Trump président : ne pas pleurer, comprendre et lutter
édito Le premier choc passé, il est nécessaire de comprendre ce qui a pu se passer aux États-Unis pour qu’un producteur de télé-réalité, raciste, misogyne, climato-sceptique, pro-torture, et anti-avortement ait été élu président.
Comment se fait il qu’un milliardaire sans scrupules, qui empêche toute syndicalisation dans ses entreprises, qui met des sociétés à l’abri dans des paradis fiscaux, et n’a pas payé d’impôts depuis des années, ait pu devenir le héraut d’une Amérique blanche déclassée et gagner alors que tous les sondages disaient que c’était impossible ?
Pourquoi Clinton a-t-elle perdu ?
La deuxième question qui vient immédiatement après est : pourquoi Clinton a-t-elle perdu des millions de voix par rapport à Obama ? C’est que la candidate démocrate très liée au milieu des affaires, a promis de continuer la politique passée, qui a mené à la désindustrialisation de toute une partie du pays, à ce que le fossé se creuse entre les 1% les plus riches et les autres 99%. A ce que les banques qui avaient été responsables de la crise de 2008 renouent avec les bénéfices et distribuent des bonus indécents à leurs traders. Son attachement au libre échange responsable pour beaucoup de monde du chômage et de la pauvreté, a découragé nombre d’électeurs traditionnels du parti démocrate à voter pour elle. Sans oublier que le nom de Clinton rappelle à de nombreux Américains sa politique du tout carcéral qui a mené des milliers de Noirs dans les prisons, ce que rappelle Black Lives Matter (les vies noires comptent), le mouvement créé à la suite d’assassinats de Noirs par la police.
Il est certain qu’il n’y a rien de bon à attendre de ce nouveau président, et qu’aucune de ses promesses démagogiques visant à protéger les plus démunis ne se réalisera. Dès le lendemain de l’élection, General Motors annonçait d’ailleurs, en forme de provocation, la suppression de plus de 2000 emplois ! Il est certain aussi qu’il a ouvert les vannes aux actes, propos et même attaques racistes. Il n’y a qu’à voir un groupe raciste comme le Ku Klux Klan s’enhardir jusqu’à proposer une manifestation le 3 décembre prochain en Caroline du nord pour fêter la victoire de Trump.
D’un autre côté, il n’y avait rien de bon à attendre non plus de la part d’Hilary Clinton, toute dévouée au monde capitaliste, et à mille lieux des préoccupations de la majorité de la population.
Une abstention massive
C’est pourquoi ce cirque électoral américain dégoûte de plus en plus les électeurs. L’abstention a été massive, essentiellement parmi les couches les plus défavorisées de la population.
Ici en France, nos politiciens cherchent à profiter de cette élection surprise : Sarkozy en disant que l’impossible devient possible sur une ligne de la droite extrême, Juppé en se posant en rassembleur, et le PS prétendant représenter un rempart contre notre extrême droite. Quant à Marine Le Pen, elle n’a rien à envier à Trump sur le fond de sa propagande : les immigrés seraient la cause de tous nos maux, détournant ainsi le regard des véritables responsables, les capitalistes, les banquiers, et le personnel politique à son service.
Si des populistes démagogues peuvent gagner en racontant n’importe quoi, c’est dû en grande partie à la politique menée par les différents gouvernements ces dernières années : dérégulation des acquis sociaux, comme la loi Travail, cadeaux somptueux aux patrons sans aucune contrepartie, chômage massif. Alors, non, ce ne sont pas ces politiciens là qui pourront nous protéger de quoi que ce soit.
Sauvons nous nous-mêmes
D’ores et déjà, des dizaines de milliers de personnes défilent dans tous les États Unis contre Trump. Ils ont raison de montrer qu’ils ne le laisseront pas faire n’importe quoi. Car si on ne se bagarre pas, si on n’impose pas par notre force collective d'en finir avec plus de 30 ans de politiques anti-sociales, personne ne le fera à notre place !