Edito du 26/06/15

TRAVAILLEURS DE TOUS LES PAYS, NOUS AVONS LES MÊMES INTÉRÊTS


Depuis le 14 mai, 5000 ouvriers de Renault Bursa en Turquie sont en grève pour obtenir de meilleurs salaires, et la liberté syndicale contre le syndicat installé de force par les patrons. Cette usine produit la plus grande partie des pièces de la Clio 4, pour d'autres usines Renault en France et en Espagne. Le mouvement de grève fait suite à celui de l'usine Bosch, dans la même zone industrielle, qui a obtenu une augmentation d'environ 20%, suite à une inflation galopante. Le mouvement fait tâche d'huile dans la zone industrielle : 4500 ouvriers du groupe Fiat sont entrés en lutte, suivis par de nombreux équipementiers automobiles. Puis, les ouvriers d'autres grandes villes industrielles sont gagnés par la grève, comme à Hyundai et Ford entre autres. C'est une possibilité de grève générale qui se dessine ainsi, car presque chaque constructeur automobile mondial possède une usine de production en Turquie.

La grève est très populaire : partageant les mêmes revendications, les travailleurs d'autres usines de la zone viennent à la rencontre des grévistes, leur apportant de la nourriture, et refusant les heures supplémentaires. Les ouvriers de Renault Bursa se sont organisés, élisant quelque 8 délégués centraux, lesquels, seuls habilités à discuter avec la direction, rendent compte de leurs discussions devant les assemblées de travailleurs. Et ils tiennent bon face aux intimidations de toutes sortes et à la fermeté tout d'abord affichée de la direction de Renault, qui leur a envoyé une lettre pour les avertir que "leurs manifestations perturbent le travail, constituent un crime et que seront licenciés ceux qui poursuivent ces actions".

Une même politique des capitalistes

On voit comment Renault exploite sans vergogne nos camarades turcs, pour remplir ses coffre forts, avec des salaires misérables. Mais les patrons en veulent toujours plus et estiment que les coûts de main d'oeuvre sont trop élevés en Turquie ! De la même façon qu'ici, où dans toutes les entreprises, on veut nous faire travailler plus pour gagner moins. Il n'y a qu'à voir "l'accord de compétitivité" signé à Michelin récemment : travailler 28 dimanches par an, et laisser l'usine ouverte sept jours sur sept. Des vies sacrifiées pour fabriquer...des pneus. Avec le chantage c'est ça ou on ferme.

La riposte doit être commune

Une même politique est à l’œuvre partout par les mêmes capitalistes qui nous exploitent en France, en Turquie, ou ailleurs. Face à eux et à leur détermination, il nous faut envisager une lutte commune. En France, voici qu'on veut supprimer des jours de RTT et allonger la durée du travail des salariés des hôpitaux, qui n'en peuvent déjà plus d'être en sous effectifs chroniques. Il s'agirait ainsi de "sauver" 4000 emplois. L’État emploie le même chantage que dans le privé. Mais trop c'est trop ! Cette mesure ne passe pas. Les hospitaliers ont manifesté massivement à Paris, venant de dizaines d'hôpitaux. Une autre journée est d'ores et déjà prévue le 28 mai pour amplifier le mouvement et faire ravaler cette agression à la direction de l'assistance publique.

Que ce soit en Turquie dans l'automobile, en France dans le privé ou le public, nous sommes frappés de la même façon. Les travailleurs de Renault Bursa, en s'auto-organisant et en résistant ensemble, sont en train d'entraîner à leur suite de nombreux autres travailleurs. Ici, les salariés des hôpitaux, les enseignants des collèges et du primaire développent leur lutte, qui pourrait également montrer la voie d'un mouvement généralisé.