C'est encore une semaine marquée par les mobilisations sociales qu'a ouvert le 1er mai. Des dizaines de milliers de manifestant.e.s pour la journée de mobilisation internationale des travailleurs, la mobilisation sur les facs qui tient, après les vacances, qui résiste malgré l'acharnement policier à faire taire la jeunesse mobilisée par les évacuations des amphis occupés, les gardes à vue, les coups et les intimidations et cerise sur le gâteau la tentative de passage des partiels aux forceps !
À la SNCF la grève se poursuit et perturbe toujours fortement le trafic les jours de mobilisation.
Et dans un nombre significatif de secteurs du public comme du privé, des luttes exemplaires se mènent contre la dictature patronale et pour les emplois : à La Poste de Rennes avec plus de cent jours de grève, dans le 92 où les postières et postiers sont en grève reconductible depuis le 26 mars, à Carrefour, à Géodis à Gennevilliers, à Air France bien sûr où le PDG a dû démissionner suite au referendum qu'il avait lui-même convoqué et où la grève se poursuit.
Et pourtant, on prend les mêmes et on recommence !
On s'était bien dit après la mobilisation de 2016 qu'on ne nous y reprendrait plus avec les mouvements qui s'étalent sur plusieurs mois ponctués de plus de 15 journées de grève. Mais pourtant c'est exactement ce qu'on est en train de faire. L'intersyndicale cheminote a donné le ton en sortant sa grève perlée 2 sur 5 jusqu'en juin qui n'a d'autre conséquence que de déposséder les cheminots de leur grève dont le scénario est écrit d'avance. Et c'était sans compter sur l'intersyndicale de la Fonction publique qui elle aussi a beaucoup d'imagination et lance un appel à la grève le 22 mai soit la veille de deux jours de grève des cheminots … pas ensemble donc ! Et pendant que les directions syndicales nous baladent allègrement d'une journée à l'autre en évitant à tout prix que l'on y aille tous ensemble au même moment et pour la même cause, voilà que de nouveau ressurgit la vieille rengaine « de soutien aux luttes » mais auxquelles il manquerait une expression politique... pour qu'elles gagnent ! C'est ce que François Ruffin et la France Insoumise ont commencé à organiser le samedi 5 mai lors de la manif « Fête à Macron » et qu'ils prévoient de poursuivre le samedi 26 mai pour « aller plus loin (…) et affirmer que des alternatives existent ». Battez encore le pavé mais apprêtez-vous à bien voter !
Et si on essayait la grève générale ?
On les entend d'ici les réprobations « mais la grève générale, ça ne se décrète pas ; on ne peut pas appuyer sur un bouton ». Soit. Le problème de cette affaire c'est que l'appel à la grève reconductible n'est jamais une option pour les centrales syndicales qui effectivement, à ce stade, ont carrément dû le perdre...le bouton !
Dans les jours qui viennent, de multiples mobilisations vont avoir lieu : les cheminots, les hôpitaux, les personnels du supérieur et les étudiants et déjà la grève du 22 mai dans la Fonction publique s'annonce suivie. Personne ne peut croire que cet émiettement relève du hasard. Mais en revanche, le nombre important de secteurs et de salariés qui restent mobilisés malgré ce plan d'action pitoyable est aussi la démonstration qu'en y allant toutes et tous ensemble, on pourrait sérieusement commencer à entrevoir une possible victoire sur Macron et le patronat.
Mais cela implique que dans chaque secteur, on ne se dédouane plus de la discussion autour de la grève reconductible car la meilleure des solidarités c'est de rejoindre toutes celles et ceux qui se battent déjà, c'est en tout cas cette option qu'il faut mettre en discussion afin qu'elle puisse entrevoir un début de réalité le 22 et au moins les deux jours suivants qui sont des grèves à la SNCF.
Les postières et les postiers du 92 font la démonstration depuis le 26 mars que la grève ça marche, qu'elle nuit considérablement à l'organisation du travail, la distribution du courrier en l'occurrence et que la victoire est possible puisqu'elle a déjà commencé avec le maintien du mandat de Gaël Quirante malgré le licenciement prononcé par La Poste. Ce qui est possible dans un secteur aussi atomisé et précarisé que La Poste l'est forcément ailleurs.
N'attendons plus, c'est le moment d'y aller !