Édito du 08/01/18

Solidarité avec les manifestations en Iran ! 

Depuis le 28 décembre, une vague de manifestations touche toutes les villes d'Iran. La réponse du régime ne s'est pas faite attendre : la répression a fait au moins vingt-deux morts et plus d'un millier d'arrestations. Tout en censurant les réseaux sociaux, le gouvernement mobilise des milliers de personnes en sa faveur afin de se racheter une légitimité. Il a proclamé « la fin de la sédition » dès le 3 janvier et promet de lourdes sanctions, pouvant aller jusqu'à la peine de mort. 

Une lutte contre la pauvreté 

Mais les causes du mécontentement ne sont pas réglées. Le 19 décembre, le budget présenté au parlement prévoyait une augmentation de 50 % du prix du gasoil et la suspension d'aides financières pour 34 millions de personnes. 

Une annonce brutale et insupportable, alors que plus de 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, que l'inflation est de près de 12 % par an et que le pouvoir d’achat a chuté de 72 % entre 2005 et 2013. 

Le taux de chômage officiel est de 12,6 %, soit environ 3,2 millions de travailleurs et travailleuses privés d'emploi. Pour les jeunes, il peut atteindre 30 à 50 %. Dans les entreprises, les salaires ne sont souvent pas versés. Des ouvriers doivent se contenter d'un acompte de moins de 10 % de leur paie. La faillite d'institutions financières a fait perdre à des familles l'intégralité de leurs maigres économies... 

Un gouvernement capitaliste au service des capitalistes 

Les entreprises occidentales qui s'implantent en Iran le font en lien avec des investisseurs locaux. Ainsi, les gardiens de la Révolution, groupe paramilitaire proche des hommes politiques conservateurs, contrôlent environ 40 % de l'économie, notamment le secteur industriel. Quant au haut clergé, plus proche des « modérés », il détient via les fondations religieuses 30 % de l'économie, notamment le secteur de l'import-export. Or le budget proposé en décembre prévoyait de dépenser plus de 55 % des ressources de l'État pour ces fondations ! 

Finalement, qu'ils soient dans une « démocratie » laïque comme la France ou dans une dictature religieuse comme l'Iran, les capitalistes n'ont qu'une religion : celle du profit sur le dos du plus grand nombre. 

Dans les manifestations, les laissés pour compte s'unissent et refusent les clivages artificiels entre « conservateurs » et « réformateurs », toujours au service du même système. Leurs slogans se sont rapidement tournés contre le régime lui-même avec des slogans tels que : « alors que les gens mendient, les mollahs agissent comme des dieux », puis « à bas le dictateur ! » 

Contre nos gouvernements complices 

Le gouvernement iranien commence à reculer sur le budget. C'est une première victoire. Mais il accuse les manifestants d'être manipulés par l'Arabie saoudite, les États-Unis ou Israël. Ridicule ! Pas besoin d'être « manipulé » pour en avoir marre de la misère ! 

Trump se félicite des manifestations, lui qui n'hésite pas à travailler avec de nombreuses dictatures tout aussi criminelles. Il préconise un retour aux sanctions les plus lourdes contre l'Iran. En plus d'accroître la pauvreté dans le pays, elles auraient sans doute pour effet de ressouder le peuple avec le régime face à un ennemi commun. La France, elle, préfère s'émouvoir de la répression, sans pour autant laisser de côté de juteux marché pour ses entreprises, comme Total, Renault, PSA. Dans tous les cas, nos gouvernements n'ont que faire des revendications populaires. Mais cette mobilisation doit montrer la voie aux peuples du monde entier. 

En 2009, un soulèvement avait déjà touché l'Iran suite à la réélection frauduleuse d'Ahmadinejad. Il avait précédé d'un an et demi la vague révolutionnaire dans le monde arabe de 2010-2011. 

Car quelle que soit nos nationalités ou notre région du monde, les luttes des opprimés et des exploités n'ont pas de frontières !