Orelsan s’est déjà fait connaître par des morceaux de rap au contenu douteux : dans celui qui a pour titre Sale pute, il insulte une ex-copine qui, puisqu’elle l’a quitté, est une « sale pute ». C’est un grand classique : quand je te possède, je t’aime, mais quand tu m’échappes, je te hais. Ce mécanisme permet d’ailleurs à certains de relativiser la gravité des crimes dits « passionnels »...
Pour revenir à Bloqués, citons l’épisode « Les meufs » : « Quand je vois une meuf bonne à côté d’une meuf moche, je peux pas m’empêcher de penser à un escalator à côté d’un escalier. » – « Ouais, tu la prends que si l’autre c’est mort ! ». Sans commentaire. Dans un autre épisode intitulé « Le féminisme », l’un des deux personnages sermonne son colocataire en soulevant les problèmes bien réels des femmes : le droit à l’avortement, les inégalités salariales, etc. Mais évidemment, tout le propos de l’épisode est de convaincre que le féminisme, c’est surtout utile... pour les hommes ! Le personnage se découvre « grave féministe », car il y aurait ainsi plus de filles qui coucheraient avec lui dès le premier soir, et il pourrait s’abstenir de travailler si sa copine, une fois mieux payée, l’entretenait... Conclusion : « C’est pas les féministes qu’on n’aime pas, c’est juste les connasses ! ».
Ce sexisme « cool », qui reconnaît quand même aux femmes le droit à l’IVG ou à des salaires égaux, est certes différent du machisme le plus brutal. Pour autant, on ne peut considérer ces propos comme innocents et anodins. L’humour qui nous fait rire, ce n’est pas celui d’Orelsan : c’est celui qui ridiculise les dominants/es plutôt que les opprimés/ées ! Alors, Canal + et ses « comiques », en dépit de l’impertinence dont ils prétendent faire profession : on les emmerde !
Carlita Garl