En Corse comme ailleurs : vive les révoltes populaires !



L'agression du militant indépendantiste corse Yvan Colonna le 2 mars, qui a conduit à son décès le 21 mars, a déclenché des manifestations massives de la jeunesse de Corse. Yvan Colonna avait été condamné en 2003 pour le meurtre du préfet Érignac en 1998, bien qu'il ait toujours clamé son innocence. Depuis 19 ans, la justice française refusait de l'incarcérer sur son île afin que ses proches puissent le visiter.

Une mobilisation massive et déterminée

Les dizaines de milliers de manifestants et manifestantes, notamment des lycéens, lycéennes, étudiants et étudiantes, sont sortis pour dénoncer le rôle de l'État français dans la mort d'Yvan Colonna et revendiquer, plus généralement, les droits du peuple corse. Au-delà d'une reconnaissance culturelle, linguistique et historique, c'est la situation de dépendance de l'île qui est remise en cause. L'économie corse est tournée vers les besoins de celle de la France, notamment pour le secteur du tourisme. Outre ses conséquences environnementales pour le littoral, le développement du tourisme de masse et de ses infrastructures se fait au détriment d'autres secteurs d'activité et des services publics. Beaucoup de jeunes travailleurs et travailleuses doivent quitter l'île pour étudier ou trouver un emploi. C'est pour cela que la jeunesse s'est révoltée et n'a pas hésité pas à se confronter aux forces de l'ordre françaises et à l'appareil répressif de l'État, en imposant des reculs à la police.

Depuis sept ans, l'assemblée de Corse est dirigée par les nationalistes. Mais en quelques jours, les manifestations ont obtenu bien plus d'avancées que les élus en plusieurs années : le ministre de l'Intérieur Darmanin se dit prêt à discuter de l'autonomie de l'île, c'est-à-dire d'un changement de statut qui lui donnerait plus de liberté vis-à-vis du gouvernement français.

Bien sûr, il ne s'agit pour le moment que de promesses sans garanties. Bien sûr, l'autonomie de la Corse ne voudrait pas dire le droit du peuple à disposer de lui-même. Et même s'il finit par imposer son indépendance politique, cela ne mettra pas automatiquement fin à sa situation de dépendance économique. Pour véritablement réorienter le développement de la Corse vers la satisfaction des besoins de la majorité de la population, pour mettre fin à l'exploitation et aux catastrophes écologiques, il faudrait que le mouvement d'indépendance soit dirigé par ceux et celles qui créent les richesses et font tourner la société, les travailleurs et les travailleuses.

Mais quelles qu'en soient les limites, le mouvement de la jeunesse corse est un exemple à suivre : c'est par des mobilisations à la fois massives et déterminées que notre camp social, celui des exploités et des opprimés, pourra imposer ses droits.

À l'élection présidentielle, votons comme nous luttons !

Macron a beau ouvrir la porte à l'autonomie, il n'en a pas moins condamné la mise en berne des drapeaux corses en hommage à Yvan Colonna. Quant à ses adversaires, de droite et d'extrême droite comme de la gauche institutionnelle, leur condamnation des mobilisations est unanime, au nom de la défense de l'ordre social et de l'État français.

Les politiciens et politiciennes de la bourgeoisie détestent par-dessus tout que ceux et celles d'en bas relèvent la tête, remettent en cause le fonctionnement de la société... Et démontrent que des victoires sont possibles.

Les salariés en grève pour leurs salaires et contre la dégradation de leurs conditions de travail, comme à la RATP en région parisienne ou dans de  nombre d'entreprises privées et de services publics, démontrent là aussi que notre classe n'a rien à attendre des élections et des institutions.

C'est ce que nous affirmons avec la campagne de Philippe Poutou : nous n'améliorerons pas durablement notre sort sans des luttes puissantes, et même sans une révolution pour renverser l'État et tout le système capitaliste, sans la prise du pouvoir politique et économique par les travailleurs et les travailleuses !