Mardi 12 janvier, le tribunal d’Amiens a prononcé la condamnation à deux ans de prison – dont neuf mois ferme – de huit ex-salariés de Goodyear pour la « séquestration » de deux cadres dirigeants, en 2014, dans l’usine occupée d’Amiens. Comme l’écrit la CGT, « c’est la première fois […] que sous un gouvernement dit « de gauche », de telles peines sont infligées à des syndicalistes ». Même en 2010 sous Sarkozy, les peines de trois à cinq mois de prison avec sursis infligées à six salariés de l’usine Continental de Clairoix, dont Xavier Mathieu, avaient été transformées en 1 280 € de dommages et intérêts en appel.
Après l’interpellation musclée, la garde à vue, puis la mise en examen de cinq salariés d’Air France en novembre pour « violence en réunion » – ils risquent maintenant jusqu’à cinq ans de prison et 45 000 € d’amende –, cette sanction sans précédent prouve la volonté gouvernementale de criminaliser toute résistance sociale.
Pour ce gouvernement qui s’apprête à mettre en pièces le Code du travail, il s’agit d’intimider tous les travailleurs et toutes les équipes syndicales combatives qui se battent pour leurs droits et leurs emplois. C’est ce qui explique le large écho rencontré par la pétition Goodyear réclamant « l’arrêt des poursuites » et l’organisation du « plus grand rassemblement solidaire en prévision de l’appel » : près de 120 000 signatures en moins d’une semaine. Voilà ce qui explique également que dans un communiqué, la Confédération CGT affirme que « dès maintenant, partout, des comités de défense pour les droits et libertés doivent s’organiser, rassembler, mobiliser l’ensemble des salariés, de la population civile pour le respect des droits et libertés individuelles et collectives ».
Déjà, des rassemblements dénonçant le jugement ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Toulouse, Vienne et Chambéry. Et le 26 janvier, journée de grève dans la fonction publique pour les salaires, la défense des libertés s’invitera dans de nombreuses manifestations.Et le 4 février des initiatives se tiendront partout. Pour nos militants, ce qui est à l’ordre du jour, c’est de rendre effective la construction de ces « comités de défense des droits et libertés », en faisant en sorte qu’ils soient unitaires pour « rassembler » largement, non seulement en prévision de l’appel des Goodyear, mais aussi du procès des inculpés d’Air France, le 27 mai prochain à Bobigny. Des échéances qui doivent être l’occasion d’énormes rassemblements et manifestations, et un moyen de commencer à inverser le rapport de force en faveur de notre classe.
Régis Louail