Edito du 02/06/14

DÉFENDRE TOUS ENSEMBLE NOS INTÉRÊTS


De grands mots racoleurs ont été utilisés à la suite des élections européennes : « séisme, tremblement de terre », pour qualifier les résultats du FN, qui recueille 25% des voix, se plaçant ainsi en tête de tous les autres partis. Grâce à l'abstention massive. Seuls 20 millions d'électeurs ont voté, et 27 millions se sont abstenus. Le FN obtient 11% des inscrits, et 4,7 millions de voix, ce qui, à une élection autre que présidentielle, est bien sûr un chiffre important. A comparer toutefois avec les 6,4 millions des dernières présidentielles et les 4,5 millions des présidentielles de... 1995.

Ce qui est frappant, c'est l'effondrement des grands partis traditionnels qui ont perdu des millions de voix, et le fait que le FN ait en partie réussi à détourner à son profit l’écœurement provoqué par la politique anti-ouvrière et pro-patronale du PS.

Le FN : ennemi des travailleurs

Mais l'illusion qui consiste à dire : on a tout essayé, alors pourquoi pas le FN est dangereuse, car ce parti, malgré sa démagogie, n'a aucun intérêt pour la classe ouvrière. On l'a vu avec les déclarations très politiciennes de Marine Le Pen, le soir de l'élection. Nul mot pour les sacrifiés de la crise, mais juste la réclamation de la dissolution de l'assemblée en vue de nouvelles élections législatives. Comme les autres politiciens, elle vise l'élection présidentielle de 2017. Car à aucun moment, elle ne s'en prend aux véritables responsables de la situation actuelle : les grands patrons, ces assistés qui se contentent d'empocher les milliards mis à leur disposition, et continuent de licencier à tour de bras.

Non, décidément, on ne résoudra pas nos problèmes par une élection, encore moins en votant pour le FN, ce parti qui vise à faire porter la responsabilité de la crise aux travailleurs immigrés, ou à l'Europe, qui est seulement l'addition des gouvernements nationaux visant à imposer l'austérité aux salariés de leurs pays.

Reprendre le chemin des luttes collectives

Des milliers de jeunes sont descendus dans la rue à la suite du résultat en France pour dénoncer l’extrême droite et crier leur inquiétude du fait que les idées de haine et de division trouvent une telle approbation parmi la population. Les médias ont dit qu’un jeune sur 3 avait voté pour le FN. En réalité, 9% de l’ensemble des jeunes qui ont voté l’ont fait pour ce parti. C’est trop, bien sûr, mais moins que l’on veut nous le faire croire.

Les jeunes descendus dans la rue aux cris de « 20 ans de politiques anti-sociales, c'est 20 % pour le Front National ! » ont bien raison de vouloir faire reculer l'extrême droite et toutes les politiques anti-ouvrières et anti-immigrés qui nourrissent sa montée. Le 7 juin prochain à Paris ou le 5 dans de nombreuses villes, nous pouvons nous mobiliser autour des manifestation en mémoire de Clément Méric assassiné par un violent groupe d'extrême droite.

Ces manifestations montrent que nous avons d'autres armes que le bulletin de vote. Et notamment celle de retrouver le chemin des luttes collectives, de se réapproprier les idées de solidarité. Car c'est là que se trouvent les vraies "valeurs" des exploités. C'est tous ensemble, unis, par-delà les origines, par-delà les frontières, que nous pouvons faire ravaler les politiques d'austérité menées partout, en Europe. Et dans ces combats, nul doute que les idées d'extrême droite, anti-étrangers et anti-ouvrières, retourneront dans l'oubli, d'où elles n'auraient jamais dû sortir ! Les seules victoires seront celles gagnées par les jeunes, la population travailleuse utilisant ses armes que sont les manifestations et les grèves.