Après la perte de la majorité absolue au parlement andalou par les sociaux-démocrates du PSOE, Podemos a manqué de clarté concernant la réélection de Susana Diaz comme présidente de la communauté autonome, en proposant des conditions pour que ses députés permettent son investiture. Même si les élus de Podemos ont plusieurs fois voté « non », négocier avec le PSOE ne peut que semer des illusions. Nous reproduisons ici le communiqué d'Andalucia desde abajo (Andalousie par en bas) – courant critique de Podemos – sur le bilan et les suites du scrutin.
Andalousie par en bas au sein de Podemos (Andamos) fait un bilan mitigé des résultats des dernières élections andalouses. Nous pensons que nous aurions pu obtenir de meilleurs résultats avec un fonctionnement interne plus démocratique lors des primaires, la mise en place de listes électorales par province, et la rédaction d’un programme, qui aurait motivé davantage à la base du parti. De plus, nous pensons que le programme aurait dû insister plus clairement sur la rupture démocratique et économique dont nous avons besoin en Andalousie, en affichant clairement des mesures nécessaires et réalistes telles que, par exemple, la réforme agraire, le refus du paiement de la dette illégitime, une banque publique andalouse ou un salaire universel de base.
De plus, la campagne électorale aurait dû être pensée pour favoriser l’auto-organisation des cercles dans une campagne en forme de guérilla, qui aurait atteint tous les recoins de notre terre avec l’espoir et la fraîcheur des bases de Podemos. Même ainsi, 15 % des Andalous ont voté pour nous, et nous pouvons faire beaucoup de choses avec trente pieds au parlement (c’est-à-dire quinze députés) et des milliers de pieds dans les rues. Nos parlementaires doivent être un exemple de la lutte contre l’austérité et les politiques austéritaires du PPSOE[1], en étant à la tête des mobilisations et en portant au parlement la voix des mouvements sociaux et de la population laborieuse, exploitée et opprimée.
Avec Andamos, nous exigeons que les représentants de Podemos au parlement andalou votent NON à l’investiture de Susana Diaz, et ceci dans tous les votes. Nous ne pouvons ni soutenir avec un oui, ni tourner la tête en nous abstenant. Face à un gouvernement néolibéral, nous savons bien, comme nous l’a démontré la caste politique andalouse pendant plus de 30 ans, que derrière une rhétorique gauchiste, démagogique et populiste se cache une politique destinée à favoriser le grand capital et les terratenientes andalous (propriétaires terriens), alors qu’au même moment, ceux d’en bas n’ont que les miettes à se partager.
Les politiques mises en place par le PSOE en Andalousie, ce sont les politiques d’austérité, d’expulsion des logements, la corruption, les licenciements, la répression contre ceux qui se sont mobilisés et défendent leurs droits, la soumission à la Troïka en privilégiant le paiement de la dette. Podemos ne doit pas générer de fausses illusions : les conditions de vie actuelles pour ceux d’en bas ne changeront pas avec un gouvernement du PSOE.
Il faut souligner le rôle de la direction de la Gauche Unie (IU)[2], qui a soutenu les politiques du PSOE en Andalousie durant les quatre années de gouvernement commun. La direction d’IU n’a pas simplement donné une caution progressiste et de gauche au gouvernement de Susana Diaz, mais dès le premier jour, elle a travaillé pour désactiver la mobilisation sociale et fragiliser toute opposition de gauche qui surgissait à la gauche du gouvernement auquel elle participait avec le PSOE. Ceux qui ont voté pour Podemos lors de ces élections l’ont fait avec l’espoir que leur vote allait servir d’outil pour virer le PSOE du gouvernement. Et si nous n’arrivons pas à le faire aux travers des urnes, nous prenons l’engagement de les virer dans la rue, grâce à nos mobilisations.
Podemos ne peut donc en aucune manière accorder son soutien, et ce, quelles que soient les conditions que le PSOE accepte, ni non plus s’abstenir lors du vote sur un nouveau gouvernement du PSOE, celui-là même qui est responsable de la misère et de la situation d’urgence sociale que vit notre peuple.
Quoi qu’il en soit, et indépendamment de ce que pense Andamos, cette décision ne peut se prendre sans consulter auparavant les cercles et la base de Podemos.
Par ailleurs, il est urgent et indispensable de mettre en place un mécanisme de contrôle démocratique du travail des parlementaires andalous de Podemos. Il faut mettre en marche un organe politique de contrôle et d’orientation du travail parlementaire pour éviter le fossé entre la sphère institutionnelle et les bases de Podemos. Les cercles et les gens inscrits en général doivent être informés et pouvoir décider de ce que disent et votent nos parlementaires. De plus, nous devons établir un fonctionnement qui permette de voter dans tous les cercles et par internet sur toutes les décisions importantes au sein du parlement.
Nous avons face à nous des années décisives pour obtenir que ceux qui ont provoqué cette crise finissent par la payer. Nous devons fonctionner démocratiquement, par en bas, avec des idées de rupture aussi bien dans les parlements, que dans la rue ou les lieux de travail.
Andalucia desde abajo
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[1] Contraction de PP pour Partido Popular (Parti populaire, droite) et PSOE pour Partido Socialista Obrero Español (Parti socialiste ouvrier espagnol, social-démocrate).
[2] Coalition politique dont la force principale est le PCE (Parti communiste d’Espagne).