On n’attendait rien de l’intervention présidentielle sur Canal plus dimanche dernier. Sans surprise, Hollande a été soporifique sur la forme et s’est même emmêlé les pinceaux sur les minables polémiques qu’il a lui-même suscité, comme la comparaison de Marine Le Pen à un tract du PCF des années 70...
Le PCF des années 70 aurait voulu comme le FN la fermeture des frontières, alors que le Pas-de-Calais est limitrophe avec la Belgique… Allez comprendre la démonstration si ce n’est de faire croire que les extrêmes se rejoignent, tout en balayant d’un revers de mains la responsabilité majeure du Parti socialiste. Ce PS qui, de décennies en décennies, avec au demeurant des alliances avec le PCF, a mené une politique de liquidation des acquis des travailleurs/euses et fait monter le FN !
La vérité des prix, une politique au service des patrons
Donc, Hollande s’intéresse aux jeunes. Tellement, qu’après leur avoir dit que l’éducation était une priorité, sans jamais avoir restitué les 80 000 postes d’enseignants/es supprimés sous Sarkozy, il sévit maintenant dans l’apprentissage et les stages. Plutôt que de généraliser le CDI et de passer le Smic et tous les minima sociaux à 1 700 euros net, Hollande propose aux jeunes de moins de 25 ans, qui enchaînent petits boulots, intérim, temps partiels, de le faire la bouche en cœur car ils auront désormais une prime pour être pressés comme des citrons. Les petits patrons peuvent, eux, jubiler : ils seront exonérés de charges contre l’embauche d’apprentiEs. Mieux même, ils toucheront 1 000 euros par apprenti !
Ces annonces s’accompagnent d’une préparation de nos esprits à la fin définitive du CDI dans une future loi. Car le problème d’Hollande est le même que celui des patrons : le CDI et les entraves au licenciement. Il propose donc que les CDD se transforment plus rapidement en CDI... à condition que l’employeur sache qu’il est plus facile de licencier grâce à des procédures plus courtes aux Prud’hommes et des indemnités fixées par avance ! Un kit pour licencier tranquillement, avec procédures accélérées pour que les salariés/ées n’aient pas le temps de s’organiser...
Lois liberticides, racistes et guerres
Dans ce contexte, la loi sur le renseignement s’inscrit dans une volonté de mettre au pas la majorité d’entre nous. De la même façon que la délation au procureur d’élèves qui changeraient de comportement et donc seraient peut-être sous l’emprise de la propagande "djihadiste", cette loi n’est qu’un instrument supplémentaire pour mettre au pas les élèves et salariés/ées récalcitrants face à ce système qui les exploite et les opprime.
Enfin, cette loi porte en elle la volonté de semer la peur parmi la population. C’est pourtant de ce gouvernement dont la majorité d’entre nous devraient avoir peur. C’est ce gouvernement qui aujourd’hui mène la guerre sur plusieurs fronts : il accuse les passeurs sur des bateaux miteux de terrorisme, alors que lui-même est un des architectes de cette Europe forteresse qui ouvre grand ses frontières aux capitaux mais les ferme aux personnes, qui laisse dans la clandestinité celles et ceux qu’elle chasse jour après jour de leur terre, par les guerres, la misère et la faim.
Plus que jamais, il est temps d’en finir avec ce gouvernement. Et pour Hollande, visiblement porté sur le souvenir des années 70, c’est bien un nouveau Mai 68 qu’il mériterait !
Denise Sarraute
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 286 (23/04/15)