La récente victoire de 800 « chibanis » contre la SNCF est importante. Ces cheminots avaient été recrutés directement au Maroc dans les années 1970, avec une interdiction d'accès au Statut cheminot, source d'inégalités majeures entre eux et les cheminots français : paye inférieure, promotions bloquées très tôt, immobilisation sur des postes usants (manœuvre), ouverture des droits à la retraite 10 ans plus tard... Pendant 40 ans, ils ont donc été traités comme des « sous-cheminots » par la SNCF, et simplement ignorés par les organisations syndicales. C'est après des années de combat et de procédure qu'ils ont obtenu la reconnaissance de cette discrimination. Au-delà des 150 millions d'euros qu'ils ont gagnés, cela pose enfin le problème de la clause de nationalité du Statut, qui exclut les cheminots de nationalité extra-européenne et les cantonne dans des CDI avec moins de droits. Ce n'est ni plus ni moins que la « préférence nationale »... La prochaine étape est donc l'abrogation de cette clause, et la victoire des chibanis est un pas en avant !
Gabriel Lafleur