Édito du 27/11/17


Esclavage en Libye : 
les principaux responsables sont à Paris et à Bruxelles ! 

Le reportage diffusé par la chaîne CNN dévoilant enfin aux yeux du plus grand nombre la pratique d’une véritable traite esclavagiste en Libye a suscité de nombreuses manifestations de colère et d'indignation, notamment devant l'ambassade libyenne à Paris. Des lycéens en région parisienne ont fait grève et bloqué leur établissement scolaire la semaine dernière, comme à Cachan, pour dénoncer l'insupportable. À la plupart de ces manifestations, l'État français n'a trouvé qu'une seule réponse : la répression policière. Une des lycéennes qui manifestaient à Cachan a été éborgnée par un tir de flash-ball, une enquête de l'IGPN est en cours. 

Sarkozy, Hollande, Macron, ils sont tous coupables ! 

Il n'y a rien d'étonnant au fait que la police et l'État français n'aient pas envie que ces manifestations prennent de l'ampleur et débouchent sur la mise en accusation de la politique des grandes puissances, notamment de la France par rapport à cette barbarie. Le reportage de CNN montrait une vente digne des plus sombres heures de la période coloniale. De jeunes Noirs s’avançaient : « Des garçons grands et forts pour le travail de ferme », annonçait une voix. Et les enchères montaient : 500, 600, 650 dinars. 

Kadhafi, l'ancien dictateur libyen a été mis hors circuit suite à l'intervention militaire française en 2011, sous la présidence de Sarkozy, qui l'a ainsi drôlement remercié de lui avoir donné autant d'argent pour subventionner sa campagne électorale. Kadhafi enfermait les migrants dans ses prisons, où ils rachetaient leur liberté en travaillant pour leurs gardiens ou en satisfaisant leurs caprices sexuels. À sa chute, ce sont les milices, soutenues ensuite par Hollande puis Macron, qui ont pris le pouvoir et commis à leur tour ces exactions. De nombreux témoignages de rescapés racontent l’enfer que constitue la traversée de la Libye pour les migrants africains. Capturés par les trafiquants et réduits en esclavage, ils travaillent dans les champs, sans salaire, à peine nourris. Beaucoup tombent malades et décèdent, parce que leurs maîtres ne veulent pas les emmener dans les hôpitaux. Les femmes et les enfants servent d’esclaves sexuels. Celles et ceux qui n’ont pas trouvé d’acheteur sont souvent abattus. 

Ils font la guerre et ferment les frontières ! 

Et c’est en toute connaissance de cause que l’Union européenne jette les migrants dans les mains des mafias. Elle finance dans ce but le gouvernement libyen, dit d’union nationale, installé à Tripoli. Son président, Fayez el-Sarraj, a signé avec l’Union européenne un accord lui assurant de l’argent, du matériel et une formation pour ses garde-côtes, afin qu’ils interceptent les embarcations en mer et ramènent de force leurs passagers sur les côtes libyennes. Le fait que la Libye soit une zone de non-droit pour les migrants ne pose semble-t-il pas de problème aux dirigeants européens. Ni aux dirigeants des pays de l'Afrique subsaharienne qui font mine de s'indigner depuis les révélations du reportage... 

Les responsables de l'esclavage en Libye sont en premier lieu les grandes puissances impérialistes, la France en tête, qui ont multiplié les interventions militaires dans les pays d’Afrique, qui ferment leurs frontières, rejettent les migrants à la mer, et financent à coups de millions les bandes armées de Libye pour qu’elles les empêchent de traverser la Méditerranée. Alors tous ensemble, exigeons l’arrêt immédiat des interventions militaires et l’ouverture des frontières ! Participons le plus nombreux possible aux rassemblements et manifestations contre l'esclavage des Noirs en Libye. Dénonçons notre gouvernement qui chasse les migrants africains et fait marcher sa police contre celles et ceux qui s'en émeuvent.