Réussir une manifestation nationale des salariés et de la jeunesse...

... pour s’opposer au gouvernement sur un terrain de classe et contester l'omniprésence dans la rue de la droite et de l'extrême droite. 

Au lendemain du dernier CPN, Olivier Besancenot a lancé dans les médias l’idée d’organiser un « week-end de révolte de gauche ». Même si nous ne pouvons que regretter que cette proposition n’ait pas été faite durant la réunion de CPN pour en élaborer collectivement les contours, cette initiative a une certaine pertinence et pourrait constituer un point d’appui pour permettre à notre camp social de reprendre l'offensive, à condition d'en définir le contenu et en préciser les objectifs.

Face à la politique ouvertement pro-patronale du gouvernement Hollande qui s’attaque de manière violente aux salariés, seule la droite la plus réactionnaire et l'extrême droite se font pour le moment entendre et apparaissent crédibles pour contester le gouvernement. Cette situation n’est pas due à ce que serait une irrémédiable atonie des travailleurs. Les directions syndicales en portent l'essentiel des responsabilités car elles sont paralysées depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, refusant d’organiser la moindre bataille contre la réforme des retraites ou le pacte de responsabilité et s’opposant aux foyers de contestation les plus actifs comme en Bretagne. 

Dans cette situation, il est nécessaire et juste que notre organisation, et au-delà toutes les organisations qui ne soutiennent pas le gouvernement, cherchent à prendre des initiatives politiques pour tenter de faire émerger une contestation du gouvernement par notre camp social. C’est d’ailleurs ce même problème que nous cherchions à surmonter avec l’idée d’une manifestation nationale contre les licenciements depuis quelques mois. 

Ce que nous défendons c'est une intervention directe des travailleurs et des jeunes sur la scène politique et sociale. Force est de constater que celle-ci n'est pas organisée par les directions syndicales, et même si la journée interprofessionnelle de grève et de manifestation du 18 mars est désormais inscrite dans le paysage, on en voit bien d'ores et déjà toutes les limites puisqu'elle n'est pas centrée sur le retraite du pacte de responsabilité et le refus du "dialogue social". 

Dans ce contexte, où les luttes sociales sont à la fois nombreuses et dispersées voire désordonnées, une initiative centrale de contestation du gouvernement et en opposition à la déferlante réactionnaires et raciste pourrait certainement rencontrer un écho. La réussite des manifestations pour la défense de l’IVG en témoigne. La participation a largement dépassé les réseaux féministes habituels. Elles ont été vécues comme un moyen de mettre en lumière le camp adverse des manifs contre le mariage pour tous.

Après les différentes rencontres unitaires, et malgré tous les calculs que peuvent faire le PG ou le PC, profondément divisées entre eux, une brèche est ouverte pour faire exister une telle initiative, le samedi 12 avril, qui pourrait permettre une première réaction de notre camp social face au gouvernement PS-MEDEF et aux réac et il faut donc s’y engager. Mais pour qu’elle remplisse ce rôle il faut en préciser les contours. 

Cette initiative doit faire émerger l’idée que le seul moyen de stopper la politique du gouvernement est l’intervention directe des travailleurs sur le terrain de la lutte des classes. Cette initiative ne peut donc pas s’articuler autour de l’idée d’une opposition de gauche comprise comme un gouvernement de rechange plus à gauche que le PS comme avait pu être comprise la manifestation initiée par Mélenchon le 5 mai dernier. Pour cela, il faut préciser l’initiative dans le sens d’une manifestation nationale et non d’un « week-end » de colère de gauche, qui au-delà de la formule "chic et choc", reste pour le moins abstrait .

Il faut aussi que la mobilisation pour cette manifestation dépasse le simple cartel d’organisations politiques, notamment celles du Front de gauche. Il faut que des équipes syndicales combatives, des salariés en lutte s'en saisissent, comme un moyen de se regrouper et d’exprimer leur colère. En plus des adresses lancées aux différentes organisations à la gauche du PS et aux rencontres qui s’organisent avec elles, nous devons lancer des adresses spécifique à ces équipes ou salariés en lutte. Il faut que le CE dégage du temps pour les rencontres avec les composantes du Front de gauche, mais il doit aussi dégager du temps pour discuter d’une telle initiative avec les différentes équipes de salariés qui pourraient s’y intéresser. Il faudrait prévoir non seulement des rappels téléphoniques des ces boîtes ou équipes mais aussi qu’Olivier Besancenot et Philippe Poutou se déplacent pour aller discuter de cette proposition avec eux.

Réussir à faire venir dans la rue le 12 avril à Paris, plus de monde que n'en mobilisera une nouvelle fois la nébuleuse "Jour de colère" qui appelle à des manifs partout en France le week-end du 5 avril est un pari dont les enjeux sont très importants et il s'agit donc de mettre toutes les chances de notre côté. Pour nous, cela est indissociable d'une complète liberté d'action et d'expression vis-à-vis des organisations du Front de gauche et de la mise en avant de revendications précises qui expriment les intérêts du monde du travail et de la jeunesse. Et surtout cette manifestation doit s'inscrire dans un plan plus général de mobilisations et être conçue comme une première étape dans la reprise de confiance de notre camp social et non comme une fin en soi, permettant aux leaders politiques du Front de gauche de se faire mousser entre les élections municipales, où ils seront divisés et les élections européennes où ils seront ensemble.

Lettre d'information du courant n° 3
25 février 2014