Depuis plusieurs semaines, des étudiants sont mobilisés contre la loi ORE et le plan Vidal. Mais cette semaine, cette mobilisation a franchi un cap. C’est désormais un mouvement de grève d’ampleur nationale qui est en train de s’ancrer dans les universités. Plus de 50 universités ont rejoint la bataille. Et loin du rêve de Macron dans lequel seuls quelques agitateurs professionnels seraient mobilisés, ce sont des AG historiques qui ont voté la grève et le blocage comme à Rennes II où les étudiants se sont réunis à plus de 3500, à Nanterre où plus de 1700 personnes ont pris part au vote qui a reconduit le blocage. La liste est longue des AG qui rassemblent plusieurs milliers d’étudiants : Toulouse, Censier, Montpelliers, Tolbiac, Paris 8 etc…
Les raisons de la colère
Avec sa loi ORE, le gouvernement veut mettre en place la sélection à l’entrée de l’université. Pourquoi ? Pour faire des économies ! Depuis plusieurs dizaines d’années, les gouvernements successifs ont mené des politiques d’austérité budgétaire pour l’enseignement supérieur et la recherche. Ce sont ces politiques qui ont conduit à l’absurdité du tirage au sort pour intégrer certaines filières qui n’avaient plus les moyens d’accueillir tous les étudiants qui se présentaient. Mais le remède du gouvernement est pire que le mal ! Au lieu de donner plus de moyens aux universités pour pouvoir fonctionner, Macron propose de légaliser la sélection ! Jusqu’à présent, tout bachelier avait le droit de d’accéder à l’enseignement supérieur. Avec cette loi, les bacheliers pourront se voir refuser à jamais l’entrée à l’université. Les jeunes ne sont pas dupes, ils savent que cette sélection sera avant tout sociale, en fonction du lycée d’où tu viens, du quartier dans lequel tu habites, du milieu social duquel tu es issu. Voilà pourquoi cette loi provoque colère et indignation. Pour tous ceux qui ne sont pas nés avec une cuillère en argent dans la bouche, le gouvernement leur prévoit un avenir de galère, de précarité et de misère. On le sait sans diplôme de l’enseignement supérieur, les salariés sont beaucoup plus touchés par le chômage, les boulots précaires et les bas salaires.
De plus, Macron a déjà annoncé qu’il ne s’arrêterait pas là. Réforme du bac et plan étudiant poursuivent la même logique : sélection sociale, destruction de notre avenir de futur salarié.
La grève est plus que légitime. Elle est la seule réponse possible !
La réponse du gouvernement face à la colère étudiante
La seule réponse de Macron et son gouvernement n’a été que mépris et répression. Il a d’abord cherché à minimiser la contestation en parlant d’une minorité d’agitateurs professionnels violents ou de manipulateurs. Quel mépris face aux dizaines de milliers d’étudiants qui se réunissent en assemblées générales pour décider consciemment de s’engager dans la grève ! Puis il s’est mis à uséer de la force, tapant comme un sourd pour tenter d’éteindre le feu : flics dans les facs, arrestations et passage à tabac d’étudiants quelques soient les moyens nécessaires y compris faire appel à des groupes d’extrême droite. Voilà le vrai visage du gouvernement quand il a peur ! Cette attitude est bien le révélateur qu’en face de nous, ils flippent. Macron a même exprimé de manière très claire ce dont il a le plus peur : «des mobilisations qui cherchent la convergence des luttes»
Tous ensemble, on peut gagner ! Construisons cette grève générale maintenant !
Macron a bien raison d’avoir peur. Il a allumé le feu dans beaucoup de secteurs. : Éducation, SNFC, La Poste, hospitaliers, transport aériens, retraités, chômeurs, fonctionnaires. Partout la colère gronde. Et si pour une fois on y allait tous ensemble?Si on tirait les leçons de ce que nous n’avons pas réussi à imposer lors des dernières mobilisations? Les journées de grève « saute-mouton » sans lendemain, la riposte chacun dans son coin et les grève à tour de rôle ça suffit ! Si tous les secteurs de jeunes et de salariés se mettaient en grève reconductible ensemble au même moment, nous aurions les moyens de bloquer le pays et de faire céder Macron et les patrons !
C’est ce mouvement d’ensemble, cette grève générale interprofessionnelle que nous devons construire maintenant que ça bouillonne ! Nous ne pouvons plus attendre que les directions des syndicats se concertent, se mettent d’accord pour une éventuelle journée de grève sans lendemain. Des initiatives s’organisent en ordre dispersé le 1er mai ou la manifestation du 5 mai. Nous disons du 1er au 5 mai tous en grève reconductible !
Encore une fois, la jeunesse peut montrer la voie en donnant la confiance à toute une série de salariés pour s’engager à leur tour dans la grève reconductible.
Pour cela, la grève doit s’ancrer et s’étendre dans les universités. Et les étudiants doivent utiliser leur grève pour se tourner vers le reste de la jeunesse notamment lycéenne et vers les salariés pour leur proposer de rejoindre maintenant la grève contre Macron, son gouvernement et son monde !
Et pourquoi pas un Mai 2018 pour tout changer ?
Oui, la contestation est profonde parce que nous ne rejetons pas juste des lois. A l’image de ceux qui se battent à Notre-Dame-des-Landes, c’est bien tout un modèle de société avec lequel nous voulons en finir. Quel est l’avenir réservé à la jeunesse dans un monde basé sur la concurrence de tous entre tous, sur le profit, l’exploitation du plus grand nombre au profit d’une minorité, dans un système qui brise des vies et détruit la planète ?
Il est grand temps d’en finir avec le capitalisme qui brise nos vies et fait des salariés de la chair à patron. Construisons notre Mai 2018 qui cette fois-ci irait jusqu’au bout !