Le rôle des révolutionnaires dans la construction de l'unité d'action pour la levée de l'état d'urgence

A l’annonce de l’état d’urgence et de sa possible prolongation, le fait le plus notable a été l’acceptation éhontée de ces mesures répressives par les organisations syndicales – au niveau national – et politiques. Le Front de gauche ne se sera opposé ni à l’intensification des bombardements en Syrie, ni à l’état d’urgence. Tous ont été tétanisés par la pression en faveur du recueillement et de l’union nationale, alors que contrairement à janvier et la période qui a suivi les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, des structures syndicales ont exprimé le refus de la guerre et de cette politique autoritaire.

Cependant, dans cette situation, l’extrême gauche a tenu bon dans son refus de laisser les mobilisations se faire museler sans réagir. Dès le 22 novembre, les militantes et militants du NPA se sont retrouvés nombreux à République, pour braver l’interdiction de manifester en solidarité avec les réfugiés. La semaine suivante, avec Droit au Logement, une partie du mouvement associatif a décidé de braver également cette interdiction, en organisant une manif contre l’état d’urgence à laquelle ont participé des structures syndicales comme la CGT 75, mais aussi le député EELV Sergio Coronado.

Nous sommes à n’en pas douter minoritaires, mais les prises de position de multiples organisations syndicales, les manifestations et rassemblements qui se sont tenus depuis novembre, le meeting du 17 décembre, montrent qu’un courant d’opinion non négligeable existe pour s’opposer à cette politique.

Le meeting du 17 décembre, par exemple, a permis un élargissement important du cadre de mobilisation : alors que la manif du 26 novembre n’a regroupé qu’un nombre restreint d’organisations, ce meeting a été organisé à l’appel notamment d’Ensemble et du PG (en plus du NPA, d’AL et du PCOF, présents dès le début) mais aussi de la Fondation Copernic, du MRAP ou encore du Syndicat de la Magistrature et de Solidaires.

Ce meeting a appelé non seulement à la levée de l’état d’urgence, mais aussi à l’arrêt de toutes les poursuites contre les manifestants et les militants des mouvements sociaux ; et, déjà, à l’abandon de la constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de la nationalité. A partir de là, il a été question de la nécessité d’organiser une manifestation autour du 3 février, date de la première lecture du projet gouvernemental à l’Assemblée nationale.

Regrouper les forces

Dans le même temps, les militants du POID ont lancé une pétition à partir de laquelle ils ont appelé à un meeting pour la levée de l’état d’urgence le 23 janvier à Paris, où le NPA interviendra. Enfin, la LDH a monté un cadre autour de l’appel « Nous ne céderons pas ! », mais les organisations politiques en sont exclues.

Dès le début, nous avons eu pour objectif de coordonner les cadres existant autour de l’organisation d’une manifestation pour la levée de l’état d’urgence, qui reprenne à son compte l’opposition au projet de loi de déchéance de la nationalité.

Un accord a finalement émergé, pour une manifestation à Paris et en province le samedi 30 janvier. Lors du meeting du 23 janvier, il restera encore à tenter d’entraîner ses initiateurs à participer à cette journée.

Le déroulé de cette séquence peut nous permettre un premier bilan. Dans les cadres unitaires, le NPA a joué un rôle fondamental : à chaque fois que des hésitations pouvaient exister concernant la tenue d’une manifestation, ou concernant la nécessité d’élargir les cadres tout en tenant bon sur les revendications, en premier lieu celle de la levée de l’état d’urgence, le fait que le NPA maintienne un cap a permis d’entraîner d’autres organisations. Cela montre que nous pouvons avoir une influence, à notre échelle, dans des moments assez déterminants, sans pour autant nous marginaliser ou nous rendre inaudibles.

Armelle Pertus