Le 9 octobre, la Turquie a lancé une offensive contre le Kurdistan syrien. Cette offensive est sans précédent par sa brutalité et sa massivité.
Depuis mercredi, plus de 160 000 civils ont été déplacés ou ont fui les zones de combat. Selon l'OSDH, près de 200 kurdes, dont 69 civils, seraient morts dans les bombardements turcs. Dans les combats, des centaines de prisonniers de Daesh auraient réussi à s'enfuir, ce qui laisse craindre une réapparition de cette organisation islamiste dans la région. Face à l'offensive turque, les forces kurdes des YPG (Unités de Protection du Peuple) ont annoncé avoir conclu une nouvelle alliance avec l'armée syrienne de Bashar El-Assad.
Aucune confiance dans les impérialistes !
L'offensive turque fait suite à la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines qui se trouvaient sur le territoire du Kurdistan syrien. Cette décision est immédiatement apparue aux yeux de tous comme un feu vert laissé à Tayip Erdogan pour lancer son offensive contre les forces kurdes. En effet, les YPG s'étaient dans les faits alliés aux forces américaines pour lutter contre Daesh et pour pouvoir établir leur autonomie. La décision de Donald Trump montre bien une chose : on ne peut aucunement faire confiance aux impérialistes !
Macron, lui, verse des larmes de crocodile sur le peuple kurde. Mais c'est pourtant bien la France qui, jusqu'à il y a 3 jours, vendait des armes à la Turquie d'Erdogan ! La France d'ailleurs, depuis 2011, a signé avec la Turquie un "accord de coopération en matière de sécurité intérieure", au nom duquel les services de renseignement français collaborent avec le MIT, le renseignement turc, responsable de la répression contre les kurdes, notamment le meurtre de trois militantes kurdes à Paris.
Quant aux autres pays européens, ils font mine de s'inquiéter du sort du peuple kurde, alors qu'ils maintiennent le PKK, la principale organisation kurde, sur la liste des organisations terroristes.
Quoi d'étonnant d'ailleurs que ces Etats entretiennent de si bonnes relations avec le régime turc, puisque les capitalistes européens, et notamment français, font de belles affaires en Turquie. Ainsi, ce sont plus de 400 entreprises françaises, dont Renault, Sanofi, Groupama ou Axa, qui sont présentes dans ce pays !
Une intervention étrangère pour "protéger les Kurdes" ?
L'annonce du carnage opéré par l'armée turque dans le Kurdistan syrien a soulevé une légitime indignation dans le pays, bien au-delà des seuls Kurdes. 20 000 personnes ont défilé samedi, à Paris, contre les bombardements turcs. Devant cette légitime indignation, certains politiciens y sont allés de leurs déclarations. Manon Aubry, députée France Insoumise, a appelé à mettre en place des sanctions contre la Turquie, sanctions qui, inévitablement, retomberont sur la population turque. Le PCF lui, a exigé de "placer les Kurdes sous protection internationale", ce qui revient à demander que les troupes françaises, américaines et autres qui se trouvaient déjà sur place... y restent. Quant à Mélenchon, il a osé déclarer que l'annonce que l'armée syrienne interviendrait au Kurdistan contre la Turquie serait une "excellente nouvelle". Comme si l'armée de Bashar El-Assad, qui massacre son peuple depuis des années, pouvait apporter une quelconque protection au peuple kurde !
Contre les ingérences étrangères, pour le droit à l'autodétermination du peuple kurde !
En réalité, le revirement américain montre que la solution pour les peuples de la région ne viendra certainement pas d'une intervention étrangère. Au contraire, pour les pays impérialistes, les peuples de cette région ne constituent que des pions sur lesquels s'appuyer ou pas pour pouvoir étendre leurs zones d'influence respectives.
Le meilleur moyen de lutter pour l’arrêt contre l’offensive turque au Kurdistan, c’est de participer aux manifestations et rassemblements de soutien au peuple kurde, pour l’arrêt immédiat des bombardements et de toutes les opérations militaires, contre la complicité du gouvernement français avec le régime turc. Contre les régimes oppresseurs, pour le droit des peuples à l'autodétermination, la solution ne pourra passer que par l'indépendance politique de notre camp social contre les capitalistes et les impérialistes de tout bord.
Édito du 15/10/19