La mort de Rémi Fraisse a suscité l’indignation et la colère dans de larges franges de la jeunesse. Au cours des deux dernières semaines, on a ainsi vu descendre dans la rue plusieurs milliers de lycéens, à Paris, à Marseille et à Rouen, exprimant leur rejet des violences policières, du gouvernement et de l’ordre social que celui-ci s’applique à défendre.
Alors que le gouvernement tentait par tous les moyens de se dédouaner de la mort de Rémi Fraisse en stigmatisant les militantEs anti-barrage, présentés comme des « casseurs » et de « dangereux anarchistes », la mobilisation lycéenne a permis de changer quelque peu le climat politique. Plus qu’une simple réaction à la mort d’un jeune militant, c’est un véritable coup de colère contre la politique du gouvernement qui s’est exprimé dans ces manifestations lycéennes, dénonçant aussi bien les violences policières que l’expulsion de Yero, jeune lycéen sans papiers.
L’expérience acquise lors des mobilisations de l’année dernière contre les expulsions de Léonarda et Khatchik a permis d’organiser de manière très réactive des initiatives de rue et de développer très rapidement les liens entre les différents établissements, avec la mise en place d’AG inter-lycées. Cependant, malgré ces acquis organisationnels et le caractère très politique et radical de cette mobilisation, celle-ci s’est aussi confrontée à un certain nombre de limites.
Une nouvelle journée nationale
Dans les établissements, la mobilisation s’est notamment heurtée à d’importantes difficultés de structuration. Souvent perçu comme une fin en soi, le blocage systématique des lycées s’est ainsi souvent opposé au développement de cadres de discussions entre lycéens, de rédaction de tracts et de départs en manifestation organisés en cortèges. Les objectifs de la mobilisation sont ainsi restés flous pour beaucoup de lycéens qui ne s’identifiaient pas de manière spontanée à Rémi Fraisse, et il a été difficile de passer d’un sentiment d’indignation générale à celui d’une lutte organisée et structurée autour de revendications précises.
Ces éléments ont été un frein à l’élargissement de la mobilisation qui est rapidement devenue minoritaire dans la plupart des établissements. Cependant, ces derniers jours, la mobilisation s’est étendue sur les universités, notamment à Toulouse le Mirail où 1 200 étudiantEs se sont réunis en AG, et ont manifesté contre les violences policières et les restrictions budgétaires dans les universités, mais aussi à Rennes 2 et dans certains lycées de province.
Le jeudi 20 novembre a lieu une mobilisation nationale : elle devra être un point d’appui pour tenter d’unifier les différents secteurs de la jeunesse autour de la lutte contre la répression et les mesures liberticides du gouvernement, et du refus des coupes budgétaires dans l’éducation.
Léa
Hebdo L'Anticapitaliste n° 265 (20/11/14)