Une nouvelle situation s'est ouverte après deux ans de gouvernement de Hollande et du Parti socialiste. Face à l'exacerbation de la crise, au discrédit général de la gauche, à la désorientation et à la confusion croissantes, le rôle du NPA est plus important que jamais. Il pourra relever le défi si nous sommes capables de nous accorder sur un positionnement anticapitaliste et révolutionnaire, totalement indépendant et opposé à la politique institutionnelle-bourgeoise.
En ce sens, quelques points d'accord sont nécessaires : défendre une orientation de front unique pour les luttes, mais refuser tout front politique et électoral avec les courants réformistes du Front de gauche ; centrer notre activité sur le développement des mobilisations et de l'organisation des travailleurs et de la jeunesse, en tout premier lieu dans les entreprises ; comprendre et affirmer qu'une alternative politique, une perspective gouvernementale qui serait au service des exploités et des opprimés, ne pourront surgir qu'en dehors des institutions, sur le terrain des luttes ; construire pour cela un parti pour la révolution : plus délimité stratégiquement, plus militant, mieux implanté dans la classe ouvrière et la jeunesse, qui regroupe les meilleures traditions des courants anticapitalistes et révolutionnaires et défende en conséquence la perspective de l’unité des révolutionnaires.
I/ A l'échelle internationale : une offensive générale du capital et des révoltes de masse, mais qui restent encore sans perspective
1. La poursuite de la crise économique mondiale entraîne deux types de conséquences. D'un côté, alors que la concurrence et les rivalités inter-capitalistes et inter-impérialistes s'intensifient, les bourgeoisies aggravent leur offensive contre les classes populaires afin de défendre ou rétablir leurs taux de profits. De l'autre, depuis l'irruption des révolutions arabes, des mobilisations et parfois des révoltes de masse touchent la plupart des régions du monde (État espagnol, Bosnie, Turquie, Brésil, etc.). L’instabilité économique et politique qui domine offre aux marxistes révolutionnaires des possibilités d’influer sur la situation et de réaliser des percées, tout en leur conférant de très grandes responsabilités.
2. Leur rôle est en effet d'autant plus important dans la situation de confusion politique et idéologique qui règne dans le camp des exploités. Les grands mouvements de lutte, révoltes voire révolutions ont pour caractéristique commune de n'avoir ni direction claire, ni objectif un tant soit peu défini de transformation sociale : les masses en lutte savent ce dont elles ne veulent plus, mais pas par quoi remplacer l'existant. Cette carence permet aux bourgeoisies de garder le contrôle de la situation et de poursuivre leurs attaques. Cela génère aussi, par endroits, des processus de décomposition favorisant l'émergence de mouvements ultra-réactionnaires voire fascistes ou fascisants.
3. L'Europe est le maillon faible de la chaîne capitaliste-impérialiste. D'abord parce que les travailleurs de la plupart des pays centraux, dont la France, y conservent des acquis de la période précédente, qui handicapent le capital dans sa course à la rentabilité maximale : d'où les politiques gouvernementales visant à réduire brutalement les salaires et les droits sociaux. Ensuite du fait des contradictions de l'Union européenne et de la zone euro, constructions bancales qui ne parviennent pas à unifier les intérêts et les politiques bourgeoises : de fait, l'UE et la zone euro se réduisent de plus en plus à des machines de guerre contre les classes populaires – et sont de plus en plus perçues comme telles.
4. Les salariés et les secteurs populaires sont globalement à la défensive. Leur capacité de résistance sur les lieux de travail est affaiblie par les politiques de restructuration productive permanente, et ils restent sans solution face à l'adaptation croissante au néolibéralisme et à la crise de leurs vieilles organisations, politiques et syndicales. Ils n'ont jamais cessé de lutter mais, jusqu'à présent, les expériences de lutte et les processus de radicalisation n'ont pas pu se cristalliser de façon durable dans de nouvelles organisations de classe et de masse. Parvenir à faire des pas dans ce sens est dans la période actuelle un enjeu fondamental. C'est possible comme le montrent certaines luttes (grève à La Poste dans les Hauts-de-Seine, mouvement des intermittents...) qui ont permis, même à petite échelle, une accumulation d’expériences positives par des groupes de travailleurs. La reconstruction du mouvement ouvrier sur le plan de l'organisation et des idées, le développement d'une force politique anticapitaliste et révolutionnaire sont deux tâches interdépendantes qui ne peuvent être menées que de front.
II/ Crise sociale et politique, effondrement du PS et menace de l'extrême droite, potentiel des luttes par en bas
5. Pour le capital, la fonction du gouvernement Hollande-Valls est de faire le sale boulot que Sarkozy n'avait qu'esquissé, de façon à résoudre le différentiel de compétitivité dont le capitalisme français souffre vis-à-vis de ses principaux concurrents : en bref, égaler ce que Schröder avait accompli en Allemagne il y a dix ans. Le coming out néolibéral de Hollande, son alliance scellée avec le Medef et la formation des gouvernements Valls 1 et 2 ont accéléré cette orientation, présente dès le début du quinquennat. Le corollaire est la rupture, de plus en plus massive et profonde, des classes populaires avec le gouvernement et le Parti socialiste. C'est ce processus qui a été à l'origine de la crise gouvernementale de la fin août 2014, et qui est l'un des facteurs déterminants de la crise politique en cours.
6. D'où la prise de distance d'alliés du PS (secteur d'EELV autour de Cécile Duflot) et l'apparition du phénomène dit des « frondeurs », plus ou moins soutenus par Martine Aubry. Leurs critiques restent limitées et inconséquentes, même du point de vue bourgeois néokeynésien au-delà duquel ils ne vont pas. Ils continuent aujourd'hui à défendre Hollande et le gouvernement, en tentant de se poser comme un recours, interne au Parti socialiste. Mais leurs positionnements futurs dépendront aussi des rythmes d'évolution de la crise.
7. La crise concomitante et persistante de l'UMP fait que c'est le dispositif traditionnel de domination politique de la bourgeoisie, basé depuis 1981 sur l'alternance droite-gauche, qui est également entré en crise. Ébranlée comme le PS par les scandales, écartelée entre les ambitions de ses différents « présidentiables », l'UMP peine à trouver sa place face à la pression du Front national d'un côté, à la droitisation du PS de l'autre. A la rupture des classes populaires avec le PS s'ajoute, au niveau de l'ensemble de la société, une désillusion et un rejet croissants envers la politique et les partis, qui commencent à toucher les institutions du pouvoir d’État.
8. Réceptacle d'un vote-sanction anti-système et anti-UE, le FN est le principal bénéficiaire de cette situation. Pour autant, il n'est jusqu'à présent pas parvenu à construire un appareil politique à la hauteur de ses succès électoraux, le système majoritaire à deux tours constitue toujours pour lui un verrou et, surtout, tous les secteurs du grand capital lui restent hostile du fait de son opposition à l'UE et à l'euro. Si une bonne part de sa direction a une origine fasciste, le FN suit une stratégie électorale et institutionnelle, en s'efforçant d'éviter tout affrontement physique au mouvement ouvrier. Son positionnement politique, « ni droite ni gauche », populisme et nationalisme anti-UE, est celui de la plupart des formations d'extrême droite en Europe. Produit de l'affaiblissement du mouvement ouvrier, la progression de ces idées pourrait handicaper durablement la capacité des classes populaires à s'organiser de façon indépendante. La lutte contre le FN doit donc s’organiser autour de la dénonciation de son caractère pro-capitaliste et réactionnaire, la démonstration que loin d’être « anti-système » il est le pire ennemi des travailleurs et des opprimés. Dans le même temps, des mesures de protection du mouvement ouvrier et social sont nécessaires face aux groupes fascisants violents qui gravitent autour de lui. Les initiatives d’auto-défense contre l’extrême droite, pour avoir un sens, doivent cependant être prises en charge par des secteurs réels de la jeunesse et de la classe ouvrière.
9. Après s'être divisé lors des municipales sur ses rapports au PS et donc au gouvernement, le Front de gauche est mal en point. Sa dynamique initiale semble épuisée et il se retrouve aujourd'hui écartelé entre deux orientations. Celle de la direction du PCF, qui pour défendre ses dernières positions électives reste collé à la « gauche » et vise à une nouvelle Union de la gauche avec les « frondeurs » et les Verts. Et celle impulsée par Mélenchon, pour qui « le système n’a pas peur de la gauche, il a peur du peuple » : le chef du PG mise sur l'émergence en France d'un mouvement de type Podemos – sans comprendre que celui-ci a émergé dans un contexte de luttes de masse, menées malgré et contre les directions traditionnelles politiques et syndicales –, tout en se posant plus que jamais comme l'homme providentiel ; ce faisant, il ne rompt pas avec une stratégie électorale et institutionnelle, dans le cadre de laquelle continue à se situer sa proposition d'une « Constituante ». Quelle que soit son issue, il est important de comprendre que la crise du FdG ne signifie pas la fin du réformisme antilibéral, qui a des racines plus profondes dans la conscience « spontanée » de larges masses et pourrait, à l'avenir, rebondir ou resurgir sous d'autres formes.
10. Par-delà les divisions entre « réformistes » et « contestataires », toutes les directions syndicales se sont jusqu'à présent situées, peu ou prou, sur le terrain du « dialogue social » avec le patronat et le gouvernement. Mais les contradictions sont manifestes au sein de la CGT, en proie à des tensions récurrentes entre la ligne officielle, sur le fond collaborationniste, et des secteurs militants ainsi que de l'appareil qui veulent en découdre avec le patronat et le gouvernement ; de Solidaires, où les dynamiques d'institutionnalisation progressent mais se heurtent aux aspirations et traditions de nombre de militants ; ou encore de la FSU, où ces dynamiques sont plus anciennes et davantage consolidées.
11. Les luttes ouvrières et populaires en France se situent encore en retrait par rapport à celles d'autres pays européens, en particulier du sud. Elles constituent pourtant le seul facteur capable de débloquer la situation dans un sens favorable aux salariés. Ainsi, au printemps et à l'été 2014, après une séquence électorale marquée par les victoires de la droite et de l'extrême droite, les mouvements de la SNCF, des intermittents, de La Poste, ainsi que la mobilisation en solidarité avec Gaza avaient sensiblement modifié le climat politique. Depuis la défaite du mouvement de 2010 en défense des retraites, le mouvement social était resté relativement atone – même si des luttes s'étaient poursuivies, en particulier contre les fermetures d'entreprises et les licenciements. Les dernières luttes pourraient annoncer un changement dans un sens plus favorable : c'est un enjeu essentiel du moment actuel, et le NPA doit tendre toutes ses forces vers cet objectif.
III/ Construire une alternative ouvrière et populaire à Hollande-Valls et à tous les gouvernements patronaux, en multipliant les expériences de lutte
12. Face à la crise sociale et politique, au discrédit de tous les partis, qui s'étend aux institutions du régime, notre stratégie est de développer et organiser les luttes contre le Medef et le gouvernement, en construisant sur cette base une alternative ouvrière et populaire à tous les gouvernements et projets patronaux. Une telle alternative ne pourra surgir qu'en dehors et contre les institutions et les forces politiques établies. C'est pourquoi le NPA se doit de garder une complète indépendance politique vis-à-vis des courants réformistes – aujourd'hui regroupés dans le Front de gauche – qui agissent dans un tel cadre. Cela exclut des fronts politiques permanents et des accords électoraux avec leurs directions.
13. Il s'agit de transformer le rapport des forces en multipliant les expériences de lutte, et en travaillant à leur convergence et leur coordination. Pour cela une politique de front unique est nécessaire, mais l'unité ne doit jamais se faire au prix des revendications du mouvement. Les luttes récentes ont montré que pour gagner, l'auto-organisation (assemblées générales souveraines, structures de coordination, comités de grève associant syndiqués et non syndiqués) devient un facteur de plus en plus incontournable. Si des tactiques d'adresse aux organisations et directions politiques ou syndicales sont justes, elles ont pour objectif de mettre en mouvement notre classe, de lui donner confiance et de déborder les directions réformistes. Notre axe permanent et primordial est l'organisation des travailleurs et des secteurs populaires par en bas.
14. Nous mettons en avant un programme d'action anticapitaliste, social et écologique, qui part des revendications les plus ressenties pour mettre en cause la propriété privée capitaliste. La première nécessité est de bloquer les attaques gouvernementales et patronales qui se développent sur tous les terrains. A la baisse des salaires, nous opposons leur augmentation générale ; si les prix augmentent, les salaires et les pensions doivent suivre. Aux attaques contre l'emploi, l'interdiction des licenciements, la réquisition des entreprises qui ferment ou licencient, la répartition du travail disponible entre toutes et tous, sans flexibilité ni baisse des salaires. Aux multiples atteintes à l'environnement, aux pollutions industrielles et aux « grands projets inutiles », le droit des classes populaires à vivre aujourd'hui et demain dans une nature préservée, sans danger pour leur santé. A la stigmatisation des immigrés, la régularisation des sans-papiers et l'égalité des droits sociaux et politiques. Face au chantage à la dette qui sert de justification aux politiques d'austérité, nous défendons l'annulation des dettes publiques. Arracher ces revendications impliquera de remettre en cause le pouvoir économique de la bourgeoisie, à travers l'expropriation et la socialisation des grands groupes industriels, de services et financiers, la constitution d'un monopole public bancaire sous le contrôle des salariés et de la population.
15. Le rejet croissant des gouvernants, des partis et des institutions politiques, de la politique elle-même telle qu'elle apparaît aux yeux des secteurs les plus larges, implique de compléter ce programme d'un versant démocratique radical. Nous défendons l'abolition de la fonction présidentielle, une assemblée unique élue à la proportionnelle intégrale, la limitation dans le temps des mandats électifs, la révocabilité des élus, leur rémunération à un niveau égal au salaire d’un ouvrier qualifié, et une démocratie qui ne s'arrête pas à la porte des entreprises – face à des patrons qui licencient, ferment et délocalisent, les travailleurs doivent avoir accès aux comptes des entreprises, pouvoir tout vérifier et contrôler.
16. Tous ces objectifs seront cependant impossibles à atteindre sans le développement de très grandes mobilisations. Les campagnes électorales où les salariés sont atomisés, consultés individuellement et où la bourgeoisie finance massivement les partis qui la défendent, avec des médias à leur service, ne peuvent pas constituer un vecteur d'émancipation. Faire plier la bourgeoisie, défaire toutes ses attaques et ouvrir une autre voie impliquera un mouvement d'ensemble, du type des grèves générales de Juin 36 et Mai 68, dans lequel les travailleurs pourront prendre conscience de leur force et de leur capacité collective à changer la société.
17. Dans les organisations syndicales, où la première exigence à porter est celle de la rupture avec la politique de « dialogue social », la construction d'oppositions et courants – y compris intersyndicaux – lutte de classe est à l'ordre du jour. Sur les terrains de lutte tels que le féminisme, le combat LGBTI, l'écologie, l'antiracisme, nous intervenons en permanence avec deux préoccupations : se situer du point de vue des intérêts du monde du travail ; faire converger l'ensemble des mobilisations contre le patronat et le gouvernement à son service. Partout nous œuvrons à construire les mouvements sur des bases de classe et de masse. Dans l'intervention féministe, cela implique de recentrer nos préoccupations, débats et interventions sur les questions qui concernent l'immense majorité des femmes, en particulier les femmes travailleuses : égalité face au travail (en premier lieu salariale), lutte contre les violences machistes et sexistes, défense des droits reproductifs des femmes (contraception, avortement, PMA).
18. Contre les discours nationalistes et xénophobes, qu'ils proviennent de l'extrême droite ou d'autres secteurs politiques, nous mettons en avant la solidarité internationale des travailleurs, œuvrons à la construction de réseaux et organisations agissant dans ce sens par-delà les frontières, menons sur ce terrain des activités et campagnes politiques. Cela implique de dénoncer et combattre les structures transnationales qui, servant les seuls intérêts de la bourgeoisie, favorisent les réactions de repli identitaire et discréditent l'idée internationaliste. C'est tout particulièrement le cas des institutions de l'Union européenne, auxquelles nous opposons la perspective d'une Europe des travailleurs et des peuples. La lutte contre l'impérialisme et ses manifestations, en particulier les interventions militaires de la France en Afrique et au Proche-Orient, est une dimension permanente de notre activité politique et de notre internationalisme. Au plan international également, le NPA développe une politique visant à regrouper le meilleur des traditions anticapitalistes et révolutionnaires, dans la perspective de la construction d'une nouvelle Internationale.
19. Notre programme ne prend son sens que dans l'objectif du pouvoir des travailleurs, de leur autogouvernement dans la voie d'une société socialiste/communiste. Face à l'exacerbation des confusions et de la crise idéologique, il est de notre responsabilité d'organiser et mener une propagande systématique, exposant les ressorts de l'exploitation capitaliste et l'irrationalité de ce système, montrant comment les travailleurs peuvent eux-mêmes gérer la société du bas vers haut, et comment s'organiser dès maintenant dans la perspective d'en finir avec la logique du capital.
IV/ Construire une organisation révolutionnaire fermement implantée dans le monde du travail
20. Nos deux objectifs stratégiques permanents sont la révolution socialiste (c'est-à-dire une « transformation révolutionnaire de la société » débouchant sur le pouvoir des travailleurs auto-organisés) et la construction du parti révolutionnaire qui est indispensable à sa victoire. Des révolutions qui changent le régime politique sans altérer le système économique et social se sont produites dans l'Histoire à de multiples reprises, et continuent de se produire (comme en 2011 en Tunisie puis en Égypte) ; elles n'ont pas forcément besoin, pour triompher, d'une direction politique reconnue. Depuis la Commune de Paris, nous avons également connu nombre de révolutions socialistes ou à dynamique socialiste, mais de toutes celles-ci, aucune n'a jamais été victorieuse sans la présence d'un parti révolutionnaire dirigeant. L'unique contre-exemple, même s'il n'a malheureusement été que temporaire face à la contre-révolution stalinienne, est celui de la révolution russe d'Octobre 1917. Le NPA doit être un outil pour construire un parti capable de diriger une révolution de cette nature. La nécessité de regrouper les révolutionnaires issus de courants et traditions différentes, à partir d’une vision commune de la situation et des tâches, au niveau national et international, est inséparable de l’objectif de construire le parti dont la classe ouvrière a besoin aujourd’hui. Cela implique de mener en notre sein le débat programmatique et stratégique (quels objectifs pour notre parti, quels moyens pour les atteindre) à partir de l’expérience commune de nos militants.
21. Dans la situation et les rapports de forces actuels, le NPA n'a aucune possibilité de devenir un « parti de masse » qui pèserait dans tous les secteurs exploités et opprimés, dans tous les domaines de la vie sociale. En revanche, nous pouvons avancer aujourd'hui dans la construction d'une forte organisation révolutionnaire, liée étroitement aux processus les plus avancés de résistance, de lutte et de radicalisation du monde du travail. C'est pourquoi il nous faut mettre en œuvre des priorités. Cela implique de tourner l'ensemble de nos structures (comités, commissions, directions intermédiaires, directions nationales) vers l'intervention en direction des entreprises. Et, aussi vers la jeunesse scolarisée, foyer de mouvements potentiellement capables d'agir sur la situation politique et d'encourager les luttes des salariés, ainsi que vivier des futurs cadres organisateurs de notre classe comme de notre propre organisation. Tout comité devrait intervenir régulièrement, au minimum, sur une entreprise ou un établissement scolaire, et toute direction intermédiaire (de ville ou départementale) devrait s'en préoccuper en priorité. Au plan national, il est urgent de revitaliser et renforcer la CILT (commission d'intervention sur les lieux de travail), dont l'activité doit aider aux prises de décision du CPN et du CE sans s'y substituer, comme de mieux intégrer le secteur jeune, dans le respect de son autonomie, en particulier à l’occasion d’échéances telles que les RIJ (Rencontres internationales de jeunes).
22. Nos faiblesses politiques et d'intervention sont d'abord des faiblesses de direction. Si pour une part elles sont liées à notre hétérogénéité politique et aux divergences d'orientation qui se maintiennent depuis plusieurs années, pour une autre elles en sont indépendantes. Afin de construire dans la transparence et sous le contrôle des militants une direction qui soit collective et efficace, le congrès du NPA devra discuter des tâches de direction : qui peut (ou pourra à brève échéance, dans une perspective de renouvellement des cadres) assumer et être responsable de quelle tâche, donc de quelle responsabilité de direction. En ayant conscience que ces tâches ne peuvent être prises en charge efficacement que dans le cadre d'équipes composées de membres aux capacités complémentaires ; et sans que cela remette en cause la représentation proportionnelle de la diversité des positions et sensibilités existant au sein de notre organisation.
23. Cela a été signalé lors des congrès précédents par toutes les plateformes, majoritaires ou minoritaires, mais peu mis en application : pour que le NPA soit en condition de jouer son rôle, il faut un gros effort de formation politique interne. C'est d'autant plus le cas aujourd'hui, quand la situation politique très instable et contradictoire nécessite de notre part le développement d'une intense propagande socialiste/communiste. La première tâche dans ce sens est la mise en place d'une formation marxiste élémentaire, qui puisse être aisément dispensée dans tous les départements et comités. Pour une part, cela peut résulter de la mutualisation de ressources qui ont d'ores et déjà été développées par la commission nationale formation, par des fédérations ou par des courants. Pour avancer dans cette voie, le congrès décide de renouveler la commission nationale formation, en appelant toutes les sensibilités du NPA à y participer dans un esprit de collaboration inclusif et non sectaire.
En résumé : le 3° congrès du NPA devrait adopter une orientation qui refuse tout front politique et électoral avec les forces du Front de gauche, en comprenant que nous ne sommes pas à égale distance des révolutionnaires et des réformistes ; vise à reprendre le meilleur des traditions anticapitalistes et révolutionnaires au niveaux national comme international ; mette au centre de ses préoccupations l’implantation dans la classe ouvrière et la jeunesse ; priorise l’intervention dans la lutte des classes en impulsant le front unique pour l’action et l’auto-organisation des travailleurs et de la jeunesse par en bas ; assume que cela implique la construction d’un parti pour la révolution socialiste. Nous savons que nous ne sommes pas seuls à défendre ces objectifs. Des discussions sont d'ores et déjà engagées entre les camarades du courant Anticapitalisme & Révolution , du Courant Communiste Révolutionaire et de la Fraction l’Étincelle. Il s'agit de faire en sorte que ce soit la politique défendue majoritairement par la future direction de l'organisation, dont la tâche principale sera de la mettre en pratique.
Jean-Philippe (CE, 75), Marie-Hélène (CE, 76), Gaël (CE, 92N)