Il faut permettre aux classes populaires d'exprimer leur colère par un vote unique NPA-LO ! |
Sans avoir été une déferlante, le 9 avril s’est inscrit dans un contexte marqué par de nombreuses luttes partielles pour des augmentations de salaire. Alors que les directions syndicales refusent d’engager le bras de fer avec le gouvernement, et que d’élections en élections, les classes populaires expriment leur mécontentement par l’abstention massive et parfois le vote FN, l’extrême gauche doit prendre ses responsabilités.
Les luttes actuelles
La bourgeoisie continue d’imposer l’austérité aux travailleuses et aux travailleurs. Cela dit, une résistance ouvrière et populaire existe et s’exprime.
Les illusions initiales sur le PS au gouvernement, et des directions syndicales résolues à ne pas mettre Hollande en difficulté, peuvent mener à la démoralisation. Ainsi, les enseignant-e-s massivement mobilisés contre la réforme des rythmes scolaires se sont heurtés à la première organisation syndicale du secteur, la FSU, qui a tout fait pour enterrer la mobilisation et ne s’est aucunement opposée à cette réforme.
Mais il ne s’agit pas d’une phase de résignation, ou carrément d’agonie, de la classe ouvrière. Pour la première fois depuis 2008 et le déclenchement de la crise, de nombreux conflits ont eu lieu sur la question des salaires et ont enregistré des succès, limités mais significatifs aux yeux des salariés en lutte. La grève des postiers de Basse-Normandie, le passage de la demi-journée de travail à la journée entière, a fait reculer la direction dans 75 % des bureaux. Elle montre que des mobilisations fortes et victorieuses sont possibles, y compris dans des secteurs où les traditions de luttes sont relativement faibles, pourvu que le climat de colère existe et que des perspectives soient offertes aux salariés.
La plupart du temps, ce sont des franges minoritaires qui se mobilisent, mais elles tentent d’entraîner plus largement autour d’elles en profitant d’une embellie temporaire de la situation économique et en réagissant à des annonces de profits et d’augmentations scandaleuses des rémunérations des dirigeants. On discerne dans plusieurs de ces luttes une plus grande disponibilité aux convergences.
Dans ce cadre, la journée du 9 avril n’est pas un changement radical, mais elle ouvre des possibilités nouvelles. Il s’agit de la première mobilisation nationale contre ce gouvernement « socialiste ». La grève du 9 avril a rendu visible le fait qu’une partie de la classe ouvrière a envie de dire « ça suffit » à la politique d’austérité.
Si nous ne pouvons que constater à quel point fait défaut nationalement une orientation alternative à celle des directions syndicales, l’une de nos tâches doit alors être de la proposer. Ainsi, les discussions autour de l’après-9 avril, et notamment autour d’une prochaine date de mobilisation, sont positives : elles nous obligent à dresser un bilan de nos interventions et à recenser les endroits où nous pourrions influencer des salariés et des structures syndicales locales. Notre souci est de réfléchir à un plan d’action, à des possibilités de mobilisation pour notre camp social, pour faire passer un cap aux luttes éclatées, pour faire progresser l’idée de la grève reconductible et de la convergence des travailleurs dans la lutte. Par exemple, c'est ce travail que nous avons mené dans l’Éducation nationale autour de la grève du 19 mai.
C’est une tâche fondamentale pour les révolutionnaires : si nous voulons un tant soit peu influencer les luttes, et a fortiori les diriger, il faut que nous soyons en mesure d’y proposer des perspectives, sur la base de la légitimité de notre implantation et de notre intervention.
L’extrême gauche et son utilité pour inverser le rapport de force
Les révolutionnaires savent qu’il ne pourra y avoir aucune issue à la barbarie de cette société sans renversement du système capitaliste.
C’est pourquoi la recherche de l’unité des révolutionnaires est plus déterminante que n’importe quelle combinaison avec les réformistes, et ces deux options ne sont en rien d’égale importance.
Toutes proportions gardées, le Front de gauche en France, Podemos dans l’État espagnol et Syriza en Grèce ont en commun de systématiquement ramener dans le giron institutionnel les formidables poussées ouvrières, populaires et de la jeunesse.
Les révolutionnaires pensent au contraire que seuls les organes de décision mis en place par les travailleurs eux-mêmes porteront en eux l’embryon d’une nouvelle société sans classe que nous appelons le communisme. C’est par l’auto-expérimentation et l’auto-organisation que les classes populaires trouveront confiance en elles et prendront conscience de ce qui les unit contre un ennemi commun.
Alors que les politiciens du PS et du Front de gauche ne savent rien faire d’autre que de pleurnicher face à la montée électorale du FN, il ne s’agit pas pour nous de les imiter, mais de montrer l’utilité des révolutionnaires et leur rôle pour inciter notre classe sociale à se mettre en action et lui donner également l’envie de s’organiser.
Parmi les organisations d’extrême gauche, Lutte ouvrière se distingue par son implantation ouvrière et sa constance électorale. Nous estimons qu’il y a des points d’accord fondamentaux entre nos deux organisations, sur l’anti-impérialisme, l’importance de donner une suite à la dernière grève nationale, la nécessité d’une grève générale. Il nous semble donc qu’une des tâches majeures du NPA et de LO est de renouer le dialogue, si ce n’est de manière permanente, en tout cas bien plus régulièrement, pour tenter de passer aux travaux pratiques à partir d’une propagande commune : quelle intervention, dans quels secteurs, pour donner des perspectives au 9 avril ? Quelle expression conjointe contre les interventions impérialistes de notre gouvernement ?
Offrir aux classes populaires un autre choix que l’abstention
Rien ne justifie que nous n’exprimions pas au moment des élections ce que nous défendons chaque jour sur nos lieux de travail, dans notre propagande. A une échelle de masse, c’est un moment où les travailleurs sont davantage réceptifs à la politique, même dans une période où l’abstention est un fait notable. La gauche anticapitaliste révolutionnaire doit occuper sa place dans ce contexte où les classes populaires s’abstiennent quand elles ne se sentent représentées par personne, ou votent pour le Front national car elles ont « déjà tout essayé » et les autres partis sont « tous pourris ».
Entre le relatif réchauffement social d’un côté et le discrédit des principales forces politiques de l'autre, il existe un petit espace que l’extrême gauche a la responsabilité d’occuper. Nous ne comptons pas sur une percée électorale mais, du moins, sur la possibilité d’être identifiés comme ceux qui incarnent réellement la colère populaire et de nous construire, à notre échelle. Nous considérons que le NPA ne devrait pas laisser échapper cette possibilité.
Pour nos deux organisations, la campagne des élections régionales sera dirigée contre ce gouvernement impérialiste au service des riches et des patrons et défendra la nécessité d’organiser la riposte. Nous apparaîtrons comme porteurs d’une même politique, et nous pensons que nous serions bien plus audibles et crédibles en l’exprimant ensemble.
Plutôt que d’expliquer sans cesse pourquoi nous nous présentons séparément aux élections, nous devrions consacrer ensemble du temps à dire pourquoi et comment il faut en finir avec ce système. Saisissons-nous de cette petite opportunité qui s’est ouverte autour du 9 avril pour permettre aux classes populaires d’exprimer leur colère par un vote unique NPA-LO !