Contre les prochaines annonces de fermetures par Renault, les travailleurs de la Fonderie de Bretagne tracent la seule voie réaliste : celle de la mobilisation et de la construction d’une indispensable épreuve de force.
Le 14 février dernier, soit bien avant l’arrêt des usines lié au Covid-19, mais sous prétexte d’une soi-disant perte nette de 141 millions d’euros au titre des résultats financiers pour l’année 2019 – la première depuis onze ans – la directrice générale par intérim de Renault avait annoncé un prochain plan de réduction de ses « coûts » de 2 milliards d’euros. Faisant évidemment l’impasse sur les 24 milliards d’euros amassés au cours des 10 dernières années et les 5 milliards de dividendes servis aux actionnaires, elle prévenait : « Renault n’a aucun tabou sur les fermetures d’usines dans le monde et en France ». Et il n’aura pas fallu beaucoup attendre pour qu’on apprenne ce que le constructeur mijotait pour sécuriser la rapacité de ses actionnaires.
C’est ainsi que la semaine dernière, avant les annonces officielles qui interviendront ce vendredi 29 mai, le Canard Enchaîné nous a appris que le constructeur envisageait la fermeture de quatre sites en France : Choisy-le-Roi, Dieppe et les Fonderies de Bretagne, pour commencer et Flins un peu plus tard. Soit la destruction de près de 4.000 emplois à statut Renault auxquels il faudrait ajouter les milliers d’intérimaires, prestataires et emplois indirects, ”en même temps” – comme dirait Macron – que Renault sollicitait de l’État l’attribution d’un prêt garanti de 5 milliards d’euros.
Mais pour Bruno Le Maire, qui avait estimé si « mauvaise pour la nation » la suspension de l’activité de l’usine de Renault de Sandouville – suite à une décision de justice sanctionnant les conditions sanitaires de reprise du travail – hors de question d’assortir les 5 milliards du prêt à une quelconque obligation de garantir le maintien des sites et des emplois. Ce lundi sur BFMTV, notre ministre a tenu à préciser : « Bien sûr que nous serons attentifs à chaque emploi, mais nous voulons laisser la possibilité à Renault d’adapter son outil de production ». En clair, alors que le chômage va exploser, c’est « open bar » pour le constructeur, avec l’octroi du prêt garanti, les bonus financés par nos impôts pour doper les ventes de véhicules et les mains libres pour restructurer, une fois de plus, son appareil de production en détruisant des milliers d’emplois !
Alors, l’espoir, il est évidemment du côté de ceux et celles qui engagent sans attendre le bras de fer contre les plans du constructeur, comme à la Fonderie de Bretagne, à Caudan près de Lorient, occupée jour et nuit depuis ce lundi 25 mai, avec l’espoir que leur combat devienne rapidement celui de tous ceux et celles qui vont être être concernés par les annonces que Renault fera ce vendredi.
Régis Louail