Forger des militants révolutionnaires capables
d'apporter des réponses politiques et de prendre des initiatives
dans la lutte des classes
Partout dans le monde les jeunes sont en première ligne des luttes de masse. Des révolutions arabes de 2011, aux indignées dans l’Etat Espagnol et en Grèce, jusqu'au mouvement « Black Lives Matter » aux États Unis, la jeunesse a joué un rôle de premier plan pour réchauffer la température sociale, souvent au côté de la classe ouvrière. La grève massive des étudiants sud-africains en est le dernier exemple. En octobre ils ont réussi à faire reculer le projet du gouvernement visant à augmenter les frais d'inscription en bloquant le centre-ville avec l'aide des travailleurs précaires de l'université.
C’est à ce type de confrontation de masse que nous devons nous préparer en France. La CNJ doit être l’occasion de renforcer notre intervention dans la jeunesse par un travail patient de construction pour y faire vivre les idées révolutionnaires tout en saisissant les brèches qui permettent de mettre en mouvement notre milieu. Notre objectif : forger une génération de militants révolutionnaires qui se préparent dans l’activité politique et les conflits d’aujourd’hui à intervenir dans les explosions sociales de demain.
I- Une jeunesse qui se politise sous l’impact de la crise
La crise impacte de plein fouet la jeunesse. Cette dernière est massivement touchée par le chômage qui concerne plus de 24% des moins de 25 ans. Le diplôme n'est plus une garantie pour trouver un emploi et le niveau de qualification à atteindre pour s'insérer sur le marché du travail n'a de cesse d'augmenter. La structure familiale est de moins en moins capable de faire face aux dépenses liées à l’éducation. Cette situation oblige un grand nombre d'étudiant et même de lycéens à se salarier pour payer leurs études, en occupant les contrats le plus précaires (CDD, contrat d'avenir, intérimaire).
Bien que la colère soit palpable dans la jeunesse, celle-ci n'a pas connu de mobilisation de masse au niveau national depuis 2010. La génération militante forgée par les mouvements lycéens et étudiants des années 2005-2010, du CPE jusqu'à la mobilisation contre la réforme des retraites, a aujourd'hui quitté les bancs de l'université et rejoint le monde du travail. Les réflexes organisationnels (assemblées générales, comités de mobilisation, coordinations nationales) n'existent plus ni dans les universités ni dans les lycées et doivent donc se reconstruire à une échelle large.
Les organisations étudiantes et lycéennes traditionnelles portent une lourde responsabilité dans cette situation. Elles ont accru une certaine résignation qui existe dans la jeunesse en accompagnant la politique du gouvernement de A à Z. Être 40 en TD, ne pas toucher sa bourse, vivre dans la précarité, est devenu presque « normal » pour beaucoup de jeunes. Ainsi même les universités ( Montpellier, Toulouse, Clermont-Ferrand, Paris 8, Paris 11…) qui ont connu des explosions de colère face aux conséquences de la pénurie budgétaire n'ont reçu aucune aide de la direction de l'Unef ou de solidaires étudiants pour tenter d'élargir ces mouvements et chercher à construire une mobilisation nationale.
Cette résignation pourrait pourtant être combattue dans des franges de la jeunesse. La mobilisation de secteurs plus atomisés et plus précarisés comme les étudiants en travail social, qui ont connu deux mouvements nationaux en deux ans, est venue en faire la démonstration. Ils ont même été en capacité de pousser les salariés de ce secteur à faire grève. Cette situation est directement liée à la présence de militants du NPA et d’étudiants proches de nos idées qui ont constamment défendu les prises d’initiatives, l’auto-organisation et l’extension. Cette exemple montre que la mobilisation est possible lorsqu'il existe une force militante qui se met en situation de diriger l’affrontement, à partir d’une colère et d’une implantation.
Si les mobilisations de masse de la jeunesse ont connu un recul ces dernières années, un certain phénomène de radicalisation est à l’œuvre au sein de franges significatives de celle-ci. Cette situation ouvre un certain espace pour les révolutionnaires. La désillusion engendrée par l'arrivée de la gauche au pouvoir, entraîne un rejet grandissant des institutions et des partis traditionnels. La politique d'accompagnement du gouvernement menée par les directions syndicales et réformistes, amène un certain nombre de jeunes à se tourner vers des perspectives plus radicales. En atteste le caractère plus « politique » qu'ont pris les dernières mobilisations importantes de la jeunesse en France : pour la régularisation de Léonarda et Khatchik, en solidarité avec le peuple palestinien, en réaction à la mort de Rémi Fraisse, ou encore en soutien aux réfugiés dans les dernières semaines. L’attrait pour le phénomène des ZAD en est également une illustration. Notre intervention dans ces mobilisations nous a permis d'acquérir un écho significatif et de gagner de nouveaux militants. Mais nous ne sommes pas seuls à chercher à capitaliser le sentiment de révolte. Les courants autonomes connaissent un regain d’influence. Bien pire, des courants profondément réactionnaires, complotistes et d'extrême droite aux allures anti-système, captent aujourd'hui, essentiellement au travers d’internet, une part significative de l'indignation et de la colère de la jeunesse. C’est pourquoi il est nécessaire et urgent de construire à l’échelon national un pôle politique capable d’affirmer un profil marxiste et révolutionnaire dans la jeunesse et de mener une politique indépendante des réformistes dans les mobilisations pour l'affrontement avec le gouvernement et le système capitaliste.
II- Quel profil politique pour le secteur jeune du NPA ?
1) Un profil pour l'affrontement avec la politique du gouvernement
Le gouvernement Hollande incarne à lui seul la politique des capitalistes pour nous faire payer la crise. Il détruit les services publics, offre des milliards d'euros en cadeau au grand patronat et s'attaque au code du travail. Sur la scène internationale, il enchaîne les guerres pour satisfaire les appétits de grosses entreprises françaises. Face à cette offensive généralisée, les organisations réformistes cherchent la négociation à tout prix. Le secteur jeune doit être clairement identifié comme un pôle opposé à cette politique. Ce que nous proposons c'est l'affrontement avec le gouvernement et la convergence des différentes luttes pour stopper sa politique.
A. Suite aux attentats, contre la guerre ici et ailleurs, pour l’ouverture des frontières
Les attentats de Paris du 13 novembre dernier, constituent un bouleversement majeur de la situation politique française. Ces événements effroyables ayant provoqué la mort de plus de cent personnes ont, contrairement à ceux qui avaient touché Charlie hebdo et l'hyperkasher en janvier dernier, touché cette fois ci de plein fouet la population ; les terroristes s'étant attaqués à des lieux populaires, comme des bars de jeunes, le stade de France ou encore une salle de concert. Un climat de peur légitime s'est immédiatement répandu dans la population. Ce climat a permis jusqu'à lors au gouvernement de faire passer sans difficulté la mise en place de l'état d'urgence mais aussi la mesure profondément raciste que constitue la fermeture des frontières, et il a d'ores et déjà multiplié les appels à l'union nationale.
Cependant, comme cela avait été le cas suite aux attentats de Charlie Hebdo, ces événements vont très probablement susciter nombre de discussions dans notre milieu et les jeunes autour de nous vont chercher à trouver des réponses politiques à ces événements tragiques. Dans ce cadre, nous expliquons la montée du terrorisme et la barbarie répandue par ces groupes politiques comme la conséquence des interventions impérialistes de la France à travers le monde, qui ne gênèrent que chaos politique et misère sociale et fait le lit des courants les plus réactionnaires.
Le gouvernement Hollande multiplie les guerres dans le monde. L'intervention en Syrie constitue le troisième conflit armé depuis le début de son mandat. Sous couvert d’intervention humanitaire et de lutte contre le terrorisme, le gouvernement cherche en réalité à garantir les intérêts de quelques grandes entreprises françaises qui vont piller les matières premières et exploiter les populations de ces pays
Nous réaffirmons notre opposition à toutes les guerres impérialistes et exigeons l'arrêt immédiat des frappes en Syrie. Pour tenter de populariser nos idées, nous cherchons à prendre des initiatives avec les forces politiques et sociales prêtes à affirmer une opposition sans concession à l'union nationale, au racisme et aux interventions impérialistes de l'état français.
Dans ce cadre nous nous adressons à toutes les organisations du mouvement ouvrier notamment celle d’extrême gauche comme lutte ouvrière qui s’est positionné clairement en opposition à l’union nationale.
Nous cherchons à multiplier les cadres de discussions autour de nous en tenant des tables d'accroche, en convoquant des réunions publiques et des meetings. Nous mettons en avant la nécessité pour en finir avec la barbarie, que celle ci se manifeste à Paris, en Syrie ou dans le quotidien des millions de migrants qui fuient aujourd'hui les bombes et la pauvreté, que les travailleurs reprennent le chemin de la lutte de classe contre les gouvernements impérialistes et leurs politiques anti-ouvrières que celles ci s'appliquent ici ou ailleurs dans le monde.
Nous affichons clairement la nécessité d’ouvrir les frontières, de régulariser tous les sans-papiers, et exigeons l’arrêt de l'ensemble des interventions et le retrait des troupes d’occupation. Dans ce cadre, notre tâche centrale est de lutter contre notre propre impérialisme et de construire l’opposition aux guerres menées par notre gouvernement.
Nous cherchons à expliquer que ces interventions et le racisme d'Etat sont les deux faces d'une même médaille. Nous luttons pour l'unité de notre camp social et combattons le racisme sous toutes ses formes, y compris celles qui n'émanent pas directement de l’État, à l'image de l’antisémitisme toujours largement diffusé par des franges entières de l'extrême droite, notamment dans les quartiers populaires
B) Contre l'austérité et les réformes structurelles dans l'éducation
Les universités :
Les baisses de budgets dans l'éducation remettent concrètement en cause le droit à l'éducation pour tous. Les milliers d'étudiants et de lycéens refusés d'inscription et la surcharge généralisé des cours en sont les aspects les plus visibles. Dans cette situation nous devons refuser que le gouvernement prenne un centime de plus dans nos budgets. Il nous faut exiger une embauche massive d'enseignants et un financement à hauteur des besoins pour répondre à l'augmentation des effectifs. Nous devons montrer que l'argent existe dans la poche des capitalistes qui reçoivent des milliards d'euros de subventions publiques. En parallèle des politiques d'austérité, les différentes contre-réformes (LRU, Fioraso) engagées par la droite et la gauche sont venues détruire la valeur de nos diplômes en les individualisant pour faire de nous de la chair à patron. Nous devons exiger l'abrogation de ces réformes et la mise en place d'un cadrage national des diplômes pour des garanties collectives sur le marché du travail. Ces revendications immédiates doivent se coupler avec la nécessité à terme d'en finir avec cette université au service des capitalistes, notre but consistant à placer l’enseignement sous le contrôle des étudiants et des travailleurs. Pour imposer ces revendications, il faut afficher clairement la nécessité d'une grève active et majoritaire dans toutes les universités en France pour faire plier le gouvernement.
Les Lycées :
Les politiques d’austérité ont aussi des conséquences concrètes sur les lycées avec des classes surchargées mais aussi la généralisation des refus de redoublement. Depuis deux ans maintenant, le phénomène des « sans lycées » se développe de manière très rapide. Pour nous, il s’agit de défendre une éducation ouverte à toutes et à tous en partant des préoccupations concrètes des lycéens : pas plus de 25 par classe, droit de redoublement dans son établissement et dans la même classe.
Les lycées sont également le théâtre d’une répression grandissante, qui fait notamment suite aux attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper-casher. Le nombre de lycéens dénoncés comme étant des éléments « radicalisés » est en constant progrès. La mise en place de cours de morale et de civisme dans les établissements scolaires en cette rentrée, renvoie les jeunes à l'école des années 50 et renforce le caractère d'encadrement idéologique de l'institution scolaire. Les levées de drapeau et chants de la Marseillaise se multiplient dans les écoles. Nous dénonçons ces mesures coercitives et en exigeons la suppression. Nous mettons en avant la nécessité de droits démocratiques élémentaires pour les lycéens : liberté d'expression, droits de réunion, de grève.
C) Contre la politique pro-patronale du gouvernement, vers la grève générale : construire la convergence entre les luttes de la jeunesse et celles de la classe ouvrière
Tous les jours l'avenir des jeunes se dégrade un peu plus avec des cascades de licenciements et les attaques sur le code du travail. La lutte chez Air France est venue révéler jusqu'à quel point le gouvernement était prêt à aller dans le soutien au grand patronat. Non seulement la loi Macron facilite les licenciements mais Valls n'a pas hésité à traiter les salariés en lutte de « voyous » et à envoyer six d'entre eux en garde à vue. Malgré ce déchaînement médiatique et judiciaire, cette lutte s'est révélée très populaire. Elle fait écho à la violence sociale que vivent la majorité des jeunes et des travailleurs. Dans la jeunesse nous devons encourager ce sentiment de colère généralisé et expliquer que pour stopper ce gouvernement et sa politique pro-patronale il faudra un « tous ensemble », une grève générale. Nous cherchons à populariser l'idée que l'avenir des jeunes est lié aux luttes de la classe ouvrière et que nos intérêts sont communs. Il s’agit donc de populariser des revendications ouvrières comme l’interdiction des licenciements, la diminution du temps de travail, l’échelle mobile des salaires, y compris dans la jeunesse.
2) Un profil pour la rupture avec le système capitaliste
Notre profil ne se limite pas à proposer l’affrontement avec ce gouvernement, nous devons aussi nous afficher clairement comme ceux qui voulons en finir avec l’ensemble du système. Le capitalisme provoque la guerre et la misère aux quatre coins du monde, nous ne pouvons donc pas nous contenter d'arracher quelques miettes, notre perspective c'est la révolution pour construire le communisme, une société débarrassée de l'exploitation et de toutes les oppressions. Un tel processus passera par des mobilisations massives de la population dans lesquelles les travailleurs auront un rôle central à jouer. De par la place qu’ils occupent à la base du fonctionnement de l’économie, ils ont la possibilité de s'emparer des moyens de productions pour construire une société collective. Un tel processus pourrait ressembler à un mai 68 qui irait jusqu'au bout, à une grève générale aboutissant à la prise du pouvoir des jeunes et des travailleurs. Ce profil révolutionnaire doit qui nous permette d’apparaître sur toutes les questions pour expliquer qu'il nous sera impossible de régler les principaux problèmes qui se posent à l'humanité dans le cadre du capitalisme.
La capitulation du gouvernement Syriza en Grèce est sans doute l'expérience la plus importante depuis de nombreuses années pour montrer l'impasse des solutions réformistes : il n’y aura pas de raccourcis gouvernementaux dans la prise du pouvoir par les jeunes et les salariés. Seules des mobilisations de masse de la classe ouvrière et l'émergence de nouveaux organes de pouvoir au sein de celles-ci permettra de mettront de mettre a bas ce système. Nous cherchons à expliquer que les « front politiques larges » ne sont pas aujourd’hui la solution pour renverser le capitalisme, et qu’il est indispensable de construire des organisations révolutionnaires capables de mener leurs propres politiques que cela soit dans l’agitation ou la propagande.
La montée en puissance de partis d'extrême droite en Europe depuis le début de la crise interpelle de nombreux jeunes et constitue une donnée centrale de la situation politique internationale. Les dernières élections européennes ont montré une progression systématique de partis nationalistes, anti-immigrés, notamment dans les pays où aucune lutte de masse n'a existé au cours des dernières années. Nous cherchons à expliquer dans nos milieux que la progression de ces groupes est le résultat indéniable de la crise économique et de l'incapacité des organisations bourgeoises traditionnelles à gérer relativement convenablement le système. La détresse dans laquelle les gouvernements dits de gauche, plonge les travailleurs et les classes populaires, crée des phénomènes de repli et redonnent vie aux idéologies les plus nauséabondes. La montée du Front National en France en est la meilleure illustration. En l'absence de luttes massives de notre camp social, Marine Le Pen parvient aujourd'hui à capter une part importante de la colère des classes populaires. Les mobilisations contre l'extrême droite ne peuvent de fait se construire qu'en lien avec une perspective claire d'affrontement avec le gouvernement et la politique du patronat en général. Nous cherchons à populariser l'idée que seules des luttes de masse et la reprise de confiance des travailleurs dans leurs propres forces permettra de faire reculer l'extrême droite. Seule une perspective révolutionnaire appuyée sur les travailleurs et les jeunes en lutte permettra de mettre définitivement à bas les projets de société nationalistes et autoritaires portés par ces groupes.
Les oppressions spécifiques comme le racisme, la domination patriarcale ou l'oppression que subissent les LGBTI sont aussi des sujets qui concernent et intéressent particulièrement la jeunesse. Il faut donc un secteur jeune en capacité d'expliquer d'où viennent ces oppressions et en quoi le capitalisme les utilise comme des piliers du maintien de sa domination. La récente loi sur le mariage pour tous montre bien que si le capitalisme est capable d'intégrer des droits sous la pression du rapport de force, l'homophobie réelle reste quant à elle en constante augmentation. Cela s'explique par la réaffirmation de l'institution de la famille hétéro-patriarcale qui se développe un peu plus à chaque fermeture de services publics ou lorsque les femmes sont précarisées et licenciées comme c'est le cas aujourd'hui. Si nous intervenons dans les mobilisations pour l'égalité des droits (mariage, PMA, droit de vote des étrangers) ou pour la sauvegarde d'acquis historiques des luttes des opprimés (IVG, contraception), nous mettons systématiquement en avant la nécessité de rompre avec le capitalisme qui sera la seule solution pour saper les bases matérielles de ces oppressions. Nous polémiquons également avec les autres courants qui composent les mouvements des femmes, antiracistes ou LGBTI, que ceux-ci soient réformistes ou issus de mouvances plus « radicales » mais souvent anti-marxistes. Nous mettons en avant le rôle central de la classe ouvrière dans la possibilité de construire une société débarrassée des oppressions. Si nous sommes favorables à l'auto-organisation des opprimés, nous bataillons pour une orientation lutte de classe, de convergence avec le mouvement ouvrier dans ces mouvements. Nous expliquons également qu’il n’existe pas de muraille de Chine entre « opprimés » et « classe ouvrière » mais que la majorité des LGBTI, des femmes, des personnes victimes de racisme sont partie prenante de la classe ouvrière. Nous luttons donc contre l'idée répandue que les ouvriers ne seraient que des hommes blancs, hétérosexuels en bleu de travail et nous cherchons à militer pour que le mouvement ouvrier et révolutionnaire soit au premier rang de la lutte contre les oppressions.
L'une des questions centrales qui politise la jeunesse aujourd'hui concerne l'avenir de la planète. Le réchauffement climatique, provoqué par les émissions de CO2, remet directement en cause la possibilité de construire une société viable pour l'humanité. Nous devons expliquer la responsabilité du capitalisme et de son économie anarchique dans cette situation. En effet la concurrence acharnée que se livrent les grands groupes pour accumuler un maximum de profits provoque une surproduction permanente dans tous les domaines, entraînant pollution, déforestation, destruction de la nature sous toutes ses formes. Il est donc vital d’exproprier les grands groupes capitalistes qui gèrent des secteurs aussi importants que l'énergie, l’agriculture ou l'industrie pour les mettre sous le contrôle des travailleurs et de la population, qui seront bien plus à même de prendre des décisions en fonction de l'intérêt général.
III) Quelle intervention pour les militants du secteur jeune du NPA ?
1) Apparaître politiquement et faire vivre nos idées dans les facs et les lycées
Apparaître politiquement, défendre ouvertement notre programme et la révolution comme stratégie pour transformer la société est nécessaire. Multiplier les cadres intermédiaires à l'image des collectifs permanents sur les différents sujets de l'actualité (Palestine, extrême droite, féminisme...), ne mène bien souvent qu'à diluer notre propre politique dans celle d'autres organisations, la plupart du temps réformistes, et conduit à renoncer à convaincre les jeunes sur des bases anticapitalistes et révolutionnaires. Ces collectifs finissent d’ailleurs bien souvent pas se résumer à des cartels des organisations de la gauche radicale.
L’apparition propre de notre parti dans la jeunesse est à reconstruire. Multiplier les discussions, accrocher les étudiants et les lycéens sur des thèmes d'actualité et chercher à les convaincre de nos analyses doit être une priorité. Pour cela, il nous faut partout où nous sommes présents : tenir de manière régulière des tables de presse, des diffusions de tracts qui ne se résument pas à une simple distribution mais où nous cherchons systématiquement à engager des discussions, à vendre le journal, à faire des contacts. Le journal doit en effet devenir un outil beaucoup plus systématique pour les comités du secteur jeune. Cette apparition devrait être hebdomadaire dans le plus d'universités et de lycées possible. L'objectif de cette intervention propre doit être de regrouper autour de nous un milieu de sympathisants que nous cherchons à convaincre de l’entièreté de notre programme et de la nécessité de la rupture avec le système afin d'en faire des militants révolutionnaires à leur tour. La tenue de réunions ouvertes et d'initiatives publiques "grand angle" (réunions, meetings, projections de films) de manière régulière dans les lycées et les universités est également déterminante pour renforcer la construction du NPA dans la jeunesse et populariser nos idées.
Les élections présidentielles constituent une occasion importante pour défendre nos idées à une large échelle. C’est pourquoi il est déterminant d’y assurer la présence d’un candidat du NPA en toute indépendance des forces réformistes. Notre candidature devra incarner la rage qui peut exister dans la jeunesse contre la violence d’un système qui ne lui offre aucun avenir. Il faudra utiliser cette tribune électorale pour populariser un programme anticapitaliste pour nos luttes.
2) Mettre en action notre milieu et défendre une politique indépendante dans les mobilisations
Nous ne devons cependant pas nous contenter de mener la bataille sur le plan idéologique mais devons également chercher à organiser concrètement l'affrontement face aux multiples attaques qui s'abattent aujourd'hui sur les jeunes. La jeunesse joue de manière quasi-systématique un rôle important dans les phénomènes de la lutte de classe. En attestent les dernières mobilisations de masse ayant eu lieu à l'échelle internationale : les révolutions arabes, les Indignés, le mouvement Black Lives Matter etc. Si c'est la classe ouvrière qui par son rôle central dans l'économie capitaliste pourra renverser cette société, les jeunes jouent un rôle de plaque sensible et de radicalisation indéniable dans les luttes qui émergent aujourd'hui face aux conséquences de la crise.
Pour mettre en mouvement notre milieu, nous intervenons, dans les universités, dans les cadres de front unique permanent que constituent les syndicats étudiants que cela soit Solidaires Étudiants ou l’UNEF, seule organisation rassemblant largement les différents courants politiques existant aujourd'hui dans le milieu étudiant. Pour nous, le syndicalisme ne constitue pas une seconde intervention politique. Nous ne nous contentons pas d'afficher des mots d'ordre pour le milieu étudiant sur la base d'un programme anticapitaliste mais cherchons à partir des préoccupations immédiates de notre milieu pour mettre en mouvement les jeunes bien au delà de nos rangs et de la jeunesse radicalisée. De manière ponctuelle, nous construisons également des cadres de front unique avec les autres organisations de jeunesse afin de faire face à telle ou telle attaque dans l'unité d'action. Ces cadres de front unique doivent avoir pour objectif de mobiliser au delà de nos milieux propres, comme nous avons pu le faire au cours des derniers mois, dans la construction des dates de mobilisations de l'enseignement supérieur, ou à l'occasion des manifestations de soutien aux migrants.
La participation à ces cadres de front unique permanents ou ponctuels, ne doit cependant pas nous conduire à renoncer à mener une politique indépendante vis à vis des réformistes et des directions syndicales. Dans l'ensemble de ces cadres, nous défendons donc une politique pour l'auto-organisation des premiers concernés et cherchons à faire émerger des assemblées générales, comités de mobilisation, comités de grève. Nous défendons également la nécessité d'étendre les mobilisations, de les regrouper en mettant en perspective la nécessité du «tous ensemble», de la grève générale pour obtenir des victoires significatives face au gouvernement. Nous dénonçons donc la politique des directions syndicales et réformistes auprès de notre milieu, et expliquons leur responsabilité vis à vis de la dégradation quotidienne des conditions de vie, d'étude et de travail des jeunes et des salariés, quant à leur refus d'organiser un affrontement central contre le gouvernement. Sur le terrain, lorsque cela est nécessaire nous n'hésitons pas à nous confronter aux bureaucraties qu'elles quelles soient pour permettre la progression du rapport de force et bataillons pour la direction des mobilisations ; comme nous avons pu le faire lors des mobilisations des migrants de la halle Pajol au mois de juin dernier, où nous nous sommes affrontés aux militants du parti communiste afin de permettre la tenue d'une manifestation et d'une occupation ; ou à l'occasion des mobilisations de « sans fac » du début de l'année universitaire où nous sommes parvenus, contre l'avis de la direction de l'UNEF qui tentait de s'interposer, à manifester devant le ministère de l'enseignement supérieur avec quelques dizaines d'étudiants.
La mobilisation des sans facs a été particulièrement importante cette année, elle restait cantonnée à Nanterre auparavant. Pour nous, il s’agit d’une campagne centrale de rentrée que l’ensemble des camarades jeunes intervenants sur les universités devraient chercher à mener. Il s’agit d’une bataille concrète sur un objectif précis pouvant mettre en mouvement plusieurs dizaines d’étudiants. Cette mobilisation permet de mettre en relier les problèmes budgétaires et la sélection grandissant à l’entrée de l’université. Pour cela, nous recensons les problèmes d’inscriptions, organisons des AG de « sans-facs », des rassemblements, des pétitions avec une volonté claire de se lier au plus d’étudiant possible et aux autres « sans facs » de France. De plus, obtenir une victoire permet de donner confiance à des étudiants qui pourront être convaincu de la nécessité de militer de s’organiser pour changer les choses.
Dans un contexte où les directions syndicales et réformistes s'enlisent dans le dialogue social, nous ne pouvons nous permettre de les attendre pour prendre des initiatives et nous devons chercher à organiser l'affrontement même lorsque nous sommes seuls à le faire et même quand ces initiatives ne regroupent que des franges réduites du milieu étudiant ou lycéen. Les expériences des mobilisations de « sans fac » dans les universités, mais aussi les mobilisations dans les IRTS ayant eu lieu dans la dernière période, montrent que les révolutionnaires peuvent avec leurs faibles forces, jouer un rôle important dans l'émergence de mobilisations.
Cette politique permet aussi de se mettre en position de diriger des mobilisations à l’échelle locale et nationale. En étant, les repères de l’affrontement sur les universités : ceux qui veulent en découdre systématiquement nous pouvons gagner la confiance de notre milieu et être capable de proposer une orientation crédible pour eux lors des mobilisations de masses.
Enfin, faire cela, nous permet aussi de faire des expériences avec certaines franges des milieux lycéens et étudiants et de les regrouper autour de nous dans notre intervention quotidienne mais aussi de les gagner au secteur jeune en leur montrant que nous sommes utiles aux luttes et que nous portons un projet global d’affrontement contre le capitalisme et ses conséquences.
3) Intervenir en direction des jeunes travailleurs et du monde du travail
Certains secteurs inhabituels de la jeunesse se sont mobilisés au cours des derniers mois. Ces secteurs sont davantage professionnalisés que nos lieux d'intervention habituels et ont un lien bien plus fort avec le monde du travail : secteur d'étudiants infirmiers, IRTS. Intervenir dans ces secteurs constitue une activité nécessaire pour le secteur jeune, notamment dans la mesure où de nombreux camarades y sont implantés mais également dans la mesure où ils nous permettent de tisser des liens avec des travailleurs (hôpitaux, travailleurs sociaux) et nous ont donné la possibilité d’œuvrer à la convergence des luttes entre des mobilisations de jeunes et celles de travailleurs dans la dernière période. Si nous devons prioriser l'intervention du secteur jeune en direction des grosses concentrations que constituent les lycées et les universités, lorsque nos forces nous le permettent, nous devons lancer des interventions en direction de ces secteurs professionnalisés.
Le secteur jeunes apporte chaque fois qu’il en a la possibilité son soutien direct aux grèves et aux luttes des travailleurs. Nous fournissons également un effort particulier à l’appui du reste du parti dans les conflits importants qui secouent le monde du travail comme lors de la grève des cheminots de juin 2014. Lorsque nous en avons les forces, nous participons au travail politique du NPA en direction des entreprises (notamment la diffusion des bulletins). Ce sont des éléments importants pour former des militants imprégnés des préoccupations de la classe ouvrière et capable d’intervenir sur leur futur lieu de travail.
4) Former des militants marxistes et révolutionnaires
Le secteur jeune doit être un lieu de formation de militants révolutionnaires capables d’entraîner leur milieu et de construire des mobilisations face aux courants réformistes qui enferme la colère dans des impasses. Une tel formation ne peut se faire que par une pratique réelle, en cherchant à construire les luttes, même les plus petites, c'est le seul moyen de forger une génération qui se prépare à intervenir de manière décisive dans les conflits de masses à venir, que ce soit dans la jeunesse ou dans le monde du travail.
Le secteur jeune doit aussi se donner les moyens de renforcer le bagage théorique de ces militants pour que ceux-ci soient capables de débattre sur le fond, de défendre une orientation et de se confronter sur le terrain des idées aux autres courants politiques.
La formation interne doit en cela être une priorité et permettre à l'ensemble des militants d'être armés sur le plan des connaissances théoriques, stratégiques et historiques.
Pour cela, les réunions de comités doivent s'organiser autour de plannings de formations annuels permettant à l'ensemble des militants d'avoir accès aux connaissances de base de la pensée marxiste et de l'histoire du mouvement ouvrier. Des listes de lecture doivent être mises à disposition des comités afin de permettre un suivi politique, non seulement des militants, mais aussi des sympathisants et des contacts que nous cherchons à convaincre. Des stages de formation des comités, à raison d'un par semestre minimum, doivent être un objectif à court terme pour tout le secteur jeune du NPA.
Sur le plan régional et national, la formation doit également être une priorité. Le stage interne du mois de décembre ainsi que les Trois Jours pour changer le monde sont des acquis importants pour le secteur jeune qui doivent être maintenus et renforcés. Sur le plan régional, des efforts particuliers doivent être faits pour que des stages régionaux type « Grand Sud » ou « Région parisienne », se tiennent sur des week-end ou pendant les vacances, non seulement pour permettre des formations plus approfondies que dans les comités, mais aussi dans l'objectif de renforcer les liens entre les militants et entre les différents comités jeunes de France.
JBP (BSJ, comité jeune Nanterre), Mathias (BSJ, comité jeune Lille),
Moira (SRP, comité jeune Nanterre), Léa (BSJ, comité jeune Nanterre),
Sylvain (SRP, comité jeune EHESS), Yaya (BSJ comité jeune Le Mans)