Edito du 06/10/15

Se préparer à la contre-offensive

Le 8 octobre, est organisée une journée de grève et de manifestations interprofessionnelle pour les salaires et l'emploi, contre la politique gouvernementale et patronale. Il faut dire que les raisons de manifester ne cessent de grandir.

Tout pour les patrons

La volonté du gouvernement a été clairement énoncée : "il faut adapter le travail à la réalité des entreprises", c'est à dire accéder à tous les désirs des patrons. Or, ceux-ci ne sont pas à plaindre, tel Carlos Ghosn, patron de Renault, qui a bénéficié d'une hausse de sa rémunération de...174% en 2014. La propagande gouvernement-patronat voudrait nous faire croire que les problèmes d'emploi seraient liés à la rigidité des salaires, à la difficulté de licencier, aux trop grands obstacles liés à la sécurité et à la santé des salariés.

Casser le Code du travail

Ce qu'il reste du Code du travail, après de nombreuses dérogations accordées aux employeurs, est encore trop à leurs yeux. Une offensive sans précédent est actuellement menée contre ce qui est devenu l'ennemi numéro un de l'emploi dans la bouche des gouvernants, patrons et autres économistes et experts à leur service : le Code du travail. Les grandes questions comme les salaires, le temps de travail, devraient pour eux résulter d'une "négociation", forcément inégale dans l'entreprise elle-même. Les lois sociales conquises de haute lutte par les salariés étaient justement faites pour compenser l'inégalité entre patrons et salariés.

Chantage du gouvernement et des patrons

Le gouvernement montre l'exemple comme employeur : l'accord dans la fonction publique (dit « PPCR ») n'est pas approuvé par une majorité de syndicats, malgré l'adhésion de la FSU. Qu’à cela ne tienne, Valls veut l'appliquer tout de même ! Et les exemples sont légions où, par le chantage à l'emploi, les patrons obtiennent déjà que leurs salariés travaillent plus pour gagner moins, comme à l'usine Smart de Moselle, ou à Air France où les pilotes sont sommés de travailler 100 heures de plus pour le même salaire ! Pour protester contre le plan de la direction - l'augmentation du temps de travail ou la suppression de 2900 emplois - les salariés d'air France ont envahi le comité d'entreprise ce lundi : la direction a porté plainte pour 'violence aggravée' car son DRH a été bousculé et en a perdu sa chemise, mais la véritable violence est du côté de ceux qui exploitent et licencient et de leur système qui broit des vies. 

Quel monde veut-on ?

On nous montre des exemples de "modernité", face aux "lourdeurs" françaises. Ah oui ? la modernité, ce sont les contrats zéro heure de Grande-Bretagne ? Où 1,5 million de salariés travaillent à la disposition entière de leur patron, car celui-ci n'est pas tenu de leur fournir du travail ? Où par contre, les salariés doivent accourir dès qu'ils sont appelés. Pas de congé maladie, maternité, aucun préavis en cas de licenciement. C'est ça la modernité ? La Grande-Bretagne est aujourd'hui le pays le plus inégalitaire d'Europe.

Quant à l'Allemagne, dont on vante ici la bonne santé économique et la flexibilité du contrat de travail, la pauvreté a augmenté au fur et à mesure que le chômage baissait, et un sixième de la population vit aujourd'hui dans la pauvreté, avec les mini-jobs instaurés il y a des années. C'est cela que nous voulons comme avenir ?

Réagir à la hauteur des attaques

Force est de constater que nos réactions sont très loin d'être à la hauteur des attaques menées. Les grandes organisations syndicales soit se précipitent pour signer tous les reculs, soit organisent de temps en temps une journée d'action sans lendemain. La réponse doit venir de notre camp. Car nous sommes tous concernés. Le budget pour l'année à venir montre les priorités du gouvernement : coupes dans tout ce qui est social, et subventions aux entreprises, qui débordent pourtant de profits. Comment renverser la vapeur ? Montrer notre force lorsqu'on nous le propose comme ce 8 octobre, et se saisir de toutes les opportunités pour organiser la contre-offensive à la hauteur des enjeux, tous ensemble.