Retraite à 65 ans, Macron veut aller très vite... N'attendons plus pour lancer la contre-offensive du monde du travail !


Repousser l'âge légal de départ en retraite à 65 ans, Macron en rêve depuis des années. Il l'a annoncé comme l'une des priorités de son deuxième mandat et tout devait être plié pour l'été 2023. L'ébullition sociale à propos des augmentations de salaires, avec les grèves dans les raffineries et les dépôts de carburant et la crainte du pouvoir d'une extension à d'autres catégories de salariés, lui ont fait abandonner l'idée de faire passer son projet dès cet automne via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023. En fait, le pouvoir en place marche sur des œufs avec cette nouvelle attaque contre nos retraites. Il sait que le report de l'âge légal de départ en retraite à 65 ans est profondément impopulaire. Par ailleurs, aucune organisation syndicale ne le défend, contrairement à d'autres attaques contre les retraites qui ont pu recevoir l'accord de certaines directions syndicales dans le passé. Et ce d'autant que le report de l’âge légal de départ sera sans doute accompagné d’un allongement de la durée de cotisation, au-delà des 172 trimestres prévus pour toutes celles et tous ceux qui sont nés après 1973.

Derrière le report de l'âge légal, il y a le capital !

Même le Conseil d’orientation des retraites (COR), qui n’est pas du tout un repaire de gauchistes, a annoncé qu’il n’y avait rien de catastrophique dans l’équilibre des comptes des caisses de retraites. Par contre, les actionnaires du CAC 40 se réjouissent d’avance des 65 ans au compteur pour les futurs retraités… Comme leur ont fait plaisir toutes les contre-réformes précédentes qui expliquent en partie comment les fortunes des plus riches ont pu croître en trente ans dans de telles proportions. En faisant travailler plus longtemps celles et ceux qui ont un emploi, on « booste » le chômage des jeunes, ce qui affaiblit les résistances ouvrières, ce qui facilite l’exploitation de la main d’œuvre (conditions de travail et rémunérations dégradées), ce qui se traduit d’ailleurs par une très grande productivité du travail en France et par des taux de profit parmi les plus élevés au sein de l’Union européenne.

À la tactique gouvernementale à deux balles...

Désormais pressé par le temps, le gouvernement joue le fin tacticien et envisage désormais de découpler sa réforme en deux textes législatifs. Le report de l’âge de départ à 64 ou 65 ans serait passé via un budget de la Sécu rectificatif en janvier, en utilisant le 49.3 si besoin, tandis que les mesures « positives » seraient rassemblées dans un projet de loi spécifique annoncé en début d'année. En saucissonnant ainsi les affaires, le gouvernement pourrait d'abord mettre un coin dans l'unanimité contre la retraite à 65 ans, mettre certaines directions syndicales dans sa poche en filant quelques miettes à propos de l'emploi des seniors ou de la pénibilité ! Puis il espère ensuite convaincre qu'il lutte contre les retraites de misère, en faisant miroiter que plus aucune pension ne serait en-dessous de 1030 euros par mois... alors qu'aujourd'hui le minimum vieillesse est à 953 euros !

… il faut opposer une vraie stratégie de classe !

Ne pas laisser passer ces nouvelles attaques contre nos retraites est un enjeu majeur pour notre camp social, comme cela l'a été en 1995, en 2003, en 2010, en 2019-2020. La dernière fois, contre la retraite à points, on a gagné, ce projet n'est pas passé, et d'ailleurs Macron n'y revient pas. C'est le mouvement de grève prolongé lancé par les salariés de la RATP et la SNCF, avec les efforts d'autres salariés pour le généraliser à l'ensemble du monde du travail, qui a permis cette victoire. Et c'est seulement après que le Covid a permis de confiner la colère sociale.

Alors, c'est le moment de sortir aussi notre calendrier à nous, les salariés, les jeunes, les retraités, les privés d'emploi. Vite, ouvrons toutes les cases... et partout il y a écrit « toutes et tous ensemble » et « grève générale » ! Pour la retraite à 60 ans maximum, à 37,5 annuités de cotisation, avec une pension équivalente à 75 % du dernier salaire pour toutes et tous et indexée sur l’inflation… c’est le minimum pour nos vieux jours ! Que Macron et le CAC 40 se le disent ! Contre le choix de faire travailler plus longtemps les pauvres, il y a le choix de faire payer les riches.