Lundi 2 mai, le jour de la reprise des cours en région parisienne, 13 lycéens des Hauts-de-Seine (11 mineurs et 2 majeurs) ont été placés en garde à vue. Ils ne sont qu’une petite partie de la cinquantaine de lycéens qui devraient être convoqués selon les dires de la police.
Entendus par la sûreté territoriale comme s’il s’agissait d’une affaire de terrorisme, ils ont été sommés de s’expliquer sur ce que la presse a relayé comme « les incidents survenus lors d’un blocage du lycées Léonard de Vinci à Levallois ». Après 24 heures de garde à vue, un juge a décidé de tous les poursuivre. Ils sont donc mis en examen pour différents motifs : dégradation de biens publics, violences sur agents de la force publique… Les mises en examen sont assorties de mesures éducatives pour les mineurs. Pour ne pas déroger à la grande tradition française de la double peine, les administrations des lycées traduisent ces lycéens déjà poursuivis par la justice et d’autres lycéens par la même occasion devant des conseils de disciplines qui prononcent à tour de bras des exclusions des établissements scolaires.
Tout le monde n'a pas la chance d'être Balkany
Le blocage du lycée de Levallois le 5 avril a été le point de départ de la mobilisation dans les lycées du 92. Dans les jours qui ont suivi, les blocages et la mobilisation se sont étendus dans plusieurs lycées du département. C’est bien la peur de la contagion qui les a conduits à réprimer. D’autant plus que Balkany et toute sa clique voyaient d’un mauvais œil le fait que le cœur de la contestation soit situé au sein même de leur ville.
A Levallois, les lycéens n’ont pas tardé à être mis en garde à vue, alors que le maire de cette ville, délinquant multirécidiviste, accusé de fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, etc., est lui toujours en liberté et continue à profiter des millions d’euros de sa fraude.
Qui sont les vrais responsables ?
Sur le lycée de Levallois, un comité de mobilisation contre la loi El Khomri s’est mis en place dès le mois de mars. Il a milité pendant plus d’un mois pour obtenir le droit de grève pour les lycéens. Il demandait que les absences ne soit pas comptabilisées les jours de grève, qu’aucun contrôle ou examen ne soit prévu ces jours-là, et il demandait de pouvoir tenir des assemblées générales dans l’enceinte du lycée. Il demandait le respect de droits démocratiques élémentaires. Mais toutes ces demandes ont fait l’objet de refus en bloc de la part de l’administration. Pour pouvoir se mettre en grève, les lycéens ont donc bloqué leur lycée.
C’est l’attitude de l’administration qui a provoqué la colère des lycéens. Elle s’en est prise à eux physiquement pour tenter d’empêcher le blocage, ce qui a fortement tendu la situation. Lorsque les premiers feux de poubelles ont été déclenchés, les pompiers ont mis plus d’une heure à intervenir alors que leur caserne est située sur le trottoir d’en face.
Les lycéens ont eu totalement raison de se mobiliser et de vouloir faire reconnaître leur droit de grève. Ils ne doivent en aucun cas être sanctionnés pour ça. Il faut que ce discours soit porté le plus largement possible. Dès les premières convocations à la Sûreté territoriale, un comité de soutien s’est constitué, regroupant les lycéens, les familles, des organisations syndicales et des fédérations de parents d’élèves. Il prend en charge le suivi juridique, mais aussi la mobilisation pour l’abandon des poursuites.
Juliette Stein