En Argentine, des décennies de combats pour le droit à l'avortement libre et gratuit !

Dans presque toute l'Amérique du sud, l'avortement est illégal. Dans certains pays, il est même interdit quelqu'en soit la raison. Il est légal à Cuba depuis 1967, en Uruguay depuis 2012 et dans la ville de Mexico.

Notons qu'en Europe, il n'a été légalisé qu'en 1967 au Royaume-Uni et en 1975 en France (et pas grâce à Valéry Giscard d'Estaing mais aux féministes !), en 2018 en Irlande. Il reste illégal à Malte ou en Andorre !

Ce droit va encore être davantage restreint en Pologne où des milliers de manifestantes et manifestants bravent la répression depuis des semaines !

Pour les femmes le droit de dispiser de son corps et à l'interruption volontaire de grossesse reste un combat de chaque jour.

En Argentine, le sabre et le goupillon contre l'émancipation des femmes

Depuis 1922, l'article 86 du Code pénal argentin considère que l'avortement est illégal et ne peut être accepté que dans deux cas : s'il a pour but d'éviter un risque pour la vie ou la santé de la mère et si ce risque ne peut être évité d'une autre façon ou encore si la grossesse est le résultat d'un viol ou de l'atteinte à la pudeur sur une femme considérée comme démente.

En 2012, la Cour suprême a précisé par un jugement que toute femme enceinte à cause d'un viol à droit à une intervention volontaire de grossesse sans devoir passer par une intervention judiciaire et prêter serment.

Mais malgré tous les obstacles, les femmes avortent. Il y aurait entre 335 000 et 500 000 avortements illégaux chaque année. On trouve derrière ce nombre les femmes qui ont les moyens de se payer une IVG dans des conditions sûres en recourant à un professionnel de santé. On trouve celles utilisant un médicament prescrit par un professionnel. Elles reçoivent alors un accompagnement. Mais de nombreuses femmes n'ont ni les moyens ni accès aux réseaux d'informations.

Selon les organisations de droits humains, 300 femmes meurent tous les ans suite à un avortement clandestin, aux conditions de leur grossesse ou bien aux suites de couches.

Un long combat et une première victoire

En ce début de mois de décembre 2020, les députés argentins ont adopté le projet de loi autorisant l'interruption volontaire de grossesse. C'est la neuvième fois en 12 ans qu'est présentée une loi afin de légaliser l'avortement. Le texte passera au Sénat en janvier prochain. Ce cadre encore plus réactionnaire que la première chambre risque de bloquer cette avancée historique.

Mais de même que ce ne sont que des décennies de luttes féministes qui ont contraint des anti IVG à retourner leur veste pour ne pas perdre de voix, il faudra de nouvelles « vagues vertes » pour engager le bras de fer avec les sénateurs.

Et ce d'autant que, comme partout dans le monde, la pandémie de Covid-19 est l'occasion pour les gouvernements de passer la vitesse supérieure dans les attaques antisociales et sécuritaires mais aussi de mettre sous le boisseau tout ce qui contraint leurs fondements idéologiques, en l'occurrence ici, le patriarcat.

Ainsi, en août dernier, le projet de loi avait disparu de l'agenda sous prétexte de ne « pas générer de la discorde » !

Alors que les capitalistes mènent une guerre globale contre tous les droits conquis par les travailleuses et travailleurs partout dans le monde pour asseoir une domination totale dans une situation de concurrence maximum, une victoire arrachée par des décennies de combats mais aussi de souffrance des femmes argentines serait un encouragement à la lutte pour le maintien des droits des femmes pour leur émancipation. Mais au-delà, céla représenterait aussi une brèche importante contre le patriarcat et l'oppression des femmes.