Contre l’impérialisme français, pour le droit inconditionnel des peuples à l’autodétermination


« Ce soir la France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d'y rester. » C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a salué les résultats du référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie ce dimanche 12 décembre. Un enthousiasme partagé par la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, qui a ressenti « un grand moment de bonheur, parce que pour moi, évidemment, la Nouvelle-Calédonie c’est la France, les outre-mer c’est la France ». À l’extrême droite, Marine Le Pen s’est réjouie que « la Nouvelle-Calédonie reste française », et a appelé à « œuvre à la restauration de l’unité » ; Zemmour de son côté a déclaré : « Votre volonté est sans appel. Vous êtes français et vous le resterez ! ». À gauche, le porte-parole des sénateurs socialistes Rachid Temal a salué le choix de la Nouvelle-Calédonie « de rester dans la France ».


Un référendum illégitime

Toute la classe politique, de la gauche à l’extrême droite, se réjouit donc des résultats de ce référendum. Pourtant, la participation à ce référendum a été divisée par deux par rapport au précédent. Moins de la moitié de la population, soit 44 %, s’est rendue aux urnes, contre 86 % en 2020. Dans les provinces majoritairement kanakes, la participation est en chute libre : 16,6 % dans la province Nord et 4,5 % dans les îles Loyauté. La participation n’atteint 60 % que dans les provinces où la colonisation de peuplement est plus marquée

Ce référendum s’est déroulé sous une présence militaire et policière massive. L’État français a dépêché 2000 gendarmes supplémentaires sur place, alors que l’ensemble des organisations politiques, associatives, syndicales et structures coutumières kanakes avaient appelé à refuser de se rendre aux urnes. En effet, ce référendum, prévu par les accords de Nouméa en 1998, a été maintenu à la date du 12 décembre, en pleine épidémie Covid, empêchant le peuple kanak et les populations océaniennes de respecter les deuils rituels et de mener campagne.

Seule la campagne pour le non à l’indépendance a donc été menée, une campagne marquée par des clips et déclarations racistes, représentant des Kanaks ne sachant pas lire et incapables de réfléchir. Plusieurs saisines du CSA ont eu lieu contre ces clips nauséabonds.


Une réaffirmation brutale du colonialisme français

Francis Lamy, président de la commission de contrôle, a osé déclarer que l’abstention « n’affecte pas la régularité ni la sincérité du scrutin » ! En réalité, en imposant le résultat de ce référendum sous la botte des milliers de gendarmes déployés sur l’archipel, l’État français renoue avec l’histoire qui est la sienne : celle d’un colonialisme brutal, qui n’hésite pas user de la force militaire pour imposer sa domination à travers le monde. Depuis le 19e siècle, la France s’est maintenue par la force en Kanaky/Nouvelle-Calédonie : spoliation des terres des Kanaks déclarées propriétés d’État, travail forcé, confiscation de terres par les colons… C’est par la répression la plus brutale que dans les années 1980 l’État français a maintenu sa domination sur l’archipel, notamment lors des événements d’Ouvéa qui se sont soldés par la mort de 19 militants indépendantistes. C’est pourquoi les propos de Jean-Luc Mélenchon, selon lequel « les indépendantistes doivent entendre qu’ils ne sont pas seuls et qu’il y a une parole française qui veut rester fidèle à une ligne qui a été tracée sous la présidence de François Mitterrand », sont particulièrement ignominieux. Mais quoi d’étonnant de la part de quelqu’un qui déclarait encore le 8 décembre : « Nous sommes présents sur tous les continents et toutes les mers. Nous sommes donc une nation directement impliquée dans la marche du monde entier » .. Un appui total à la politique impérialiste de l’État français !


Contre l’impérialisme français : anticapitalistes et révolutionnaires !

Le référendum en Kanaky, imposé à coups de bottes militaires, est une nouvelle manifestation de la politique de l’État français pour tenter de maintenir son empire colonial. En Guadeloupe et en Martinique, c’est aussi par la répression brutale que cet État maintient sa domination, avec l’envoi du GIGN contre les grévistes et manifestants. Cette brutalité s’exprime aussi en Afrique, où l’armée française, avec la complicité de la gendarmerie nigériane, a tué deux manifestants et blessé des dizaines de personnes qui protestaient contre le convoi militaire de l’opération Barkhane.  

Un maintien de l’impérialisme qui passe par des alliances avec les dictatures les plus brutales, comme l’ont montré les Egypt Papers, révélant la complicité de l’État français dans les crimes commis par le régime d’Al-Sissi, notamment au cours de l’opération « Sirli », durant laquelle des centaines de civils ont été tués au cours de bombardements menés hors de tout cadre légal. Complicité avec des régimes brutaux qui s’est également manifestée par la vente de 80 rafales et 12 hélicoptères aux Emirats arabes unis pour un montant de 16 milliards d’euros, des armes dont il a été prouvé qu’elles sont utilisées dans la guerre au Yemen pour bombarder des populations civiles.

À l’opposé de tous les discours nationalistes soutenant l’État français, de droite et d’extrême droite, mais aussi de la gauche réformiste, les militants et militantes anticapitalistes et révolutionnaires dénoncent l’impérialisme français. Contre la politique de « défense nationale », nous soutenons inconditionnellement la lutte pour le droit des peuples à l’autodétermination. Nous réclamons le retrait des forces répressives de Kanaky, de Guadeloupe, de Martinique, de Saint-Martin et de tous les territoires colonisés d’outre-mer, comme nous réclamons le retrait des troupes françaises d’Afrique.