Anticapitalisme et Révolution !
Le courant du NPA, Anticapitalisme et Révolution, est né les 30 novembre et 1er décembre 2013. Il regroupe les militant-e-s qui se reconnaissent dans sa déclaration de constitution adoptée à cette occasion et dans le texte de la plateforme Y, « Un parti anticapitaliste et révolutionnaire pour l’intervention dans la lutte de classes », qui avait obtenu 32 % des voix au congrès du NPA de février 2013 [1].
La crise du système capitaliste, qui est toujours devant nous, n’ouvre pas mécaniquement un boulevard pour les révolutionnaires. On assiste plutôt à une progression de l’extrême droite, tandis qu’un projet politique réformiste s’est reconstitué à travers le Front de gauche. Mais à ces difficultés objectives s’ajoutent pour le NPA des choix d’orientation erronés. Sa majorité de direction, avec sa stratégie de construction d’une « opposition de gauche » pour un « gouvernement anti-austérité », axe en effet sa politique sur une démarche permanente d’interpellation, discussion et recherche d’accords politiques avec le Front de gauche. Affirmer qu’un tel gouvernement pourrait exister avec le Front de gauche (comme avec son « modèle », Syriza en Grèce), c’est leurrer ceux qui nous écoutent.
Car le Front de gauche n’est pas anticapitaliste. Sa direction n’a pas pour objectif d’élargir les brèches d’un système en crise, mais de les colmater. Son intervention propre, comme celle de ses membres au sein des directions syndicales, ont pour conséquence l’accompagnement des contre-réformes des retraites ou bien des rythmes scolaires. Avec pour corollaire le refus d’organiser la riposte à la politique anti-ouvrière et anti-immigrée du gouvernement Hollande-Ayrault.
Un Rubicon a même été franchi quand Jean-Luc Mélenchon a traité d’« esclaves » et « nigauds » les travailleurs bretons qui se battent pour leurs emplois. Tournant le dos aux dizaines de milliers de salariés et de paysans qui manifestaient le 2 novembre à Quimper, le Front de gauche défilait le même jour à Carhaix en défense du gouvernement.
La préparation des élections municipales est une illustration de la politique majoritaire que nous contestons. La variété de listes impliquant le NPA donne lieu à une cacophonie. Les accords locaux passés avec le Front de gauche dans des villes significatives ne font que cautionner sa stratégie et sa politique. Au lieu d’agir sur les contradictions des réformistes autour de leur rapport au gouvernement, ce sont encore une fois les réformistes qui agissent sur nos faiblesses.
C’est l’inverse qu’il faudrait faire. Tenter de présenter partout où c’est possible des listes anticapitalistes. Mettre au centre de nos discussions, à tous les niveaux, notre politique d’intervention et notre indispensable implantation. Nous devons construire des cadres de front unique à chaque fois que cela permet de mettre en mouvement les travailleurs et la jeunesse contre la politique que mènent ce gouvernement et le patronat, et de faire avancer le rapport de forces pour notre camp social. Mais en même temps, pour marcher sur nos deux jambes, construire le NPA comme outil indépendant d’orientation et de combat pour les jeunes et le monde du travail.
Cette bataille pour l’émergence d’une nouvelle orientation, donc aussi d’une nouvelle direction, passera à la fois par des démonstrations militantes, la formulation et défense quotidienne de nos propositions, le développement de débats stratégiques. Dans le même temps, nous continuerons bien évidemment le travail de construction à tous les niveaux du NPA. Nous nous efforcerons d’aider concrètement les comités à développer leur intervention et à formuler leur politique dans la lutte de classes. Le courant doit servir à être plus efficaces, constituer un outil pour l’intervention, en particulier autour de nos priorités : action des comités, structuration des branches, formation, construction dans la classe ouvrière et la jeunesse.
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Note
Note
[1] Notre bilan de ce congrès, publié dans la revue du NPA de mars 2013, est disponible sur : http://npa2009.org/node/37139.