Les primaires des partis Républicain et Démocrate permettent à chacun de désigner son candidat pour la prochaine présidentielle. Le fait d’être désigné permet de se servir de l’infrastructure du parti pour mener ensuite campagne.
À travers les comités d’actions politiques (PAC), les grandes entreprises et les riches financent les campagnes des uns et des autres pour être sûrs que la politique menée par le futur président corresponde bien à leurs intérêts. Et s’il y a différence de discours, cela tient plutôt au « cœur de marché » électoral de chaque parti : la classe ouvrière et la petite bourgeoisie blanches, les religieux, les hommes et les ruraux pour les Républicains ; les femmes, le mouvement ouvrier organisé, les minorités et les urbains pour les Démocrates. Le but des primaires, c’est avant tout de rallier cette base dont les aspirations sont parfois contradictoires.
Côté Républicain, le milliardaire Donald Trump est actuellement en tête, suivi par Ben Carson, puis par Jeb Bush, gouverneur de Floride, fils et frère des deux anciens présidents. L’abandon probable d’une partie des candidats va sûrement recentrer le débat, mais les propos outranciers de Trump (il a déclaré que les Mexicains qui traversent le Rio Grande à la nage de manière illégale étaient tous des « violeurs »...) séduisent la base des Républicains, notamment dans les États frontaliers du Mexique.
Sanders en trouble-fête ?
Chez les Démocrates, la sénatrice de l’État de New York, Hillary Clinton, femme de l’ancien président, est largement favorite. Le sénateur du Vermont Bernie Sanders et le vice-président Joe Biden arrivent tous deux loin derrière. Selon Sanders, « il faut une révolution politique contre la classe des milliardaires », un capitalisme semblable à celui des pays du Nord de l’Europe, avec un compromis où les patrons accepteraient de sacrifier une partie de leurs profits pour acheter la paix sociale. Sanders a voté pour la guerre en Afghanistan en 2001 et pour le soutien à Israël, ainsi que pour certaines mesures limitant les libertés publiques.
Sur la question de Black Lives Matter, les Démocrates ont été silencieux jusqu’à ce que la pression du mouvement (envahissement des meetings par des activistes) les force à faire des déclarations de soutien au mouvement, et même à embaucher des activistes dans leurs équipes de campagne, des mesures aussitôt dénoncées comme cosmétiques par d’autres secteurs du mouvement.
Sanders affirme se présenter non pas « contre Hillary, mais pour Hillary » et qu’il se rallierait à sa campagne sans conditions. Une partie des milieux militants dénoncent Sanders comme une simple manière de coopter le mouvement social, ainsi que le fait qu’il bénéficie du soutien d’une partie de l’appareil du Parti démocrate. Les activistes de Black Lives Matter restent sceptiques, même si certains se sont laissés tenter par l’idée de « changer les choses de l’intérieur ». Et si les syndiqués semblent apprécier davantage Sanders qu’Hillary, le mouvement ouvrier officiel, l’AFL-CIO, ne donnera son soutien officiel qu’après avoir vu les résultats des premières primaires, en février prochain...
Stan Miller
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 306 (08/10/15)