Black Lives Matter (« les vies des Noirs comptent ») est à l’origine un hashtag créé lors des protestations qui surgirent après l’acquittement prononcé à l’été 2013 de George Zimmerman, le vigile qui avait assassiné Trayvon Martin, jeune adolescent noir. Depuis 2 ans, c’est le mot d’ordre de manifestations qui ont secoué toutes les grandes villes des USA en réponse à la suite ininterrompues de meurtres policiers.
En 2015, selon The Guardian, 571 ont été tuées aux USA par la police, dont une majorité de Noirs, Latinos et Natifs. Les hommes afro-américains représentent 6 % de la population, et 40 % des civils désarmés tués par la police. Une violence qui sert à défendre un système plus que jamais inégalitaire : le revenu moyen des Blancs est aujourd’hui supérieur de 70 % à celui des Noirs.
Au plus haut de la contestation dans les années 1960 et 1970, les Afro-Américains formaient le secteur le plus militant des syndicats, à la tête des grèves dans l’automobile ou à la poste. Ils étaient aussi à la pointe du mouvement contre la guerre. Un groupe historiquement méprisé et dénigré conquiert subitement une autorité morale et politique formidable.
La politique d’incarcération de masse adoptée par Reagan et ses successeurs sous le nom de « guerre contre les drogues » a terrorisé la population noire et atteint la crédibilité des Noirs aux yeux des Blancs : au moyen de campagnes médiatiques hystériques, on enseignait aux Blancs à établir un signe d’égalité entre Noirs, crime et violence, un racisme officiellement « aveugle à la couleur »… Mais pour un même délit, dans certains États, les Noirs ont entre 20 et 50 fois plus de chances de faire de la prison[1]. Ainsi, un nombre record de personnes ont été arrêtées pour des infractions non violentes liées à la drogue, condamnées et privées de droits. Il y a 2,3 millions de prisonniers aux États-Unis, dont un million sont noirs... Plus d’hommes noirs sont soit emprisonnés soit sous contrôle judiciaire qu’il n’y avait d’esclaves en 1850 !
Un homme noir sur sept a perdu le droit de voter. En effet, après les victoires du mouvement des droits civiques, la discrimination raciste est devenue illégale. Mais il est légal de refuser un logement, un emploi, un crédit aux études et même le droit de vote aux personnes condamnées pour un délit.
« Notre combat avec tous les opprimés »
Face à ce nouveau système ségrégationniste, une nouvelle génération militante se lève. Les jeunes femmes y jouent un rôle de premier plan. L’intérêt pour les idées socialistes augmente parmi les jeunes et les Afro-Américains : selon un sondage récent, 49 % des jeunes ont une meilleure opinion du « socialisme » que du capitalisme. Pour les Noirs, le chiffre atteint 55 %.
En août dernier, une plateforme de 40 revendications a été adoptée par l’une des composantes du mouvement, le Movement for Black Lives : « Nous sommes un collectif enraciné dans les communautés noires, mais nous reconnaissons que nous partageons notre combat avec tous les opprimés (…). Nous sommes en faveur de la mise en avant des expériences et des capacités de direction des Noirs les plus marginalisés, y compris mais pas exclusivement les femmes, queer, trans, personnes ne se conformant pas aux assignations de genre, musulmans, actuellement ou anciennement incarcérés, pauvres et travailleurs, handicapés, sans-papiers et immigrés. (…) Nous affirmons notre solidarité avec notre famille internationale contre les ravages du capitalisme global, le racisme anti-Noirs, le changement climatique, la guerre et l’exploitation (…) ». Des militantEs de Black Lives Matter participent à l’heure actuelle à la mobilisation à Standing Rock contre la construction d’un oléoduc.
Comment d’un mouvement décentralisé, constitué de multiples collectifs, construire une force coordonnée qui s’en prenne au gouvernement et à la classe dirigeante ? La prise en charge par le mouvement ouvrier de la lutte contre le nouveau racisme institutionnalisé sera décisive.
En 2015, selon The Guardian, 571 ont été tuées aux USA par la police, dont une majorité de Noirs, Latinos et Natifs. Les hommes afro-américains représentent 6 % de la population, et 40 % des civils désarmés tués par la police. Une violence qui sert à défendre un système plus que jamais inégalitaire : le revenu moyen des Blancs est aujourd’hui supérieur de 70 % à celui des Noirs.
Au plus haut de la contestation dans les années 1960 et 1970, les Afro-Américains formaient le secteur le plus militant des syndicats, à la tête des grèves dans l’automobile ou à la poste. Ils étaient aussi à la pointe du mouvement contre la guerre. Un groupe historiquement méprisé et dénigré conquiert subitement une autorité morale et politique formidable.
La politique d’incarcération de masse adoptée par Reagan et ses successeurs sous le nom de « guerre contre les drogues » a terrorisé la population noire et atteint la crédibilité des Noirs aux yeux des Blancs : au moyen de campagnes médiatiques hystériques, on enseignait aux Blancs à établir un signe d’égalité entre Noirs, crime et violence, un racisme officiellement « aveugle à la couleur »… Mais pour un même délit, dans certains États, les Noirs ont entre 20 et 50 fois plus de chances de faire de la prison[1]. Ainsi, un nombre record de personnes ont été arrêtées pour des infractions non violentes liées à la drogue, condamnées et privées de droits. Il y a 2,3 millions de prisonniers aux États-Unis, dont un million sont noirs... Plus d’hommes noirs sont soit emprisonnés soit sous contrôle judiciaire qu’il n’y avait d’esclaves en 1850 !
Un homme noir sur sept a perdu le droit de voter. En effet, après les victoires du mouvement des droits civiques, la discrimination raciste est devenue illégale. Mais il est légal de refuser un logement, un emploi, un crédit aux études et même le droit de vote aux personnes condamnées pour un délit.
« Notre combat avec tous les opprimés »
Face à ce nouveau système ségrégationniste, une nouvelle génération militante se lève. Les jeunes femmes y jouent un rôle de premier plan. L’intérêt pour les idées socialistes augmente parmi les jeunes et les Afro-Américains : selon un sondage récent, 49 % des jeunes ont une meilleure opinion du « socialisme » que du capitalisme. Pour les Noirs, le chiffre atteint 55 %.
En août dernier, une plateforme de 40 revendications a été adoptée par l’une des composantes du mouvement, le Movement for Black Lives : « Nous sommes un collectif enraciné dans les communautés noires, mais nous reconnaissons que nous partageons notre combat avec tous les opprimés (…). Nous sommes en faveur de la mise en avant des expériences et des capacités de direction des Noirs les plus marginalisés, y compris mais pas exclusivement les femmes, queer, trans, personnes ne se conformant pas aux assignations de genre, musulmans, actuellement ou anciennement incarcérés, pauvres et travailleurs, handicapés, sans-papiers et immigrés. (…) Nous affirmons notre solidarité avec notre famille internationale contre les ravages du capitalisme global, le racisme anti-Noirs, le changement climatique, la guerre et l’exploitation (…) ». Des militantEs de Black Lives Matter participent à l’heure actuelle à la mobilisation à Standing Rock contre la construction d’un oléoduc.
Comment d’un mouvement décentralisé, constitué de multiples collectifs, construire une force coordonnée qui s’en prenne au gouvernement et à la classe dirigeante ? La prise en charge par le mouvement ouvrier de la lutte contre le nouveau racisme institutionnalisé sera décisive.
Xavier Guessou
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 357 (03/10/16)
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[1] The New Jim Crow, The New Press, 2010-11, M. Alexander, p. 7