Édito du 26/02/18

Pour une mobilisation générale 
contre la loi « Asile et Immigration » 
du gouvernement Macron !

Avec la loi « Asile et Immigration », présentée mercredi dernier par Collomb, le ministre de l'Intérieur de Macron, le gouvernement veut ajouter sa propre pierre à l'édifice d'une législation contre les migrants et les immigrés déjà tellement répressive et discriminatoire. Macron fait comme Hollande qui a fait comme Sarkozy qui avait fait comme Chirac : il durcit les lois contre les sans-papiers et les réfugiés, en mettant en place des mesures que le Front National ne renierait pas. La seule différence avec Macron c'est l'hypocrisie qui est employée pour les justifier : ce serait par « humanité » qu'il agirait ! 

Une nouvelle loi pour renforcer le « tri » entre les migrants 

Effectivement le gouvernement dit que cette loi va permettre « de mieux accueillir les réfugiés » ! Elle va surtout permettre de mieux les renvoyer. Car sous couvert d’accélération d'examen des demandes d'asile, ce sont en réalité les droits élémentaires à pouvoir bâtir un dossier et à ce qu'il soit examiné un tant soit peu équitablement qui vont être bafoués. Alors qu’ils disposaient jusqu’à présent de 120 jours pour déposer leur dossier, désormais les migrant-es n’auront plus que 90 jours pour le faire. De plus, un demandeur débouté par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ne disposera ensuite que de deux semaines, au lieu d’un mois, pour déposer son recours. En clair, aussitôt arrivés, les étrangers vont être refoulés. Et pour ceux qui s'opposeront à leur expulsion ou pour lesquels le pays d'origine ou de transit refusera le retour, ce sera l'enfermement dans les centres de rétention administrative, ces prisons qui ne disent pas leur nom, jusqu'à 90 jours ! Cette loi scélérate s'inscrit pleinement dans la logique de « l'immigration choisie » : la France s'arroge le droit de trier les migrants en fonction de critères visant à renforcer sa position dans la compétition économique mondiale. 

La violence de l'État renforcée contre les étrangers 

En décembre déjà, une circulaire sur les migrants du ministère de l’Intérieur a soulevé les protestations d’associations et même de quelques députés de la majorité. Car elle prévoit qu’un recensement des étrangers se fasse dans les centres d’hébergement d’urgence permettant un premier tri avant d’expulser tous ceux à qui le droit d’asile aurait été refusé. Dans une autre circulaire de décembre, Collomb avait demandé aux préfets d’accélérer les expulsions et il s’est félicité début janvier qu’elles aient augmenté de 14 % dans les onze premiers mois de 2017. Et c’est sans parler des mesures policières prises pour évacuer les campements dans les grandes villes du pays. On a vu la brutalité avec laquelle au petit matin des campements sont détruits, les abris abattus et le matériel des migrants dispersé. Désormais aussi, les travailleurs sans-papiers qui utilisent « un alias » c'est-à-dire les papiers d'un autre camarade de galère pour travailler dans la légalité, seront punis pénalement et déclarés irrégularisables. 

Cette loi ne doit pas passer ! L'heure est à la mobilisation ! 

Depuis plusieurs mois, le mouvement de solidarité à l'égard des migrant-es grandit. Alors que les situations de guerre s'amplifient au Moyen-Orient et en Afrique, guerres dont les dirigeants des pays les plus riches sont en grande partie responsables, le sort inhumain réservé à toutes celles et ceux qui fuient à tout prix leur pays révolte de plus en plus de personnes. Alors que des milliards de profits sont annoncés chaque année par les grands groupes capitalistes, alors que des milliards de cadeaux fiscaux sont lâchés à ces mêmes groupes par les gouvernements, il devient de plus en plus criant que ceux qui disent « qu'on ne pourrait pas accueillir toute la misère du monde » ne roulent que pour les intérêts des riches et piétinent les droits humains les plus élémentaires, en faisant commerce du racisme et de la xénophobie ordinaires pour leur carrière de politiciens. 

Cette loi « Asile et Immigration » nous concerne toutes et tous car moins de droits pour une minorité c'est finalement moins de droits pour tous-tes. Des centaines de travailleurs sans-papiers se sont mis en grève à Paris pour exiger leur régularisation ces dernières semaines : ils ont raison, leur lutte doit être soutenue sans réserve car les patrons exploitent leur travail comme ils exploitent le travail de tous. Et participons le plus nombreux-ses possibles à la manifestation nationale du 17 mars à Paris : cette marche « des solidarités » sera une des occasions de construire le rapport de forces contre les lois Macron-Collomb !