Travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi : ne nous laissons pas diviser !


Lors de ses discours et interviews à la Fête de l'Humanité, l'ancien candidat du Parti communiste français à la présidentielle, Fabien Roussel, a fait parler de lui en opposant « le travail » aux « allocations et minima sociaux. » Le chouchou des médias de droite et des intellectuels réactionnaires estime qu'il faut « mettre fin à un système qui, aujourd'hui, nourrit le chômage par les allocations chômage. » Depuis, ses camarades du PCF sont montés au créneau pour expliquer que Roussel a été mal compris. Mais il ne pouvait pas ignorer que ses propos allaient entretenir la division dans notre classe sociale en stigmatisant les travailleurs et travailleuses privés d'emploi.


Énième attaque contre l'assurance chômage

Avant de s'en prendre à l'ensemble de notre classe avec le retour de la réforme des retraites, le gouvernement a annoncé la mise en chantier d'une nouvelle attaque sur l'assurance chômage.

L'allocation chômage coûterait trop cher et n'inciterait pas à rechercher un emploi ? Quel mensonge ! À l'heure actuelle, seuls 40 % des chômeurs et chômeuses la tou
chent : les plus jeunes n'ont pas encore assez travaillé pour y avoir droit. D'autres alternent les petits boulots et les périodes de chômage, et si leurs derniers salaires ou leur nombre d'heures ont été « trop élevés », leurs indemnités sont perdues. Enfin, beaucoup sont en fin de droit. Après deux ans sans retrouver un emploi, ou trois ans pour les plus de 53 ans, il faut se contenter de l'allocation de solidarité spécifique ou du RSA, des montants qui ne permettent certainement pas de vivre convenablement.

Et ces conditions se durcissent : depuis l'année dernière, et l'entrée en vigueur de la dernière réforme, il faut avoir travaillé au moins six mois pour toucher une allocation, contre quatre auparavant. Selon l'UNEDIC, d'ici à la fin de l'année, cette mesure va priver de droits 190 000 personnes supplémentaires.

Pourtant, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, trouve que les règles ne sont pas assez dures ! Son projet serait de moduler le temps de travail nécessaire à l'ouverture de droits en fonction du niveau du chômage, peut-être même en différenciant selon les régions : si le taux de chômage est plus élevé dans les Hauts-de-France qu'en Bretagne, la période de travail nécessaire sera rallongée davantage dans la seconde région...


Luttons pour nos emplois... Et nos conditions de travail !

Plusieurs secteurs sont actuellement « en tension » : dans l'agriculture, la restauration, l'entretien, les soins, la manutention, le bâtiment, la mécanique, la conduite des bus, l'enseignement...

Pourquoi l'ensemble des travailleurs et travailleuses privés d'emploi n'occupent pas ces emplois vacants ? D'abord parce que tout le monde n'en a pas la compétence, ensuite parce que les salaires ne sont pas suffisants : parfois, la garde d'enfants ou les dépenses d'essence pour se rendre au travail coûtent plus cher que ce que rapporte le salaire. Et l'inflation actuelle rend plus visible encore l'insuffisance du SMIC.

Alors plutôt que de durcir les règles pour ceux et celles qui n'ont pas de boulot, il faut plutôt les durcir pour la classe qui dirige l'économie : augmentons les salaires d’au moins 300 euros, avec un SMIC à 2000 euros et des salaires qui suivent automatiquement l'augmentation des prix, interdisons les licenciements, partageons le temps de travail jusqu'à ce que chacun et chacune ait un emploi, créons des postes là où c'est utile, dans les services publics des transports, de la santé ou de l'éducation, avec de vrais statuts et des conditions qui ne donnent pas envie de s'enfuir !

Voilà ce que toutes et tous, travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi, précaires ou stables, nous devons revendiquer côte à côte. La journée de grève interprofessionnelle du 29 septembre, pour les salaires, sera l'occasion d'unir nos secteurs et nos bagarres. À nous d'en faire un succès pour entamer la contre-attaque face au gouvernement et aux patrons !