Rassemblement en solidarité aux migrant-es de Melilla à Malaga.
Melilla : le gouvernement PSOE-UP face à ses contradictions
Le 24 juin, à l’entrée de Melilla, enclave de l’État espagnol au Maroc, au moins 27 migrant-es ont trouvé la mort en essayant de traverser la frontière sous les coups des forces de l’ordre marocaines et espagnoles. Ce jour-là, ce ne sont pas moins de 2000 migrant-es qui ont tenté d’escalader le grillage barbelé de six mètres de haut qui sépare les deux pays, s’exposant à une répression policière effroyable.
Le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a dénoncé une attaque contre « l’intégrité territoriale » de l’État espagnol et a souligné « le travail extraordinaire des forces de l’ordre marocaines », légitimant, de fait, la répression policière violente. Le parti de la « gauche radicale » Unidad Podemos, membre du gouvernement, a dit « être sous le choc ». Mais ses ministres Yolanda Diaz et Alberton Garzon n’ont pas daigné communiquer publiquement et n’ont pas envisagé de démissionner du gouvernement pour autant. Ce gouvernement PSOE-UP, auto-proclamé « le plus progressiste de l’histoire de l’État espagnol », n’a pas l’air d’avoir l’intention de protéger ces migrant-es et de les aider alors même que selon Amnesty International, la plupart d’entre elles et eux pourraient prétendre au statut de réfugié-e !
Les manifestations de solidarité avec les migrant-es se sont multipliées dans l’État espagnol avec pour mots d’ordre : « les frontières tuent » et « les vies des personnes noires comptent » (« las vidas negras importan »). Elles ont dénoncé la politique criminelle de l’Europe forteresse vis-à-vis de l’immigration, mais aussi l’inaction du gouvernement de Pedro Sanchez. Dans le rassemblement de Madrid, on a pu entendre scander : « Le gouvernement progressiste est aussi raciste ! » (« Gobierno progresista también es racista »). Ce slogan met en lumière toute l’hypocrisie de la coalition PSOE-UP dont le président préfère brosser le régime marocain dans le sens du poil : en mars, l’État espagnol a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, au mépris de toute perspective d’auto-détermination des Saharouis. Cette reconnaissance de souveraineté fait suite à des mois de crise diplomatique entre les deux pays. Sanchez ne veut donc pas remettre en cause la gestion policière meurtrière à la frontière.
À la frontière entre les États-Unis et le Mexique, les drames se poursuivent
Lundi 27 juin, au Texas, cinquante personnes ont été trouvées mortes à l’arrière d’un camion abandonné, 27 autres, déshydratées, ont été transférées à l’hôpital. Ces individus étaient des migrant-es, originaires d’Amérique latine (en majorité du Mexique), qui avaient tenté, comme beaucoup d’autres, de traverser la frontière pour se rendre aux États-Unis.
Les républicains et les démocrates se renvoient la balle, les premiers accusant la politique « d’ouverture des frontières » de Biden, les seconds les réformes migratoires de Trump, qui ont considérablement durci le passage entre le Mexique et les États-Unis. En réalité, ce drame est le résultat d’un choix qui met les deux camps d’accord : la fermeture des frontières. Ces tragédies se sont multipliées depuis des années, que l’administration soit démocrate ou républicaine. Et pendant que les deux partis rejettent la faute l’un sur l’autre, ce sont au moins 650 personnes qui sont mortes en essayant de traverser la frontière en 2021 selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Solidarité avec les migrant-es du monde entier
Nous sommes solidaires avec les victimes de ces drames et tou-tes les migrant-es et personnes déplacées. Les démocraties européennes n’ont pas de problème à maintenir leur domination coloniale sur l’Afrique et à piller ses ressources, mais elles refusent d’en assumer les conséquences. De même pour les États-Unis, qui continuent de chercher à contrôler l’Amérique latine et à y exercer leur domination, tout en réprimant violemment les migrant-es à la frontière avec le Mexique. Les migrations de populations sont des conséquences de ce système capitaliste, et particulièrement de l’impérialisme.
La lutte pour l’ouverture des frontières et l’accueil de tou-tes les migrant-es met en avant la responsabilité des États impérialistes dans les crises migratoires. Notre classe, celle des opprimé-es et des exploité-es du monde entier, a la responsabilité de créer une mobilisation internationaliste contre l'exploitation des travailleurs et des travailleuses et contre la domination des grandes puissances sur le reste du monde.
La situation est urgente, les drames de Melilla et du Texas sont loin d’être des cas isolés. Ces derniers jours 170 migrant-es ont été « sauvé-es » en Méditerranée par les garde-côtes grecs. En Libye, on a retrouvé 20 migrant-es mort-es de soif dans le désert, sans compter les déplacements de population dus à la sécheresse actuelle. Avec l’accélération du réchauffement climatique, certaines régions vont rapidement devenir inhabitables en Afrique ou en Asie, comme l’Inde, qui comptabilise 1,38 milliard d’habitant-es, où il a fait 50°c au mois de mai et où les canicules ont augmenté de 60 % depuis 1980.
Comme cela a été le cas pour les migrant-es ukrainien-nes, il est impératif d’accueillir les migrant-es du monde entier qui fuient la guerre, le réchauffement climatique et la misère, conséquences d’un système capitaliste à bout de souffle. Il faut mettre fin aux politiques migratoires racistes, répressives et meurtrières et enfin ouvrir les frontières. Ces revendications, toujours essentielles aujourd’hui, ne pourront être imposées que par le rapport de force que notre camp social saura créer. En effet, les seules barrières qui demeurent sont entre les classes : le réchauffement climatique, les pandémies, l’exploitation capitaliste ne connaissent pas de frontières. C'est à l’échelle mondiale que nous devons lutter contre l’impérialisme et le système capitaliste !
Anaïs Darmony