Jeudi 4 février, la CGT a appelé à des rassemblements et manifestations partout en France, encourageant même des arrêts de travail, pour la relaxe sans délai des 8 Goodyear condamnés à 24 mois de prison dont 9 mois ferme. Cette échéance de mobilisation se situe dans le prolongement des 160 000 signatures de l’Appel « Nous sommes tous des Goodyear », qui se fixe pour objectif d’organiser « le plus grand rassemblement solidaire en prévision de l’appel ».
Selon la CGT, plus de 80 rassemblements en France auraient totalisé plus de 10 000 personnes, dont près de 5 000 à Paris. Cette journée de la solidarité est une réussite, qui a retenu l’attention des médias tout au long de cette journée, même si elle n’a regroupé pour l’essentiel que des militants et n’est pas encore parvenue à s’enraciner dans les lieux de travail.
Reste à regretter qu’à cette occasion, la CGT n’ait pas cherché à construire, sauf en de rares occasions, des cadres unitaires capables de donner toute leur place aux forces syndicales combatives qui sont partie prenante de cette première échéance de mobilisation nationale. À Paris, malgré l’appel de Wamen à l’union et à la convergence des luttes – « Tout le monde au même endroit, le même jour, pour la même cause » –, ni lui, ni Martinez n’ont jugé utile de mentionner la présence très visible des militants de Solidaires et de s’en féliciter. À Rouen, en revanche, un rendez-vous a été fixé par l’UD CGT 76 pour distribuer un tract unitaire CGT-FSU-FO-Solidaires à l’une des entrées principales de la ville, dès 6 heures du matin, ce qui a provoqué de gros ralentissements mais a suscité très peu de réactions hostiles et beaucoup d’encouragements de la part des automobilistes pris au piège.
Direction Amiens via Bobigny
Tout sectarisme contrasterait évidemment avec les prétentions affichées dans le communiqué confédéral publié le jour du verdict, appelant à constituer « partout, des comités de défense pour les droits et libertés », comités locaux de soutien que la CGT Goodyear affirme plus que jamais vouloir impulser, centraliser et populariser. Et déjà, des premiers comités sont recensés à Paris, Marseille, Lyon et Paris.
Mais ces comités ne pourront pas naître, se multiplier et atteindre une audience large sans une perspective de nouvelles échéances de mobilisation avant le procès en appel, dont la date n’est toujours pas fixée et pourrait être assez lointaine. C’est pourquoi le procès en correctionnelle des salariés d’Air France, le 27 mai prochain, va naturellement devenir l’échéance intermédiaire pour la construction d’un grand rassemblement national à Bobigny, contre la criminalisation de l’action syndicale et de la contestation sociale. C’est un objectif avancé par le leader des Goodyear, lors de sa prise de parole place de la Nation à Paris dans laquelle il a expliqué que « nous sommes tous condamnés à agir ». Et de la réussite de ce rassemblement dépendra aussi l’ampleur de ce que nous serons en mesure d’organiser à l’occasion de l’appel à Amiens.
La préparation de ces deux échéances devra également être au cœur des discussions du prochain congrès confédéral de la CGT, en avril prochain, à l’heure où Martinez veut se donner un profil « combatif » afin d’asseoir une légitimité qu’il n’a pas encore, compte tenu des conditions dans lesquelles il a été élu.
Régis Louail