Objets de fantasmes réactionnaires et accusés de tous les maux, les fonctionnaires sont constamment présentés comme des « privilégiés », censés être trop nombreux, coûter trop cher et de ne pas assez travailler. Ils sont en réalité la première cible des politiques gouvernementales : austérité et coupes budgétaires qui empêchent le fonctionnement normal des services et aggravent les conditions de travail, suppressions d’emplois permanentes, blocage des salaires depuis cinq ans, réorganisations successives.
A l’issue du Conseil des ministres du 31 juillet, la liste des capitales des treize nouvelles grandes régions a été rendue publique. Le gouvernement a cherché à ménager les susceptibilités locales, en compensant la perte d’influence des villes abandonnant leur statut par l'installation d'administrations et d'institutions. Il n'en faudra sans doute pas plus pour rassurer les élus locaux, mais il en est tout autrement pour les salariés des services déconcentrés de l’État et des collectivités locales. Pour eux, la réforme territoriale est une menace sérieuse.
Sur 37 200 fonctionnaires – hors Éducation nationale – exerçant dans les administrations de l’État à l’échelle régionale ou départementale (finances publiques, travail, concurrence et répression des fraudes, cohésion sociale, jeunesse et sports…), plus de 10 000 pourraient être amenés à travailler loin de chez eux. Le risque existe aussi dans les collectivités territoriales. Le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale s'est d'ailleurs prononcé majoritairement en faveur de deux projets de décrets, qui précisent les modalités d'attribution d'une indemnité de mobilité aux agents territoriaux qui changeront d'employeur territorial dans le cadre d'une réorganisation. Et le gouvernement affiche l'objectif de réaliser d'importantes économies sur le dos des agents publics et des usagers : derrière l’annonce d’une « mutualisation des services », c'est en réalité la destruction de nombreux emplois qui se profile.
Gaël Klement