Macron : un candidat de plus au service des patrons

Macron est donc candidat à la présidentielle... Après avoir fait monter un faux suspens depuis plusieurs mois, l’ancien enfant chéri du gouvernement Hollande a enfin tué le père !

« Je suis candidat à la présidence de la République car je vois plus que tout que nous pouvons réussir, que la France peut réussir »
, a-t-il déclaré mercredi 16 novembre à Bobigny (pour faire mine de s’adresser aux milieux populaires), dans un centre de formation d’apprentis (mais les apprentiEs n’étaient pas là !), avec derrière lui les drapeaux français et européen, comme s’il était déjà président !

Du neuf pour faire du vieux

Macron ne veut « parler ni à la gauche ni à la droite, mais aux Français ». Il veut bousculer les élites, casser les plafonds de verre, s’adresser à la jeunesse et sauver la France de son marasme. Jeunisme, posture providentielle, candidature hors parti, discours managérial : il n’est pas le premier dans l’histoire de la vie politique bourgeoise française à vouloir occuper ce créneau. D’autres ont essayé avant lui avec plus ou moins de succès : Lecanuet, Rocard, Tapie pour n’en citer que quelques-uns. L’espace que vise Macron aujourd’hui, c’est celui laissé par le crash annoncé du candidat du PS... crash auquel il a largement contribué puisqu’il a été un des fers de lance de la politique anti-sociale menée par le gouvernement Hollande depuis 2012 !

Macron revendique pour son mouvement « En Marche » 95 000 adhérentEs, qui sont invités à financer son aventure présidentielle. Mais pas d’inquiétude : au vu de la fortune personnelle du candidat, il devrait pouvoir assurer ses arrières !

Un parcours doré et pas du tout « anti-système » !

Macron le dit lui-même : il a eu de la chance ! Naissance dans un milieu favorisé, de brillantes études (effectuées surtout dans l’enseignement privé catholique) jusqu’à l’ENA, un poste d’inspecteur général des finances avant d’entrer au service de la grande banque d’affaires Rothschild entre 2008 et 2012. Il est alors devenu millionnaire (il dit avoir gagné deux millions d’euros brut ces années-là). Hollande le nomme secrétaire général adjoint de l’Élysée lors de son arrivée au pouvoir, puis ministre de l’Économie en 2014. Son nom va rester dans les annales des lois anti-ouvrières, avec sa loi fourre-tout de régression sociale (retour en force du travail du dimanche, libéralisation du transport par car, facilitation des licenciements économiques, attaques contre les prud’hommes et l’inspection du travail entre autres). Le jour même de sa déclaration de candidature, les salariés de Megabus (entreprise de transport par car basée dans le Rhône) ont manifesté à Paris pour dénoncer la fermeture de leur entreprise car leur donneur d’ordre, Flixbus, géant du secteur a rompu le contrat : 115 salariéEs vont se retrouver sur le carreau. « Les cars Macron » génèrent à la fois un désastre social et écologique...

Le candidat « nouveau » est déjà comptable d’un bilan catastrophique pour le monde du travail. Et ce ne sont pas les quelques bribes annoncées de son programme qui peuvent laisser le moindre doute sur le camp qu’il va continuer à servir : fin des 35 heures pour les jeunes, modulation du temps de travail selon l’âge, autonomie des écoles primaires, nationalisation de l’assurance chômage... Tout un programme ultra-libéral.

Au PS tout le monde déteste désormais Macron

Évidemment le Macron candidat s’est attiré les foudres de tous les autres candidats potentiels d’un Parti socialiste déjà bien mal en point, et qui prépare ses primaires sans savoir si Hollande sera candidat ! Valls a fustigé « les aventures individuelles » et affirmé « qu’il faut de l’expérience pour gouverner ». Montebourg l’a présenté comme « le candidat des médias ». Et Hamon a mis en garde : « sa candidature hors des primaires assure mécaniquement que la gauche ne sera pas au second tour de l’élection présidentielle ». Macron leur a répondu : « Je ne peux pas faire perdre la gauche, dans les sondages, elle perd déjà ». On peut au moins lui reconnaître cette lucidité...


Marie-Hélène Duverger
dans l'hebdo L'Anticapitaliste n° 360 (24/11/16)