Pour gagner, ce qu'il faut, c'est l'unité des travailleurs et des jeunes dans la grève générale !


La politique anti-ouvrière de Macron provoque une profonde indignation dans toute la population. Face aux attaques tous azimuts, les jeunes et les travailleurs ne restent pas les bras croisés. La classe ouvrière et la jeunesse se mobilisent contre le gouvernement et le patronat. 

Ce sont évidemment les cheminots, qui ont entamé depuis deux mois maintenant un bras de fer avec le gouvernement avec de multiples journées de grève massivement suivies. Le 14 mai a d’ailleurs démontré que le mouvement de grève du rail était encore devant nous. Ce sont également les étudiants, qui, malgré la répression, ont occupé leurs universités, continuent de bloquer les examens, pour exiger le retrait de la loi ORE. Mais ce sont aussi de multiples grèves moins médiatiques dans d’autres secteurs, comme la grève reconductible des postiers des Hauts-de-Seine pour la réintégration de notre camarade Gaël Quirante et pour leurs conditions de travail ; c’est également la grève aux Catacombes de Paris ou dans des dizaines de services hospitaliers ou boîtes du secteur privé. 

Tout le monde parle d’unité… 

Aujourd’hui, on entend beaucoup parler « d’unité ». Mais l’unité pour quoi faire ? L’unité pour construire un mouvement d’ensemble, la grève générale, ou l’unité pour renforcer l’idée que la solution est institutionnelle et électorale ? Nous allons recevoir de longues et documentées explications sur le Front Unique. Mais pour nous le Front Unique, l’unité du monde du travail doit servir notre projet stratégique : permettre aux travailleurs et travailleuses avec ou sans emploi de prendre le pouvoir. Nous ne croyons pas aux « alternatives électorales », nous croyons au contraire à l’alternative anticapitaliste que représentent les assemblées générales dans les boîtes en grève, celles des étudiants et étudiantes en grève qui savent ouvrir leur portes aux migrants et travailleurs en lutte. Oui pour nous l’alternative à ce système fait d’exploitation et d’oppressions viendra quand nos manifestations, nos grèves, nos blocages, nos assemblées générales convergeront dans un mouvement d’ensemble capable de tout bloquer pour tout changer ! Plus que jamais nous militons pour une grève générale, une grève politique qui nous permette enfin de décider de tout et partout ! 

 … beaucoup moins de grève générale ! 

Nous sommes opposés au fait que le NPA signe un texte qui cautionne totalement la politique des directions syndicales, et ne dit pas un mot sur ce qui nous préoccupe toutes et tous au quotidien : amplifier la mobilisation, ancrer la grève, partir en reconductible, faire tomber les barrières sectorielles. Le texte nous dit qu'« Il appartient évidemment aux organisations syndicales de décider, avec les personnels concernés, de leurs formes d’action ». Une évidence pour les directions syndicales et les réformistes sans doute. Mais de notre côté le problème n'est pas de multiplier les formules visant à rassurer les bureaucrates sur le fait qu'on accepterait de les laisser conduire les travailleurs dans le mur. Aujourd’hui encore, les dirigeants de la CGT continuent d’expliquer qu’il est possible de discuter et de négocier avec ce gouvernement, notamment à la SNCF, où la direction de la fédération de la CGT propose une « contre-proposition » au plan du gouvernement, et refuse d’organiser une véritable grève reconductible en appelant à une grève saute-mouton de deux jours par semaine. « Dans le respect de nos champs d’interventions respectifs ». Notre préoccupation, au contraire, est que les travailleurs et les jeunes prennent en main leur lutte, avec les AG, les comités de mobilisation et de grève, la démocratie ouvrière et l'auto-activité des grévistes de façon continue… Pas simplement par « démocratisme » mais comme une politique permettant de construire l'unité des travailleurs, le rapport de force, d’étendre le mouvement ainsi que pour aider à ce que des secteurs salariés débordent la stratégie des directions syndicales (et politiques d’ailleurs). On ne peut cautionner un texte dont l’essence est contradictoire avec ce que nous défendons au quotidien sur le terrain de la lutte des classes. Il nous apparaît d’abord que la démarche générale pose déjà problème puisque l’appel à une marée sert surtout à mettre sous le boisseau la nécessité de la construction des grèves et de leur généralisation. Enfin, le texte comporte une série de formules floues telles que « des alternatives existent », « aller plus loin » qui laissent entendre que réformistes et révolutionnaires pourraient avoir un cadre organisationnel commun. 

Militantes et militant du NPA, nous étions donc opposés à la signature par notre parti de l’appel unitaire aux manifestations de 26 mai. Signature qui a d’ailleurs été donné sans que cela ne soit tranché ni voté dans aucune instance de notre parti. Pourtant, le fait de ne pas signer le texte ne constituait en rien une entrave à manifester le 26, comme c’était déjà le cas le 5 mai, sur nos propres mots d’ordre. Mais pour mettre un coup d’arrêt à Macron et au monde qu’il défend, c’est de bien autre chose dont notre camp social doit se doter ! 

Les responsabilités des révolutionnaires 

Et pour nous, un des problèmes de la période, c’est que face à cette situation l’extrême gauche ne prend aucune initiative capable de renforcer notre camp social. Si l’idée de la convergence des luttes est largement répandue, il n’est pas injustifié de dire que nous ne nous donnons pas les mêmes moyens pour aider à la concrétiser dans le but de généraliser les grèves et de bloquer le pays. Depuis deux ans, nos camarades participent à la construction du Front social comme point d’appui pour rassembler les luttes ouvrières et celles de la jeunesse, comme embryon de pôle ouvrier combatif. Nous faisons le constat aujourd’hui que ni Lutte ouvrière ni les différents courants qui constituent le NPA n’ont pris part à cette tentative de regroupement. Bien sûr, les réticences sont à des degrés différents. Mais aujourd’hui, au moment où le combat contre le capitalisme incarné par Macron est inextricablement lié à celui contre la stratégie syndicale d’éparpillement des luttes, de tentative d’épuisements des équipes militantes et de recherche permanente de cadre de négociations avec le gouvernement, on voit bien la puissance que pourrait avoir, à notre échelle le poids de l’implantation des militants de Lutte ouvrière et aussi du NPA si l’orientation défendue était toute entière tournée vers la construction d’une direction alternative pour les luttes ouvrières et celles de la jeunesse. Au moment même où nous parlons et à la veille de la grève du 22 mai, des assemblée générales se préparent, dans les gares, dans l’Éducation nationale et ailleurs mais sans jamais se rencontrer consciemment. Le Front social propose une AG interprofessionnelle le soir du 22, il serait vraiment temps que l’ensemble des courants de l’extrême gauche y participent tous ensemble, mobilisent leur milieu. Ce serait un pas important dans la tentative de regroupement des forces mais aussi dans la possibilité que nous débattions à partir d’un socle identique, celui des luttes en construction. 

Ce dont nous avons besoin : la grève générale ! 

Aujourd’hui, si le gouvernement continue à afficher une telle fermeté, ce n’est pas seulement grâce à la répression qu’il met en place contre celles et ceux qui se mobilisent. C’est avant tout parce que les différentes grèves qui se déroulent aujourd’hui sont éparpillées, divisées et trop faibles. Rien que la prochaine semaine de mai, il y aura le 22 la fonction publique (même pas sur une journée « cheminote » alors que le calendrier est connu depuis la mi-mars !), les 23 et 24 les cheminots en grève, et le 26 la « Marée Populaire », qui se déroulera un samedi. Pour faire plier le gouvernement, la seule solution serait, comme en Mai 68, que l’ensemble des salariés et des jeunes, quel que soit leur statut, quel que soit leur lieu d’étude ou de travail, cessent le travail en même temps et bloquent le pays pendant plusieurs jours d’affilés. Le 11 mai dernier, à Arcueil, les étudiants de Nanterre ont réussi à faire annuler les partiels délocalisés prévus par la direction de leur fac pour casser la mobilisation. Dans le piquet de grève, aux côtés des étudiants, se trouvaient des cheminots, des postiers en grèves du 92, des profs… C’est une démonstration de ce que peut faire l’unité entre travailleurs et avec les jeunes dans la lutte. 

C’est cette unité-là que nous cherchons à construire.

Courant A&R