La Découverte, 2015, 16,50 euros |
En vue de la grande conférence climatique organisée à Paris, fin novembre, beaucoup de grandes entreprises communiquent sur leur « responsabilité sociale » et sur leur « engagement » pour « une échéance majeure dans la course contre la montre face à la dégradation rapide des conditions climatiques sur toute la planète, avec un objectif commun : limiter le réchauffement de la surface de la Terre ». Qu’en est-il vraiment ? Les « marchés » seraient plus efficaces pour conserver la nature que les politiques publiques et la gestion collective ? Alors que l’argent public manque dans la caisse des États, les « acteurs économiques » du capitalisme seraient des défenseurs de l’environnement en « partenariat » avec de grandes ONG ?
Le livre de ces deux chercheurs du CNRS rappellent que dans les années 70-80, les combats écologistes ou les outils de protection de la nature développées par les États étaient vus par les entreprises comme des réglementations contraignantes. Il rappelle à juste titre que des sociétés qui se présentent aujourd’hui comme « vertueuses » ont été responsables de grandes catastrophes écologiques et humaines.
L’ouvrage fait aussi le bilan du protocole de Kyoto en 1997 qui a ouvert la voie du « marché du carbone », aujourd’hui évalué à 124 milliards de dollars en 2010. Après l’achat du droit à polluer, la spéculation financière sur les espèces en voie de disparition, des entreprises peuvent s’échanger des droits d’émission de CO2. Désormais, pour faire accepter un projet industriel dévastateur pour l’environnement et les populations, il suffit de lui adjoindre un volet de réparation et de compensation sur place ou sur une autre partie de la planète pour avoir une caution environnementale. Et de grandes compagnies d’assurance ont fabriqué de nouveaux produits financiers hautement spéculatifs (appelés « cat bonds ») sous un prétexte protecteur d’« aider nos sociétés à mieux anticiper et faire face aux risques de catastrophes naturelles » comme les tremblements de terre ou les cyclones.
Le capitalisme « innove », ouvre de nouveaux marchés et génère de nouveaux bénéfices liées à la « croissance verte ». Cela devrait nous inquiéter.
Christine Schneider
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 306 (08/10/15)