Ce ne sont pas les syndicats, mais le patronat de la sidérurgie européenne – via Eurofer, son lobby – qui appellait à une manifestation le 15 février à Bruxelles.
Face à la possible accession de la Chine au statut d’« économie de marché » – ce qu'elle est en réalité depuis longtemps – qui permettrait à ses entreprises de vendre leur acier en Europe sans restriction, ArcelorMittal ne tergiverse pas. Le groupe demandait à l’ensemble de ses salariés de manifester aux côtés de la direction : cette journée comptait comme un jour travaillé, la boîte affrétait les bus pour transporter les sidérurgistes et payait le casse-croûte !
Pour Eurofer, la Chine n’est pas une économie de marché, car son industrie est subventionnée par l’État… Mais les entreprises européennes profitent elles aussi de l’argent public : combines fiscales, subventions diverses, dépollution des sites fermés, etc. Toujours selon le lobby, ces entreprises œuvreraient davantage contre le réchauffement climatique, en respectant le système ETS propre à l’Europe (marché des quotas d’émission de CO2). Mais un groupe comme ArcelorMittal a su profiter de ce système, en engrangeant des millions d’euros : il a revendu ses quotas d’émission non utilisés suite à l’arrêt de certains de ses sites avant leur fermeture définitive, et il a continué à utiliser tous les moyens possibles pour minimiser ses obligations environnementales ! Plus cynique que jamais, le patronat européen prend également prétexte des bas salaires pratiqués en Chine… lesquels ne doivent pourtant pas gêner des capitalistes qui tentent d’intégrer le marché chinois depuis l’ouverture de l’usine VAMA en 2014.
Depuis 2008, les producteurs ont supprimé 85 000 emplois en Europe en invoquant « la crise » ; ils affirment maintenant que le « dumping » pourrait faire disparaître les sites de l’Union européenne. En réalité, c’est toujours l’organisation capitaliste de la société qui est en cause, celle qui pousse les patrons à licencier pour leurs profits, et à se mener entre eux une véritable guerre économique. Voilà pourquoi les travailleurs ne doivent jamais manifester aux côté de leurs exploiteurs ! La seule alliance qui protégera les emplois, c’est celle des travailleurs d’Europe et d’Asie contre les capitalistes.