Edito du 13/01/15



NON à la récupération de notre légitime indignation
NON à l'union nationale derrière ceux 
qui exploitent et font la guerre
 
Une immense vague d’indignation et d’émotion a soulevé le pays, face à l’attaque à l’arme lourde contre Charlie Hebdo, à quoi s’est ajoutée la prise d’otages sanglante dans le supermarché kasher. Les attentats visaient les journalistes pour ce qu’ils ont écrit et dessiné et les clients de la supérette pour leur appartenance religieuse au judaïsme. Face à ces actes meurtriers et racistes, en quelques jours, des millions de personnes sont descendues dans la rue.
Le gouvernement français a rebondi sur cette émotion légitime pour en faire une gigantesque opération de récupération autour d’une soi-disant unité nationale avec pour alliés la droite et l’extrême droite. Oubliées les interdictions de manifester en solidarité de la Palestine ou pour dénoncer l’assassinat d’un militant écologiste. Pour ces gens-là clairement, il y a deux poids et deux mesures.

Une union internationale « des affreux »  
A côté de ce gouvernement antisocial, ont été invités à se joindre les dirigeants de ce monde, pour beaucoup des dictateurs : le sioniste Netanyahu, le fasciste Orban, ou encore Erdogan, champion de la censure de la presse. Sans oublier les Merkel et Junker qui mettent au pas les salariéEs partout en Europe sous couvert d’indispensable austérité.
Bush avait tiré prétexte des attentats du 11 septembre pour envahir l’Afghanistan puis l’Irak. Hollande a annoncé sa détermination à renforcer la prétendue « guerre contre le terrorisme ». En réalité, ces guerres incessantes ne visent qu’à maintenir la domination des multinationales, leur droit à piller les ressources naturelles. Le chaos créé par l’occupation de l’Afghanistan (2001), de l’Irak (2003) ou par le bombardement de la Lybie (2011), a créé un terreau sur lequel prospèrent les intégristes.

La porte ouverte à de nouvelles restrictions des libertés, 
à la division des classes populaires
Redéploiement militaire dans les gares, contrôle des cartes d’étudiants à l’entrée des facs et combien de mesures liberticides en projet qui renforceront les contrôles aux frontières et les mesures répressives contre les sans-papiers.
Dans les milieux immigrés et parmi les musulmans, on craint que ces attentats n’accentuent le climat raciste et islamophobe. Une crainte malheureusement fondée, en témoigne la dizaine d’attaques de mosquées depuis les événements. De Sarkozy à Valls, ils ont favorisé ces divisions, à coups de démagogie permanente contre les travailleurs immigrés, contre les musulmans et contre les Roms. Il faudra démontrer qu’uni le monde du travail est plus fort pour s'opposer à l'exploitation et à toutes les formes d'oppression.
Ce que le gouvernement et les médias n’expliquent pas, c’est pourquoi des individus passent à l’acte et assassinent : le terreau du terrorisme c’est la désespérance face à la misère et l’exploitation, face au chômage dans les quartiers défavorisés, la désespérance due au rejet parce que l’on n’a pas la même couleur de peau, que notre nom n’a pas la même consonance nationale. Il faut être révolté par l’insistance avec laquelle certains journalistes et politiciens ont ces derniers jours mis la pression sur les musulmans en leur demandant de s’excuser de crimes qu’ils n’ont pas commis. L’humiliation aussi, ça fait des ravages.

L’union nationale, pour faire oublier la guerre de classe à l’intérieur
Le ralliement d’une large partie des organisations politiques et syndicales de gauche à cette union sacrée du gouvernement et de la droite est problématique. Seule l’extrême gauche (le NPA, Lutte Ouvrière et quelques autres) l’a clairement dénoncée.
Il est urgent que les organisations politiques qui ont refusé d’emblée la marche de dimanche s’adressent à l’ensemble du mouvement ouvrier et se donnent les moyens de se faire entendre avec une initiative de rue indépendante du gouvernement, de tous ceux qui nous exploitent et multiplient les guerres impérialistes.