La Conférence de Madrid en faveur d’« Un plan B pour l’Europe » a eu lieu du 19 au 21 février. Durant ces trois jours, 6 000 personnes ont discuté des alternatives à l’austérité et ont approuvé une déclaration « Pour un rébellion démocratique en Europe ». On pourrait dire que la montagne a accouché d’une souris, mais en tant que militants anticapitalistes révolutionnaires, cet « événement » exige notre attention.
L’organisation espagnole Anticapitalistas,composante de Podemos, a été en grande partie le moteur de l’événement. L’appel original a été signé par des « personnalités » et non par des organisations. En France, Olivier Besancenot a signé, mais il y a eu très peu de signatures du mouvement social. Par ailleurs, Mélenchon avait organisé une autre conférence pour un « Plan B » à Paris un mois auparavant. Par une décision majoritaire de son comité exécutif, le NPA n’était « pas partie prenante de cette initiative », mais y a envoyé une délégation, autour de Christine Poupin et d’Olivier Besancenot.
Les « faiblesses » de la Conférence indiquent quelles sont les voies à ne pas suivre. Il y a un an, Syriza était le fer de lance de la lutte contre l’Union européenne (UE), et Podemos voulait « monter à l’assaut du ciel »... Par la suite, Syriza a montré le chemin de la défaite et de la soumission au capital, et Podemos est aujourd’hui empêtré dans des négociations politiciennes avec le PS. Mais les participants à la Conférence de Madrid se refusent à tirer le bilan de Syriza et de Podemos, et ils continuent plutôt à les considérer, comme des exemples.
Le « Plan B »... du réformisme
Le « Plan B » comporte un vice de fabrication évident. Ainsi, on ignore qui va le mettre en place et comment,qui va se mobiliser pour le faire aboutir. La déclaration finale passe même sous silence l’existence du mouvement ouvrier : quand elle évoque la lutte, qui aurait commencé en 2011, elle emploie la formule de « luttes démocratiques de la population ». Il s’agit là d’ignorance et de mépris vis-à-vis des organisations et des militants ouvriers, de la jeunesse, de la population exploitée. Mais c’est aussi une « stratégie », qui n’avance aucune proposition d’organisation et de mobilisation : soit il s’agit de faire pression sur les institutions bourgeoises, soit il s’agit de « changer le monde sans prendre le pouvoir », c’est-à-dire sans lutte contre la classe capitaliste et son Etat. L’horizon politique du « Plan B » est la « démocratie réelle ». Bien sûr, la déclaration contient une série d’exigences démocratiques élémentaires avec lesquelles toutes et tous seront d’accord. Mais quel en est le prix ? Ne surtout pas évoquer la nécessité de s’en prendre à la propriété privée, d’un gouvernement des travailleurs, ni l’affrontement entre exploités et exploiteurs. Cet horizon politique s’oppose en fait à toute perspective anticapitaliste réelle, révolutionnaire.
La Conférence appelle à une journée d’action le 28 mai, en utilisant le symbole de la Commune de Paris tout en ignorant sa véritable signification, ses méthodes, sa place dans la longue histoire du combat pour le socialisme. Le « Plan B » n’est pas un plan de lutte contre l’austérité, même limité. C’est un effort de regroupement politique derrière un programme exempt de tout contenu révolutionnaire, visant à contourner les affrontements politiques et sociaux entre les classes. Et si toute mobilisation réelle est la bienvenue, toute confusion politique doit en revanche être combattue.
Marcelo N.