Si Blanquer ment comme il respire, il peut difficilement prétendre que la rentrée de novembre s'est bien déroulée, comme il avait tenté de le faire croire en septembre dernier.
Une gestion par le mépris
Une nouvelle fois, les travailleurs et travailleuses de l'éducation ont principalement appris les conditions de la rentrée par les médias et les réseaux sociaux. Une nouvelle fois, les nouvelles contradictoires ont plu de toute part : deux heures devaient être banalisées pour préparer l'hommage à Samuel Paty ? Elles ont été annulées sous prétexte de l'alerte attentat. Les collègues comme les parents de certains établissements ont appris le dimanche que la reprise des cours aurait finalement lieu le lundi à 8 heures. Dans nombre de collèges et de lycées de toutes les académies, les équipes ont débrayé dès la reprise, ne serait-ce que pour imposer une discussion. Ailleurs, des assemblées générales se sont tenues dans la journée, après l'hommage au collègue assassiné, pour aborder le sujet du protocole sanitaire « renforcé ».
Des conditions inacceptables
Et quel protocole ! En l'absence d'une baisse des effectifs d'élèves et d'un renforcement des effectifs de personnels, il s'agit de continuer comme si de rien n'était. Il est absolument impossible d'assurer la ventilation et la désinfection des locaux, sans parler du respect des distanciations. Une telle inconséquence ne peut qu'accentuer la catastrophe sanitaire.
Mardi, la grève a continué, avec des blocages d'élèves à l'entrée de certains lycées. Le mouvement devrait connaître un temps fort jeudi 5 novembre. Dans les écoles maternelles et primaires, l'obligation pour les enseignants et enseignantes de déposer des intentions préalables de grève, rend la mobilisation plus difficile. Mais les revendications ne sont pas différentes : il n'est pas possible de continuer à accueillir l'ensemble des élèves en même temps !
Un scénario envisageable est l'accueil en alternance de demi-groupes. Cette solution a été actée dans quelques lycées... Mais sous réserve d'acceptation par les autorités académiques. À l'Assemblée nationale, Blanquer a expliqué mardi qu'il n'encourageait pas cette solution. Certaines directions académiques ont fait savoir que l'ordre était donné de la refuser... Mais le même Blanquer a arrondi les angles dès mardi soir : il sent le rapport de force tourner.
Une lutte contre le gouvernement...
et le MEDEF !
Si seuls des lycées ont obtenu des avancées sur l'allègement du nombre d'élèves, c'est bien parce que les lycéens et les lycéennes peuvent rester à la maison sans leurs parents, contrairement aux plus jeunes.
C'est bien le cauchemar du gouvernement et du MEDEF : que les travailleurs et travailleuses qui ont des enfants doivent s'absenter pour les garder. On entend déjà le chantage à l'emploi, comme si les licenciements ne se multipliaient pas déjà, y compris dans des secteurs qui maintiennent leurs activités !
Oui, en cas de renouvellement des autorisations spéciales d'absence, il faudra prendre sur les profits pour assurer le maintien de l'emploi et des salaires. Le rapport de force qui se joue dans les établissements scolaires n'oppose pas que les personnels éducatifs et leur ministre, il s'agit bien d'un combat de classe, d'une lutte entre nos vies... et leurs profits !