Hollande décréta l’état d’urgence le 14 novembre 2015. Depuis, il a été prolongé de nombreuses fois par des votes au Parlement. La mise en place de cet état d’urgence s’est vite révélée un blanc-seing donné au gouvernement pour instaurer tout un arsenal répressif policier, judiciaire et politique dont l’objectif était bien plus large que celui, affiché, d’assurer « la sécurité du territoire ». Le dernier rapport parlementaire sur le sujet a montré clairement la portée limitée d’un régime qui se voulait d’exception pour lutter contre les actes terroristes. Par contre, il a mis en lumière que celui-ci a été utilisé pour autre chose, notamment pour empêcher des manifestations et assigner à résidence des militantEs, en marginalisant le rôle du juge judiciaire, garant des libertés individuelles, au profit du seul pouvoir exécutif.
Hollande et Valls ont dégagé le terrain pour leurs successeurs à l’Élysée et à Matignon. On imagine mal des politiciens réactionnaires ou d’extrême droite comme Sarkozy, Juppé ou Le Pen faire moins que le PS dans ce domaine. Ne nous laissons pas enfermer dans le piège liberticide de l’état d’urgence : dénonçons sans relâche toutes les atteintes à nos libertés fondamentales ainsi que les guerres que mène notre État en Afrique et au Moyen-Orient en notre nom. Ce sont ces guerres qui font le lit du terrorisme, et ce n’est pas l’état d’urgence qui nous en protégera.
Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 359 (17/11/16)
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