Dans le cadre de la préparation de la conférence nationale (CN), certains voudraient encore nous faire croire que le fait qu’il existe trois plateformes soumises aux votes des militants serait une aberration, puisque nous serions tous d’accord sur l’analyse de la situation politique et sur nos tâches. Les discussions et les désaccords auxquels nous sommes confrontés ne seraient que le fruit de tendances ou fractions qui scléroseraient le NPA.
Mais s’il n’existe aucun désaccord de fond, pourquoi alors avoir insisté pour organiser une CN sur les présidentielles ? Alors même que le congrès avait majoritairement rejeté cette idée, préférant acter fortement que le NPA présenterait un candidat aux élections présidentielles. Si les camarades de l'ancienne majorité du NPA – regroupés dans la plateforme 1 (Pf1) depuis le dernier congrès et dans la plateforme C (PfC) pour la CN – ont insisté pour organiser cette conférences, avec au final le soutien des camarades de l'actuelle plateforme B (PfB) – constituée par une partie de la plateforme 2 (Pf2) du congrès de 2015 –, c’est bien parce qu’ils pensaient qu’il y avait des désaccords politiques à trancher.
Sortons des faux-semblants. La discussion est très simple : lors de cette CN, ce que les militantes et militants du NPA devront décider, c’est ce que notre parti cherchera à mettre au cœur de sa campagne pour les présidentielles.
Deux options contradictoires
La PfC nous propose d’axer la campagne sur l'idée que le problème central dans la situation actuelle serait l’absence d'un « débouché politique ». Ils proposent bien évidemment de mettre en avant des mesures d’urgence, mais en focalisant l’attention sur l’idée de faire émerger une force politique qui serait en capacité de les mettre en application. Selon eux, sans l’émergence d’un tel « débouché », de cette « représentation politique », les travailleurs ne jugeront pas crédible d’imposer de telles mesures, et donc, ne se mettront pas à lutter. Les camarades souhaitent ainsi faire de la campagne présidentielle une campagne d’interpellation de toutes les forces à la gauche du gouvernement sur la nécessité de construire cette nouvelle représentation politique.
Dans cette interpellation, les camarades passent sous silence un élément déterminant : le clivage réforme/révolution. Pour pouvoir imposer un plan d’urgence social, il est nécessaire de s’attaquer au pouvoir des capitalistes, sinon nous allons suivre exactement le même chemin que Syriza en Grèce qui met en place, à peine quelques mois après son élection, le pire plan d’austérité de tous les temps ; ou alors celui de Podemos dans l’État espagnol, qui est prêt à gouverner avec le PSOE.
Les militants de la plateforme A (PfA), issus de différentes sensibilités politiques, ont fait le choix de se regrouper lors de cette CN autour d’une autre orientation. Pour nous, le cœur de la campagne ne doit pas être une interpellation des forces politiques à la gauche du gouvernement. Nous voulons défendre un programme d’urgence pour le monde du travail, la nécessité de s’attaquer au pouvoir des capitalistes, d’en finir avec ce système qui génère guerres, misère, violences, désastres écologiques. Pour donner confiance à notre classe, il faut pouvoir rendre évidente la force des salariés. Cette campagne doit permettre de mettre en avant celles et ceux qui luttent contre les licenciements, contre leurs conditions de travail ou d’existence indignes. Mais nous devrons aussi insister sur la nécessité de regrouper, de coordonner les différentes bagarres existantes, comme seul moyen d’inverser le rapport de forces vis-à-vis des patrons et du gouvernement. Nous devons combattre l’idée que la solution viendra de l’émergence d’un nouveau « meccano » électoral. Il n’y aura pas de raccourcis et pas d'autre chemin que l’affrontement sur le terrain des luttes. Voilà le profil que nous voulons donner à la campagne du NPA. Bien sûr, nous souhaitons nous aussi qu’une telle voix puisse s’exprimer à une échelle de masse. Alors oui, de ce point de vue, nous cherchons une représentation politique du monde du travail. Mais cette représentation est bien éloignée de l’illusion d’une nouvelle alliance de la gauche de la gauche. Cette représentation ressemblerait plutôt à des travailleuses ou travailleurs combatifs, à un condamné de Goodyear ou un salarié d’Air France qui pourraient montrer au plus
Dans le cadre de la préparation de la conférence nationale (CN), certains voudraient encore nous faire croire que le fait qu’il existe trois plateformes soumises aux votes des militants serait une aberration, puisque nous serions tous d’accord sur l’analyse de la situation politique et sur nos tâches. Les discussions et les désaccords auxquels nous sommes confrontés ne seraient que le fruit de tendances ou fractions qui scléroseraient le NPA.
Les enjeux de la conférence nationale du NPA
Nous pensons que depuis la scission des membres de la Gauche anticapitaliste, l’orientation et le profil de parti que défend la PfA sont majoritaires dans le NPA. Pourtant, cette majorité n’a pas pu prendre forme au congrès, et cette CN doit le lui permettre. Non pas pour écraser, exclure ou se séparer des camarades qui défendent une autre orientation : au contraire, nous avons besoin de toutes les forces de ce parti, mais c’est bien l’absence d’une majorité qui paralyse la direction de l’organisation depuis des mois. Refuser de faire un choix et qu'une nette majorité s'affirme, reviendrait à faire la politique du pire en poursuivant la « crise du NPA ».
Cela semble pourtant être l'objectif des camarades de la PfB. Sans proposer d’orientation alternative aux deux options déjà exprimées par la PfA et la PfC, mais sous prétexte de vouloir rassembler l’organisation, ils présenteront au vote des militantes et militants une troisième plateforme, qui pourrait empêcher à une majorité et à une orientation claire de s’exprimer à l'issue de la CN.
Juliette Stein