inscriptions ont pu être obtenues suite à l’envahissement du Conseil d’administration par les « sans-facs ». Les militants ont voulu faire un rapprochement entre la campagne des « sans-facs » et le contexte de coupes budgétaires : la fac a voulu supprimer des TD au prétexte qu’il n’y a pas assez d’étudiants inscrits ! D’un côté, la présidence de l’université a soutenu que pour le bien des élèves, il était impossible d’inscrire davantage d’étudiants, car les TD étant complets, cela risquait d’entraîner de mauvaises conditions de travail pour les étudiants et les professeurs… Mais de l’autre côté, cette même présidence ferme des TD en les faisant passer de 27 étudiants à plus de 40 ! 

Une escalade répressive pour arrêter les mobilisations des « sans-facs »

Depuis plusieurs années, les présidents d’université essaient de faire taire les militants des campagnes de « sans-facs » et exercent une pression pour faire cesser toute contestation de la sélection. Lors d’un déplacement à Grenoble de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, pour le lancement d’un partenariat entre les facs et les start-ups, le collectif des « sans-facs » est venu l’accueillir. Les militants ont été arrêtés par des CRS qui leur ont confisqué leurs mégaphones pour les empêcher de prendre la parole ! 

À Nanterre, le président de l’université Jean-François Balaudé s’enferre dans une attitude jusqu’au-boutiste, refusant toute négociation et franchissant un cap indigne dans l’escalade répressive. Cette présidence a de plus en plus recours à la police et aux sanctions pour arrêter toute contestation. Quatre militants et soutiens des « sans-facs » ont été menacés par la présidence de poursuites judiciaires et disciplinaires suite à l’occupation de la tour administrative pendant 53 heures et au blocage d’un Conseil d’administration. Après La présidence montre sa vraie nature en refusant d’inscrire les « sans-facs » et en réprimant la mobilisation pour le droit à l’éducation, alors que par ailleurs, elle laisse se développer en toute impunité une association étudiante d’extrême droite, « la Cocarde », qui tente de s’implanter sur la fac. Dans un contexte d’élections étudiantes tendues, la présidence de la fac a clairement fait son choix : s’attaquer aux militants de l’UNEF-Tacle – tendance dans laquelle les militants du courant A&R interviennent –, à ceux qui défendent des idées progressistes d’égalité d’accès à l’enseignement supérieur. C’est un signal d’encouragement qui a été donné aux militants d’extrême droite de la Cocarde pour développer leurs discours racistes et réactionnaires, désormais suffisamment sûrs d’eux pour s’attaquer physiquement à nos camarades et aux « sans-facs ». 

Ils ne lâcheront rien, la lutte continue ! 

La campagne se poursuit à Nanterre ; au niveau national, plus d’une centaine d’étudiants ont déjà pu être inscrits, grâce à l’organisation et à la force collective de la mobilisation. La campagne des « sans-facs » est une démonstration de force de la jeunesse qui se bat pour son avenir. Ces petites expériences locales ont permis à un certain nombre de jeunes de faire leurs premières expériences de lutte et de mobilisation collective, qui seront très utiles pour préparer les prochaines batailles. 

Marine Azua 

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