Les travailleurs de l’Hôtel de luxe Monte-Carlo Bay viennent de remporter une première victoire pour leur salaire. Pour comprendre ce qui s'est passé, il faut revenir en arrière.
Monaco, c'est 30 000 habitants et plus de 50 000 salariés dans tous les domaines économiques (usines, hôtels, tertiaire, etc). Durant toute l'année 2014, Monaco fut parcourue de plans de licenciements avec des résistances longues et âpres (BorgWarner, Theramex, Monachem, Mécaplast, Robertshaw, Single buoy moorings offshore, Colombus, Monaco-Télécoms...) et d'attaques contre les organisations syndicales : plusieurs délégués licenciés au Colombus, interdiction par la justice d'un syndicat, tentative d'interdire aux retraités de se syndiquer, construction d'une fédération syndicale jaune directement par des services gouvernementaux...
Toutefois, une série d'initiatives permettaient de penser que l'heure de la contre-offensive approchait. La résistance des travailleurs contre les plans de licenciements avait été déterminée avec un bon nombre de manifestations, une bataille gagnée par les travailleuses des crèches, la grève des lignes de bus 100 et 101 (ligne de la Côte d'Azur), la grève du Méridien, la victoire après neuf jours de grève avec assemblée générale (AG) de 110 employés de l'Hôtel de Paris. Un couscous de solidarité avec l'industrie avait aussi été un succès avec la participation de travailleurs/ses de toutes origines et de jeunes. Enfin, l'anniversaire de l'Union des syndicats de Monaco avait été l'occasion de divers événements tout le long de l'année et d'une soirée rassemblant plusieurs centaines de travailleurs permettant de rappeler que le fait syndical avait précédé le droit.
2015 commença avec le congrès de l'Union des syndicats de Monaco qui a suspendu ses travaux pour organiser un rassemblement devant le casino qui avait demandé et obtenu l'interdiction légale d'un syndicat. Le congrès a ensuite repris ses travaux et a pris position pour la construction de syndicats de lutte de classe.
Au Monte-Carlo Bay, la tension montait depuis le début de l'année,
la direction refusant de discuter avec les travailleurs.
Le 10 Avril une AG d'une centaine de travailleurs décida la grève en réclamant une prime de fin de saison de 1000 €. Le 11 avril au matin, en bordure du début du tournoi de tennis de Monaco, les clients de l'hôtel de luxe ont eu droit à une matinée récréative bruyante avec vuvuzelas et piquet d'une cinquantaine de travailleuses et de travailleurs.
Une délégation de la direction de l'USM était là (syndicats hôpital, Chimiques plastiques, Monaco-Télecoms, cuisiniers pâtissiers, ...) pour apporter solidarité et logistique.
Cela a fouetté les ardeurs généreuses de la direction de l’hôtel qui à 12H30 a lâchée 850€ par travailleuse et travailleur de l'hôtel, la promesse de discuter rapidement (dans les jours qui viennent) d'une prime spéciale d'anniversaire de l'établissement et d'un 14ème mois.
Conséquence immédiate : Un autre grand hôtel, le Colombus, qui avait réussi à virer plusieurs dizaines de travailleurs et dix délégués en 2014, et qui avait annoncé récemment qu'il dénonçait la convention qu'il avait été obligé de signer en 2003, a fait marche arrière toute, un rassemblement étant prévu devant ses portes.