Depuis deux mois, un collectif formé d'associations (DAL, 115 du Particulier, ADJIE, Bread and Roses, etc.), de syndicats (Solidaires), d'organisations politiques (NPA, AL, PG, Ensemble) et d'individus lutte aux côtés des mineurs isolés étrangers à Paris pour leur prise en charge par l’État. Nous revenons ici sur les raisons pour lesquelles les militantes et militants anticapitalistes révolutionnaires doivent s’impliquer dans ce type de mobilisations ainsi que sur la manière de le faire.
Cette implication ne va pas en effet de soi. Au premier abord ce travail pourrait sembler davantage relever d’associations que d'une organisation politique. Beaucoup de luttes des immigrés sont non seulement très chronophages du point de vue des soutiens (du fait de la situation d'extrême précarité du public) mais de plus nécessitent une expertise dans un champ particulier (droit de l'immigration, connaissance du système scolaire ou médical, etc.) ou une logistique (fourniture de nourriture, hébergement) dont les organisations révolutionnaires sont aujourd'hui dépourvues même si cela n'a pas toujours été le cas (le Parti communiste allemand, avait réalisé, après la crise de 29, un travail important sur la question du logement).
Des luttes de la classe ouvrière
Tout d'abord, il est nécessaire de comprendre que les luttes des immigrés, celle-ci comme les autres, sont des luttes de la classe ouvrière. En France, même si tous ces mineurs sont venus pour étudier, beaucoup iront grossir le bataillon des travailleurs immigrés.
Ces jeunes, fuyant des pays ravagés par l'impérialisme français, ses alliés et les monstres qu'il a créés, ont eu pour les plus âgés d'entre eux des expériences de travail dans leur pays d'origine : garçon de salle à l'hôpital de Kaboul, réparateur d'ordinateur à Bamako... Pas mal viennent de milieux ruraux, où ils ont travaillé les champs.
Pour nombre de militants, associatifs ou même politiques, ces luttes sont avant tout des luttes démocratiques, extérieures au mouvement ouvrier car extérieures au lieu de travail, où le rôle des militants est simplement de « soutenir » d'autres. Cette vision théorique a des conséquences pratiques, principalement sur l'importance du rôle des premiers concernés dans la lutte et la place de l'auto-organisation des opprimés. Dans la lutte des mineurs isolés étrangers (MIE), les militants du NPA ont à la fois défendu une orientation combative dans le collectif de soutien, et défendu avec d'autres l’idée que cette lutte ne pourra fonctionner que si les MIE élisent leurs délégués et dirigent eux-mêmes leur mobilisation.
Se rendre utile
Du point de vue de notre intervention, outre notre présence aux rassemblements de soutien et à l'occupation de la PAOMIE, nous avons participé à la collecte d'argent et à la distribution de nourriture.
Ne serions-nous pas en train de sortir du cadre politique pour adopter une posture humanitaire ? Sans ces collectes et ces distributions de nourriture, la mobilisation n'aurait pas pu exister. En effet, les permanences tenues par des militants associatifs, auxquelles nous avons modestement contribué, permettent d'avoir un lieu de regroupement et de discussion avec les MIE. En plus des réunions hebdomadaires du collectif tous les dimanches, où sont conviés les MIE après un repas pris en commun, ces permanences permettent à la fois aux jeunes de survivre (il faut se rappeler qu'ils n'ont aucune ressource) mais aussi d'avoir un espace de discussion, de se connaître dans un cadre moins formel et de tisser des liens humains essentiels à la lutte.
Du point de vue de notre organisation, cette lutte a permis aux militants du NPA du quartier d'avoir une intervention concrète et pas uniquement propagandiste, de se poser réellement la question de comment gagner une lutte et de comment faire évoluer la conscience de classe des opprimés. Cela nous a également permis de travailler avec les autres organisations politiques, syndicales et associatives de notre quartier : plutôt qu'une unité politique à la fois abstraite et factice, faire l'unité dans la lutte, gagner le respect des autres par le labeur militant qu'on abat et pas par les formules que l'on débite.
MANIFESTATION
en soutien aux MIE et aux lycéens sans-papiers
en soutien aux MIE et aux lycéens sans-papiers
Samedi 7 mars
11 h, place de l'Hôtel de Ville à Paris.
11 h, place de l'Hôtel de Ville à Paris.
Les jeunes isolés et les soutiens se rassembleront à 10 h devant la PAOMIE
(127 boulevard de la Villette) et rejoindrons ensemble la manifestation.
(127 boulevard de la Villette) et rejoindrons ensemble la manifestation.