Les raisins de la galère

Ils ont détesté le plombier polonais mais aujourd’hui, ils adorent le vendangeur polonais. En Champagne, où le FN a récolté plus de 30 % des voix aux élections européennes, on est beaucoup moins anti-européen quand viennent les vendanges. Les frontières ouvertes, c'est bon pour la main-d’œuvre motivée et disciplinée. Les Polonais sont très recherchés : « Ils ne se plaignent jamais, quelle que soit la météo. C’est quand même bien pratique » se réjouit un viticulteur très bleu Marine. Payés au kilo (environ 17 cts, congés payés inclus), ils n’ont pas vraiment le temps d'admirer le paysage : « C’est pour ça que je ne fais pas de mélange et que je ne prends pas de Français : ça risque d’être un enfer pour eux » commente un autre frontiste déclaré, propriétaire d’une dizaine d’hectares. Les Polonais n’occupent pas encore la totalité des places proposées pour les 3 semaines de récolte, mais ça généralise la rémunération à la tâche et non plus au SMIC horaire, encore moins avec heures supplémentaires et majoration le dimanche ! Le recours à la main-d’œuvre de l’Est est parfaitement légal, surtout que le « rendement polonais » reste très performant en cas de grande récolte comme celle prévue cette année. Surcoté par la demande des plus grandes marques, le raisin le plus cher du monde continue de battre des records : 5,65 € le kilo l’an dernier et jusqu’à 6,50 € cette année dans les meilleurs crus. De quoi se saouler comme des Polonais, mais entre bons Français pour arroser ça. Voilà le vrai visage du FN !

01/10/14